Mendelssohn est sur le toit : Le livre de Jiri Weil

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Un roman-témoignage culte situé dans une Prague occupée par les Allemands, où le sarcasme côtoie la tragédie.
Un des plus grands livres sur la Seconde guerre mondiale, par un auteur encensé par Philip Roth, Harold Pinter ou Arthur Miller.

Prague, octobre 1941. Reinhard Heydrich, protecteur de Bohême mélomane, s'évertue à déboulonner de l'Opéra la statue de Mendesshon. En vain, car personne n'arrive à identifier Mendelssohn : il n'y a pas de plaque sous les statues... en cherchant celle qui a le plus groz nez, ils tombent sur la statue de Wagner !

Ainsi commencent le récit et les malheurs des petits fonctionnaires tchèques chargés de la purification du Prague... Sauf que Heydrich a vraiment existé, il était même chargé de penser la " solution finale ". Son assassinat par un commando de résistants tchèques a déclenché une répression atroce. Jiri Weil fait partie des quelques milliers de juifs qui ont survécu : il a conçu ce livre en 1946, pour conjurer son histoire et ses années de clandestinité.

De (auteur) : Jiri Weil
Traduit par : Erika Abrams

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Expérience de lecture

Avis Babelio

JL55

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Jiri Weil est un écrivain tchécoslovaque mort en 1959. Son roman le plus connu est « Vivre avec une étoile », que je ne saurai que trop vous conseiller. Mais j’ai plutôt envie de vous parler de son texte paru post mortem : « Mendelssohn est sur le toit », qui va nous plonger dans Prague sous occupation allemande. Partiellement autobiographique (l’auteur a été responsable du musée juif de Prague avant et après-guerre), ce texte magistral (un grand bravo à la traductrice Erika Abrams) nous raconte la vie des juifs dans la capitale tchèque occupée : les lâchetés, les résistances, les collaborations, les renoncements, les combats perdus d’avance. Il y a des moments ironiques (celui de la statue de Mendelssohn est irrésistible), d’autres héroïques, et pas mal d’insoutenables. Ironie du sort : Jiri Weil, juif et membre du parti communiste, fut victime des purges staliniennes (un des premiers à parler des goulags) comme de l’oppression nazie. Ce roman a été censuré par le pouvoir tchèque, et n’a pu paraître qu’après correction et remplacement d’un chapitre entier (cette édition donne à lire les deux versions), afin de mieux mettre en valeur le courage des travailleurs tchèques pendant la guerre. Outre que ce texte est littérairement parlant un pur chef-d’œuvre, il me semble très important de le lire aujourd’hui où l’histoire semble dangereusement bégayer. Lire, penser, réfléchir, c’est déjà résister : écoutons les exemples de nos grands aînés, et gardons le cap si nous voulons rester libres. Rien n’est jamais acquis.

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palamede

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

C'est l'histoire d'une statue. Une statue de Mendelssohn qu'un homme a décidé qu'il fallait qu'elle disparaisse du toit de l'académie de musique de Prague, parce que le compositeur était juif et qu'à cette époque, que l'on soit une statue ou pas, il ne fait pas bon être juif. Cet homme, un certain Reinhard Heydrich, a été chargé de trouver une « solution finale » à la question juive dans la zone d'influence allemande en Europe, et en tant que gouverneur du protectorat de Bohème-Moravie va faire preuve d'un zèle presque inédit dans l'élimination des Juifs. Jusqu'à son assassinat qui n'adoucira en rien leur sort, bien au contraire. Même si le destin tragique des Juifs, victimes de la sauvagerie et de l'inhumanité des nazis, a déjà été relaté à maintes reprises, le ton souvent ironique de Jiri Weil pour témoigner de l'occupation allemande en République tchèque ne fait que souligner l'ignominie dont les nazis s'y sont rendus coupables. Après cette lecture éprouvante mais nécessaire, je me dis que les Allemands ont la mémoire courte lorsqu'on voit qu'aujourd'hui une partie non négligeable d'entre eux est à nouveau tentée par un parti nationaliste et xénophobe d'extrême-droite.

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michdesol

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 mois

C'est une chronique de l'occupation nazie de la Tchécoslovaquie. Cela commence par une scène burlesque : voulant « déboulonner » une statue du Juif Mendelssohn, les nazis se trompent et déboulonnent Richard Wagner, trompés par son long nez.... On peut rire, un temps... Car si le burlesque et le grotesque demeureront latents tout au long du livre, ils seront de plus en plus teintés de tragique. Cette période nous est donnée à voir du point de vue de la communauté juive de Prague, pillée, spoliée, brutalisée, instrumentalisée et, pour finir, exterminée. Si l'auteur s'attache à suivre des hommes simples, on y croisera aussi quelques personnages historiques, dont Heydrich. Les pages se tournent, le récit devient de plus en plus dramatique, tout en étant teinté « d'humour juif » et d'un burlesque (tchèque?) qui m'a rappelé parfois les aventures du soldat Svejk.

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ClajaB

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 mois

Après « Vivre avec une étoile », voici le deuxième roman (et la dernière œuvre) de Jiri Weil traduit en français. Le roman se situe à Prague sous occupation allemande et débute en octobre 1941. Reinhard Heydrich, chef des services de sûreté du Reich, est alors le gouverneur du Protectorat de la Bohême-Moravie. Après le concert d’inauguration du Rudolfinum (l’ancien parlement tchèque transformé en salle de concert allemande), il aperçoit sur le toit la statue de Félix Mendelssohn, compositeur juif, au milieu d'autres grands noms de la musique. Il ordonne qu’elle soit déboulonnée au plus vite. «  C'est une négligence inadmissible, inouïe, pire que la trahison. Mendelssohn est sur le toit !» Le roman s’ouvre sur l’exécution de cet ordre ou plus exactement, sa tentative. Car Schelinger, aspirant SS, et les ouvriers tchèques chargés de l’exécuter sont incapables de l’identifier parmi les nombreuses statues sans aucune plaque. Comment le reconnaître ? La solution leur paraît évidente, il faudra détruire la statue dotée du plus grand nez. Ils étaient sur le point de déboulonner la statue de Wagner… À partir de cet échec, le roman suit divers personnages, des tchèques, des petits fonctionnaires, ceux qui collaborent avec plus ou moins d’enthousiasme et de conviction, ceux qui résistent, des allemands, des hauts gradés naz*s, des Juifs, dont deux employés par les nazis , d’autres qui se cachent, ou encore un médecin qui se pétrifie et devient lui-même statue (le motif de la statue est omniprésent dans le roman). Cette mosaïque de personnages, que l’on suit un temps plus ou moins court, permet un état des lieux de la vie quotidienne et de la ville à l’époque du Protectorat, de l’automne 41 à la répression atroce qui suivit l’assassinat (réel) en mai 42 de Reinhard Heydrich, sadique mélomane et cultivé. Car Heydrich est un personnage historique, il a vraiment existé. Comme l’indique Jirí Weil, il était chargé de réaliser la « solution finale » sur tout le territoire du Reich, ainsi que dans les pays conquis. On se retrouve ainsi, dans le roman, à l’époque où il choisit la petite ville-forteresse de Theresienstadt (Terezin) qu’il fait vider de ses habitants pour la transformer en « ghetto modèle », à l’époque des déportations des Juifs (avec pillage systématique de leurs biens) vers ce lieu d’attente pour les camps d’extermination. Sans attendre les camps, Terezin devint au fur et à mesure un lieu d’exécution. Plusieurs pages de ce roman-témoignage poignant où l’absurde côtoie la tragédie sont inspirées du destin de Jirí Weil (lorsqu’il fut employe#769; au Muse#769;e juif de Prague par exemple). Il fit partie des quelques milliers qui ont pu échapper à l’extermination (en feignant un suicide en sautant dans le fleuve Vltava, il évita la déportation contrairement à ses parents et sa sœur). La première partie du roman est la plus ironique et sarcastique, plus tard, la tragédie l’emporte. « Mendelssohn sur le toit » traite de la guerre, de la Shoah, du naz*sme, mais aussi de la lâcheté, de l’héroïsme ou encore de la déshumanisation et de la banalité du mal. Ce roman est un chef-d’œuvre, bouleversant, éprouvant, et, toujours, nécessaire.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782264084842
  • Collection ou Série
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    360
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

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9,20 € Poche 360 pages