Révolution française - tome 1 Le peuple et le roi : Le livre de Max Gallo

Enfin un essai contemporain sur la Révolution qui n’élude rien et montre combien les acteurs de cet épisode crucial de l’Histoire de France se sont entredévorés et ce, jusqu’à la fin, c’est-à-dire le Consulat, prélude à l’ascension fulgurante de Napoléon Bonaparte, et qui proclamait en décembre 1799 : « Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée : elle est finie. » Auparavant, depuis ce 14 Juillet, où les élans de violence débridée pointaient déjà, en passant par la Terreur et le Directoire, le sang aura coulé, au point de creuser des rigoles pour mieux l’évacuer au pied de la guillotine ! Max Gallo n’est ni un « exagéré » ni un « royaliste », il est historien et pour ce qui concerne ce diptyque de la Révolution, il est sans concession. De là un livre où les paradoxes des Français de cette époque – ont-ils jamais cessé ? – s’étalent, tantôt hurlant « Vive le roi ! » – qu’on traitera plus tard de « gros cochon » et sa femme de « putain » –, tantôt réclamant sa mort ; tantôt acclamant Robespierre et le lendemain le décapitant ; tantôt Girondins, tantôt Jacobins, tantôt muscadins, etc. Girouettes meurtrières, tels furent les hommes et les femmes de ce temps. De tous ces vents contraires et fatals, « une nation surgit, différente, violente, rétive, enthousiaste aussi », dit l’auteur. Nation qui fait face aux guerre intérieures et extérieures tant ce qu’elle propose effraie et se montre effrayant, étant donné le crime érigé en vertu. Cette colère débridée ne vient bien entendu pas de nulle part, et Max Gallo rappelle aussi les injustices de l’Ancien Régime. Mais ce goût du sang répond à des instincts si bas que les animaux en auraient honte, comme, par exemple, le dépeçage de la princesse de Lamballe – fidèle amie de la reine – lors des journées sanglantes de septembre 1792 : « On lui coupe la tête, on traîne son corps. On le fend, on arrache le cœur. La rumeur se répand qu’on l’a fait griller et qu’un homme l’a mangé. On promène la tête et les parties génitales – dit un témoin – jusqu’au Temple. » Le Temple, là où la famille royale est pour le moment enfermée, dans l’attente de mourir. Seule survivante de la famille. Le libraire Nicolas Ruault, témoin de l’époque et cependant révolutionnaire convaincu, écrit : « Tout se salit, tout s’enlaidit, tout se gâte de plus en plus chaque jour. » Et l’horreur atteindra son paroxysme sous le régime de la Terreur, avec cette loi des suspects qui envoie mourir des centaines d’innocents, beaucoup d’entre eux du peuple. J’ai visité le cimetière de Picpus, à Paris, là où se trouvent des charniers de la Révolution, et les noms qui sont inscrits dans la chapelle attenante l’attestent. Les massacres se dérouleront aussi en Vendée : hommes, femmes et enfants, tout y passera. L’après-Robespierre ne sera guère mieux mais aura le mérite de faire tomber les masques : la bourgeoise se glisse ouvertement dans les habits de l’aristocratie, dont certaines fidèles se vengent des révolutionnaires. Surviennent encore des révoltes contre la corruption d’une poignée et les massacres se poursuivent, jusqu’à l’arrivé d’un général révolutionnaire glorieux qui assainira la situation, avant de s’en aller faire ses conquêtes et se rêver en Alexandre de Macédoine qu’il admire tant. Mais ceci est une autre histoire. Bila, que dire sinon que la Révolution fut un espoir déçu, dont l’ombre criminelle continue de planer au-dessus de nos têtes, quels que soient ses défenseurs les plus acharnés de nos jours. Période d’une densité telle qu’elle ferait passer plusieurs siècles pour une plume. Aujourd’hui que nous oublions si vite les informations de la veille, il est tout de même bon de se rappeler ce que fut cette décennie titanesque et infernale de 1789-1799, que Max Gallo a su narrer avec sa fluidité coutumière et sa rigueur non moins coutumière. Qu’il en soit remercié, de là où il nous regarde…

Un livre passionnant qui m’a donné l’impression d’assister à la Révolution française de l’intérieur. Max Gallo a ce talent rare de raconter l’Histoire avec précision tout en la rendant vivante, presque romanesque. On suit Louis XVI, non comme un personnage figé, mais comme un homme, avec ses hésitations, ses doutes, son humanité. On voit peu à peu les forces révolutionnaires monter, on croise Mirabeau, Robespierre, Desmoulins, et l’on sent une ambiance lourde, inéluctable, comme si tout était déjà joué. Le style est fluide, parfois un peu solennel, mais très accessible, et le récit alterne les grandes décisions politiques avec des détails plus intimes, qui donnent toute sa force au récit.

J’aime Max Gallo comme un grand-père qui te raconte des histoires. M’apercevant que je ne connaissais pas grand-chose à la Révolution, j’ai trouvé ce livre. Connaissant l’homme pour son « de Gaulle » et son « Napoléon », je me suis lancé dans cette période complexe avec Max comme guide. Si les amateurs l’apprécient, les spécialistes sont plus critiques. Un exemple : Gallo donne du relief à son récit en s’appuyant sur les écrits d’un certain Ruault, imprimeur de son état, et auteur d’une « Gazette d’un Parisien sous la Révolution ». Or, plusieurs historiens, questionnent l'authenticité dudit Ruault. Jacques Godechot va jusqu’à parler d’un faux, tant les prophéties de l’imprimeur qui aurait rédigé son texte au fil des événements se révèlent exactes. Laissons ce débat aux spécialistes. J’ai aimé la tendresse de Gallo pour ce pauvre roi dépassé par événements, ce qui m’a étonné de la part d’un homme de gauche. Il nous plonge dans cette chute aux abîmes de la monarchie, évoque les forces en présence, avec clarté, s’arrête sur les personnages qui ont fait l’histoire. Il faut dire que la période est bien compliquée ; il en démonte les mécanismes. Entre les Girondins, les Feuillants, les Jacobins, les noirs, les Brissotins, avouez que l’on s’y perd un peu. Ah, j’oubliais les Cordeliers, et bien d’autres, l’auteur explique simplement qui est qui et qui fait quoi, c’est déjà pas mal. Lecture légère pour un thème lourd. Le « Révolution Française » de Max Gallo est une bonne introduction à cette période trouble, féconde et décisive de la France.

Jusqu'ici cette période de l'histoire de France ne m'intéressait pas, elle me paraissait assez compliquée. l'ouvrage de Max Gallo rend accessible l'histoire de France à tous. Il manque tout de même des explications sur des termes et les groupes de l'assemblée.