Martin Eden : Le livre de Jack London

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Martin Eden, le chef-d'œuvre de Jack London, passe pour son autobiographie romancée. Il s'en est défendu. Pourtant, entre l'auteur et le héros, il y a plus d'une ressemblance : Martin Eden, bourlingueur et bagarreur issu des bas-fonds, troque l'aventure pour la littérature, par amour et par génie. Mais sa chute sera à la mesure de son ascension vers le succès : vertigineuse et tragique...

" Jack London fait toujours rêver. "
Christophe Mercier, Le Point

Traduit de l'anglais (États-Unis)
par Claude Cendrée


De (auteur) : Jack London
Préface de : Francis Lacassin
Traduit par : Claude Cendrée

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Expérience de lecture

Avis Babelio

AzraelTH

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

L'oeuvre littéraire qui m'a, pour l'instant, le plus transcendé. Je suis pas un écrivain donc je vais pas essayer d'écrire une nouvelle complexe. Simplement, j'ai aimé ce livre parce que je me suis reconnu énormément dans l'histoire du protagoniste. Des similitudes à mon passé qui m'ont fait frissonner plus d'une fois, à tel point que j'ai cru lire ma propre biographie (jusqu'à un certain point évidement). Quel livre, les mots sont si bien choisi ça se lit rapidement et on en redemande encore et toujours. Tout s'enchaine de manière si fluide...et puis fin. Je voulais pas, je voulais continuer à lire encore et encore. Pourquoi il faut toujours que les meilleurs œuvres soient les plus courtes (c'est uniquement mon 7ème livre, je me doute que ce genre d'oeuvre existe (sans pour autant être parvenu à ma table de chevet)). Le fait est que le PSG est champion d'europe et ça, ça reste très problématique. Suite critique (02/07/2025) : Le sentiment du travail bien fait m'oblige à revenir sur cette "critique" pour étayer un peu plus les raisons pour lesquelles j'ai aimé ce livre (visiblement, le labeur de Mr Eden déteint un peu sur moi). Comme je l'ai expliqué, le point essentiel d'une histoire, c'est l'ancrage émotionnel que l'on obtient (ou non) avec ses personnages. Jack London peint habilement des portraits psychologiques et comportementaux ultra-réalistes. Cette profondeur, permet aux lecteurs de soupeser leur morale, leur éthique. Rapidement, on arrive à faire le parallèle avec des personnes de notre entourage, puisque les principes psychologiques, les biais cognitifs énoncés dans cette oeuvre sont des facteurs totalement immuables. L'hypocrisie ambiante, des discours de façades extrêmement superficielles, des interactions sociales factices, une guerre de statut existant dans l'unique but de légitimer sa propre classe sociale (dans le cas de la bourgeoisie), etc. Quel que soit son époque, l'être humain ne vit que pour exister aux yeux d'autrui par tous les moyens possibles et aussi vils qu'ils soient. Martin s'en rend compte, de la pourriture organisé qui gangrène les postes à haute responsabilité et de la corruption étatique asservissant les faibles et les pauvres tout en décuplant les revenus des ultra-riches... Quel plaisir tout de même, de voir l'évolution d'un personnage dans lequel on s'identifie. Une évolution qui finira, certes, par l'emprisonner dans une bulle de cynisme, de solitude MAIS j'en ai retiré tellement de motivation. Et la principale motivation permettant d'évoluer, qui s'accorde avec les dires de plusieurs auteurs de différents horizons littéraires : l'Amour. Un sentiment différent, d'une importance hors catégorie, placé si haut dans l'univers des émotions et des ressentis humains qu'il devrait être érigé systématiquement sur un piédestal. Je n'en fait pas trop, au contraire, les mots me manquent pour mettre en valeur, pour embellir, pour exposer aux yeux du monde que, si le bonheur, si la quête de sens devait vous mener quelque part, c'est sans aucun doute sur le chemin de l'amour qu'elle vous accompagnera. Je l'ai vécu, c'est ce qui m'a sauvé d'une vie que je considère misérable. Cela dit, le contrôle omnipotent que ce sentiment produit sur nous peut également nous dévaster. Merci pour ce beau livre Jack London...

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Natlou

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Récit d'une ascension sociale, culturelle et intellectuelle qui montre les défauts et hypocrisies d'une société éprise d'apparences, de normes et de préjugés. Préjugés bourgeois sur les origines populaires de notre personnage, un jeune Martin nommé Martin Eden, préjugés ouvriers sur l'inutilité de la culture et de la littérature que ce dernier essaie d'acquérir, préjugés enfin d'une société qui juge sur l'apparence, selon les titres que possède un individu, sa richesse, ce qu'il renvoie, au mépris de ce qu'il est et de ce qu'il fait réellement. Pour être succinct, nous suivons l'histoire d'un jeune marin pauvre, Martin Eden, 21 ans, qui vit avec sa sœur lorsqu'il n'est pas en mer. Allant par la force des choses à la rencontre de la société bourgeoise dont il sera fasciné, il voudra la côtoyer ailleurs que dans les livres, l'imiter, pensant trouver en elle raffinement moral, social et intellectuel. Au sein de cette bourgeoisie, il rencontre une jeune femme dont il tombe éperdument amoureux. Il s'élèvera bien, en lisant, en écrivant et en pensant librement. Peut-être un peu trop haut. Sûrement trop haut pour qui que ce soit autour de lui. C'est tout cela que dénonce Jack London, au travers d'un personnage complexe, fascinant, attachant, parfois agaçant, mais souvent juste et tranchant dans ses actions et analyses. Jack London nous livre une pensée sociale, répugnant toutes les avilies de la société américaine, et je crois des sociétés humaines au sens large, dénonçant avec dépit l'instinct grégaire, l'hypocrisie de la bonne société et l'appétence à la médiocrité de la majorité de nos congénères. Cette oeuvre donne aussi à voir une description réaliste et vraiment touchante de la dépression qui, sans jamais être nommée, aura le mérite de ne pas être dissimulée. J'ai tout simplement adoré ce livre. C'est un manifeste aussi bien qu'un roman, qui laisse le cerveau en constante activité, à l'image de ce cher Martin Eden dont l'esprit ne cesse de bouillir, de vrombir - avant que réalité se fasse, et ainsi le rattrape.

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Soleney

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Ah, Martin, Martin, Martin… Mais quel personnage tu fais ! Et quelle vie tu as mené… Ton histoire m’a serré le cœur plus d’une fois, ta détermination m’a époustouflée. Peu de marins aiment comme tu l’as fait, se transforment comme tu l’as fait, transcendent leur classe sociale et se cristallisent en véritable écrivain… Mais par quels drames tu passes ! Tu es décidément un héros bien romanesque. Je suis d’autant plus bluffée que ton parcours est le reflet déformé de celui de ton auteur. Est-ce pour cela que tu es un personnage si touchant ? En réalité, le seul reproche que je peux te faire, c’est d’être un peu trop parfait… Je ne pense pas qu’on puisse être à la fois plus généreux, puissant, sensible, volontaire et intelligent que la moyenne – c’est trop de qualités en un seul être humain. J’imagine que Jack London a projeté le meilleur de lui sur toi. Tout en avançant dans le roman, je repensais avec ébahissement au Martin du premier chapitre : le marin grossier et timide qui, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, arrive dans un salon bourgeois et n’ose toucher à rien. Le jeune homme qui ne sait que faire de ses mains et de son corps, mais qui tombe fou amoureux d’une « créature pâle, séraphique […] une pâle fleur d’or sur une tige frêle » et se jure de tout faire pour être digne de cette fée, tout en désespérant du gouffre sidérant qui les sépare – tu te rappelles ? Et voilà que tu mets tellement d’énergie à te hisser à son niveau que c’est toi qui te trouves à des années-lumière devant elle ! J’ai pensé à Des fleurs pour Algernon en te lisant. Peut-être que Daniel Keyes s’est inspiré de toi pour raconter Charly. [masquer]« Martin remporta de cette soirée chez les Morse une impression confuse de sentiments opposés. Le milieu, les sommets auxquels il avait aspiré, les gens dont il avait rêvé de devenir l’égal le désappointaient. D’un autre côté, son succès l’encourageait. L’ascension avait été plus facile qu’il ne croyait et, d’ailleurs – il dut se l’avouer sans fausse modestie – il dominait le but qu’il s’était proposé : il se sentait supérieur à ces gens-là, exception faite toutefois du professeur Caldwell. Il en savait plus qu’eux, de la vie et des livres et il se demanda encore à quoi leur servait leur éducation. Ce qu’il ignorait, c’était qu’il était doué d’une puissance cérébrale extraordinaire, que les gens remarquables ne se rencontraient pas dans les salons de la catégorie de celui des Morse ; et il était loin de se douter que les êtres remarquables étaient semblables aux grands aigles solitaires qui planent très haut dans l’azur, au-dessus de la terre et de sa banalité moutonnière. »[/masquer] Tu vois ? Tu es un personnage un peu trop grand pour moi, je n’ai pas tout à fait pu m’identifier. J’ai eu du mal à croire à tes exploits (peut-on vraiment si peu dormir pendant si longtemps, travailler comme un bœuf tout en s’éduquant à toute vitesse et rattraper un retard scolaire de plus de dix ans ?). Mais en fermant les yeux sur ta surhumanité, ne reste que l’essentiel : j’ai été bouleversée par tes épreuves et ta capacité à aimer, mais aussi stimulée par tes apprentissages et tes positionnements. Être un transfuge est à la fois une bénédiction et une malédiction – tu le prouves à la perfection. En lisant ton histoire, j’ai revécu ce déchirement, cet inconfort et cette solitude qui accompagnent ceux qui quittent leur classe d’origine sans tout à fait atteindre la suivante… On n’arrive jamais à destination : on est toujours trop différent. On a trop vu, trop vécu, et cela dérange. Et Jack London t’a utilisé pour balayer de nombreuses problématiques politiques et sociales : le statut des travailleurs, le monde de l’édition, la réussite, le socialisme, ou encore l’illusion de la supériorité de la classe bourgeoise. « Il but, oublia, revécut, et, soudain éclairé, vit la brute qu'il allait devenir, non par la faute de la boisson, mais par la faute du travail. La boisson n'était que l'effet, non la cause. Elle succédait inévitablement au travail comme la nuit succède au jour. Ce n'était pas en devenant une bête de somme qu'il gagnerait les sommets – lui chuchotait le whisky à l'oreille – et il approuva l'avis. Le whisky était sage et connaissait bien son œuvre. » Ce qui est fabuleux, c’est qu’il t’a donné la posture opposée de la sienne : en te hissant à la force des poignets jusqu’aux classes élevées, tu as fini par te dire que seuls les forts méritent de s’en sortir, et que les faibles méritent de rester au bas de l’échelle – l’inverse du socialisme, en somme. Pis : tu condamnes celles et ceux qui, n’ayant connu qu’une vie de misère, ont accepté leur fardeau : « Leur plus haute conception de la morale exigeait qu'il prit un emploi. Ils n'avaient que ce mot à la bouche. Un emploi ! C'était leur unique précepte. Travaille ! Pauvres esclaves bornés, songeait-il en écoutant sa sœur. Comment s'étonner que le monde appartint aux forts ? Les esclaves ne croyaient qu'à l'esclavage. Le travail était un veau d'or devant lequel ils se prosternaient. » Et au milieu de tout cela, Ruth. Ruth qui est ta boussole, puisque l’amour est ta religion, et aucun sacrifice, aucun effort n’est de trop pour plaire à ta bien-aimée. Je me suis reconnue là-dedans. J’ai été comme toi, je l’avoue. C’était à la fois terriblement beau et affreusement douloureux… Cette femme, qui est ton premier et ton seul amour, tu lui pardonnes tout ce que tu condamnes chez les siens. Tu la feras déesse, icone de pureté, idéal féminin – jusqu’à en oublier son humanité. Oh, comme je connais bien ces choses-là… Mais London, par une brillante maîtrise de l’ironie, te fait trinquer sévère, te donne un objectif presqu’impossible et une volonté de titan. Et quelle sombre moquerie que de t’avoir fait nommer ta dernière œuvre littéraire Trop tard ! Et quelle méchanceté que de t’avoir appelé Eden, toi qui es désespérement en quête du paradis… Je me dois de dire qu’en tant que lectrice française, j’ai eu quelques frustrations quant à ta traduction, certaines phrases me paraissaient être calquées sur l’anglais et donc incorrectes en français : « Nous n’avons pas de préjugés stupides au point de vue fortune » => « Nous n’avons pas de stupides préjugés concernant la fortune » ? « il avait fini par l’envoyer au Billow, hebdomadaire mondain de San Francisco ; comme d’Oakland, il n’y avait que la baie à traverser ». Mais c’est peut-être parce que je suis moi aussi imprégnée de cette culture bourgeoise qui définit comment devrait s’écrire le français et condamne toute autre expression comme était incorrecte… Et je voudrais finir sur cette célèbre citation de Jack London qui définit très bien sa vie, mais aussi la tienne : « Je préfère être un météore superbe, chacun de mes atomes brillants d'un magnifique éclat, plutôt qu’une planète endormie. La fonction propre de l’homme est de VIVRE, non d'exister. Je ne gâcherai pas mes jours à tenter de prolonger ma vie. Je veux brûler tout mon temps. » Tu as brûlé tout ton temps, Martin. Mais tu resteras dans ma mémoire.

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sylvain20032002_1749153945993

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Un chef-d'œuvre. Je ne suis pas encore un grand lecteur, mais ce livre m’a montré à quel point une passion peut faire vibrer un homme, jusqu’à le pousser à dépasser ses propres croyances et ses limites. Martin Eden s’est entièrement abandonné à son art, quitte à s’y perdre, et j’ai trouvé cela magnifique

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782264024848
  • Collection ou Série
    Littérature étrangère
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    448
  • Dimensions
    179 x 111 mm

L'auteur

Jack London

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8,30 € Poche 448 pages