Prendre soin de l'enfant intérieur : Le livre de Thich Nhat Hanh

La sagesse populaire nous encourage toujours à « s'adresser plutôt à Dieu qu'à ses saints », c'est ce que j'ai donc fait, après mes deux romans de développement personnel, me voilà le nez dans ce traité entre spiritualité méditative bouddhiste et psychologie pour un mieux-être. L'auteur est lui-même moine bouddhiste d'origine vietnamienne et nous fait part dans cet opus de sa sagesse, de ses réflexions profondes sur l'être humain et la société ainsi que de ses expériences méditatives. Vivement conseillé et prêté par une amie qui me veut du bien et qui pratique elle-même assidûment tant la religion bouddhiste que la méditation, j'ai exploré avec attention et grande curiosité les trois parties de l'ouvrage s'ouvrant sur les enseignements de Tich Naht Hanh sur l'art de guérir suivis des témoignages et récits de guérison et se concluant sur une partie réservée aux pratiques concrètes de guérison. Il faut accepter dans ce type d'ouvrages de sortir des sentiers battus et d'ouvrir son esprit à une pensée différente qui conceptualise autrement le monde et la réalité. C'est déjà pour un esprit cartésien un sacré défi tout comme de déconstruire toutes les certitudes qui régissent notre relation aux autres et à nous-mêmes et envisager de cet angle nouveau de perception, la façon dont nous interagissons dans nos vies, pétris de nos certitudes qui nimbent nos actions de nos peurs, nos doutes, nos sentiments négatifs. Ici, la pratique de la méditation invitant à la pleine conscience n'est pas un moyen d'aboutir à un sur-moi engraissé de bonheurs prêts à consommer mais un moyen de nous recentrer dans un tout universel, conscient de ce qui nous relie les uns aux autres, d'ici et d'ailleurs, du temps présent comme du passé révolu. Idée développée plus profondément en fin d'ouvrage et tellement réconfortante pour des occidentaux qui comme moi, voient en la mort une finitude et un vide abyssal quand elle touche nos proches. Ici, les enseignements basés sur une observation objective de la nature – notamment dans la question de la « vie et mort » d'un nuage – nous porte à envisager la mort, non plus comme un vide creux et désespérant, mais plutôt, nous pousse à rechercher autour de nous les nouvelles manifestations du disparu. Eclairés de la certitude que nous sommes et restons jusqu'à notre mort un peu de notre père et un peu de notre mère, une part de nos enfants, l'empreinte de l'amour de notre compagnon, etc. J'avoue m'être laissée prendre par la force de cette croyance que j'ai trouvée tellement belle et poétique et depuis, m'être postée devant le miroir et chercher dans mes traits ceux de ma mère qui a suivi un autre chemin, délaissant son corps douloureux. Encore bousculée par la vie qui ne nous laisse guère de répits, suis-je une « proie » facile pour ce type de littérature ? Je sais que j'ai besoin en tout cas de faire sortir ma douleur autrement que par la colère et les ascensions/descentes émotionnelles qui blessent mon entourage. J'ai trouvé dans cet essai des moments de lectures méditatives aussi efficaces qu'une séance de yoga. Les enseignements de Tich Naht Hanh, contrairement aux romans de développement personnel que j'ai lus et qui faisaient l'apologie d'un retour sur soi très autocentré, nous rappellent notre ancrage au monde et aux autres. C'est une belle philosophie dont j'avoue ne tirer qu'un millième du potentiel d'apprentissage dispensé. Mais cela reste une piste à explorer en cas de nécessité !