Manhattan Beach : Le livre de Jennifer Egan

Plongée dans le New York de la fin des années 30 et du début des années 40. Plongée d’autant plus qu’Anna que nous découvrons petite fille accompagnant son père qui est coursier pour un célèbre gangster qui a la main mise sur les boîtes de nuit new yorkaise, deviendra scaphandrier malgré tous les écueils qui se dressent devant elle. Il lui en faudra du courage à la jeune Anna qui doit, à la suite de l’abandon du foyer familial par son père, soutenir à la fois sa mère et sa sœur très fortement handicapée, dont les soins nécessitent non seulement que sa mère soit constamment à ses côtés, mais aussi des moyens financiers que la famille n’a pas. Mais c’est peut-être et aussi grâce à tout cela qu’Anna réussira malgré l’opposition ouverte des gradés à réaliser son rêve et devenir scaphandrier pour le compte de l’armée qui en ce début des années 40 a envoyé toutes ses forces vives se battre, aussi bien dans le Pacifique, qu’en Afrique du Nord ou encore en Europe Mais Anna a aussi ses faiblesses, et sa plus grande faiblesse est la grande blessure qu’elle ressent toujours à la suite de l’abandon de son père, et elle veut absolument savoir, comprendre…. Sa quête va la plonger dans un autre monde que celui de la mer : celui des bas-fonds de New York et surtout celui de la pègre. Lorsqu’un jour une amie la trainera dans une boite de nuit et lui dira que le propriétaire est un certain Dexter Styles, il n’en faudra pas plus à Anna pour que ses souvenirs des « tournées » qu’elle faisait avec son père lorsqu’elle était enfant ressurgissent. Et elle en est certaine Dexter Styles sait ce qui est arrivé à son père. Mais cette soif de savoir pourrait bien la conduire elle aussi sur un chemin qu’elle n’imagine pas. Un joli livre même si certaines décisions d’Anna peuvent être plus que surprenantes, elle qui s’est tant battue contre le machisme pour obtenir ce qu’elle voulait. En tout cas, une vision intéressante de la vie new yorkaise pendant la Seconde Guerre Mondiale et de la vision des new yorkais sur le conflit qui se déroulait si loin de chez eux, même s’ils craignaient un débarquement de troupes nazies sur leur sol, il est vrai et on l’oublie souvent que les U-Boot se sont risqués jusque sur les côtes américaines.