Monsieur Proust - Le Témoignage bouleversant de la confidente de Marcel Proust : Le livre de Céleste Albaret
Ce livre capital apporte l'image, sortant de la plus fidèle des mémoires, d'un Marcel Proust unique de vérité.
Céleste Albaret fut la gouvernante et la seule confidente de Marcel Proust pendant les huit dernières années de son existence, durant lesquelles il acheva l'écriture de son chef-d'oeuvre - elle constitue d'ailleurs une des clefs du personnage de Françoise dans La Recherche. Jour après jour, elle assista dans sa vie, son travail et son long martyre, ce grand malade génial qui se tua volontairement à la tâche. Après la mort de Proust en 1922, elle refusa longtemps de livrer ses souvenirs. Puis, à quatre-vingt-deux ans, elle décida de rendre ce dernier devoir à celui qui lui disait : " Ce sont vos belles petites mains qui me fermeront les yeux. "
De (auteur) : Céleste Albaret
Autre : Georges Belmont
Avis Babelio
Sertorius
• Il y a 1 mois
Céleste Albaret est un témoin capital de la vie de Marcel Proust puisqu’elle a vécu quotidiennement à ses côtés pendant les huit dernières années de sa vie. Elle a livré ses secrets à quatre-vingt-deux ans en les racontant en 1973 à Georges Belmont qui en a fait des enregistrements audios. Ce journaliste de Paris-Match les a organisés en thèmes pour en faire un livre, affirmant dans sa préface qu’il a recueilli soixante-dix heures de témoignages. Les archives sonores de la BNF qui les conservent ne contiennent en fait que quarante-sept heures d’enregistrements. Mais on ne chipotera pas sur la richesse du travail effectué. C’est une source essentielle pour qui veut établir la biographie de Proust. Riche de mille détails passionnants, parfois si précis qu’on se demande si certains n’ont pas été inventés, le livre de Céleste a contribué à nourrir les multiples biographies de Marcel Proust. Céleste fait la connaissance de son futur patron en 1913 alors qu’elle sort à peine de son village de Lozère pour épouser Odilon Albaret. Celui-ci est bien en phase avec la modernité de son époque puisqu’il est le chauffeur de taxi attitré de Monsieur Proust. Constatant que sa femme s’ennuie, Odilon en parle à son client privilégié. Proust propose alors à Céleste de lui servir de coursière pour porter les ouvrages qu’il a dédicacés à leurs destinataires. Précisons en passant que, contrairement à ce qu’on a affirmé, Céleste n’a jamais porté le manuscrit de « Du côté de chez Swann » à André Gide, chez Gallimard, puisqu’en 1912, elle n’était pas encore en service chez Proust. Puis, la femme de Nicolas Cottin, le valet de chambre de monsieur Marcel, étant malade et hospitalisée, Céleste la remplace. Assez vite, le ménage Cottin se trouve marginalisé par ce qu’il estime être les manœuvres de « l’intrigante ». Le fait est que Céleste les a gentiment poussés dehors. Elle affirme – mais doit-on la croire – que madame Proust qui avait employé précédemment Nicolas avait suggéré à son fils de ne pas le réengager. Céleste verrouille alors bien le service de Monsieur en faisant en sorte que seules y entrent des personnes de sa famille : sa sœur Marie et sa nièce Yvonne venue vivre un mois chez Proust pour taper le manuscrit de « La Prisonnière ». Servir monsieur Proust n’était pas une sinécure. Il fallait être à sa disposition à tout instant, renoncer à toutes vacances, se plier à ses invraisemblables caprices. En échange on recevait un salaire élevé et une considération empreinte de gentillesse et de respect. Céleste affirme bien haut dans son témoignage que la véritable « prisonnière » de Monsieur Proust n’a pas été Alfred Agostinelli (chauffeur puis secrétaire de l’auteur et l’amour de sa vie durant quelques mois) comme certains l’ont prétendu, mais bien elle-même, esclave volontaire vingt-quatre heures sur vingt-quatre des exigences souvent despotiques de son maître. « Il avait la grâce, même de ses tyrannies. » Mais la vraie question c’est celle de savoir si ces confidences sont de quelque utilité pour la compréhension de l’œuvre. On peut tenter de le vérifier en comparant certains propos de Céleste avec les passages de la Recherche qui semblent s’en faire l’écho. Je prendrai ainsi pour exemple le personnage du baron de Charlus que nous pouvons suivre dans la succession des volumes composant La Recherche. Dans ses mémoires Céleste nous parle ainsi de Robert de Montesquiou qui a inspiré le personnage du baron et qui a fasciné son maître plus qu’aucun autre. Proust le rencontre en 1893 chez madame Lemaire alors qu’il a vingt-deux ans. Montesquiou est hérissé par le reflet qu’il découvre dans les différents livres où apparait Charlus. Céleste affirme que Proust trouvait toujours un moyen de l’embobiner et qu’il repartait de l’appartement du boulevard Hausmann apaisé. Personnellement j’en doute fort. Un passage du « Temps retrouvé », parmi d’autres, me semble si cruel pour le baron que je ne pense pas que celui-ci ait pu lui pardonner : celui où Proust évoque l’hôtel dédié à Sodome, géré par Jupien, le protégé de Charlus, inspiré par Albert Le Cuziat. Pour Céleste ce dernier est un monstre qui administre un endroit où des hommes se font fouetter pour assouvir « la jouissance de tous leurs plaisirs ». De la vie de l’auteur, comme de la lecture de l’œuvre, ce qui me frappe c’est la profonde solitude de Proust qu’on y découvre. La seule personne que Marcel a aimée en dehors de ses parents, c’est Alfred Agostinelli, dont madame Albaret minimise l’importance par jalousie. Dans l’interprétation d’une œuvre, personnellement je me tiens plus du côté de Proust que du côté de Sainte-Beuve. Mais je ne dirai pas que Céleste Albaret se range du côté de ce dernier puisque son propos n’est pas d’approfondir l’œuvre mais de simplement témoigner sur sa vie avec Monsieur Proust.
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Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Biographies Littéraires
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- EAN
- 9782221264331
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- Collection ou Série
- Arion
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 464
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- Dimensions
- 177 x 108 mm
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12,00 € Poche 464 pages