Sorry Mom : Le livre de Sylvie Allouche

Après avoir découvert la plume de Sylvie Allouche grâce à deux de ses précédents romans, j’étais ravie de replonger dans son univers et de retrouver la commissaire Di Lazio et son équipe. J’aime tout particulièrement la construction de ses œuvres, et celle-là n’échappe pas à la règle : l’enquête progresse petit à petit sous les yeux du lecteur qui suit les différents protagonistes. Différentes histoires se mêlent et le dénouement nous en révèle les liens : tout est si bien ficelé dans les romans de Sylvie Allouche ! Le rythme de l’enquête est soutenu et nous tient en haleine jusqu’à la révélation finale, qui prend les airs d’un dénouement digne d’Agatha Christie. On se sent également proche des personnages car ce n’est pas seulement une enquête que l’on suit, c’est également toute une équipe que l’on voit évoluer, avec des relations qui se renforcent. On sent toute l’humanité qui constitue l’essence de ce groupe de policiers, leur attention aux autres, leur dévouement mais aussi leurs failles et leurs faiblesses. D’autant plus que leur enquête n’est pas de tout repos ! Enfin, j’ai aimé les thématiques évoquées dans ce roman : l’enfance, parfois maltraitée, et la maternité, dans toute sa complexité. Le “sorry mom”, qui constitue le titre de roman, apparaît comme un leitmotiv tout au long de l’histoire, avec une signification différente à chaque fois, révélant différents aspects de la relation parent-enfant et interroge de façon intéressante ce lien complexe. Merci à Babelio et aux Editions Syros qui m’ont permis de découvrir ce thriller au rythme haletant !

Les romans policiers de Sylvie Allouche ont toujours une dimension sociale qui nous interpelle. Après l'exploitation des jeunes femmes nigérianes à Paris dans Serial Tatoo, la commissaire Clara di Lazio nous emmène au milieu d'une banlieue gangrenée par les trafics, auprès des nourrissons abandonnés dans des boîtes à bébés. Avec elle, le lecteur est confronté au sort inhumain des enfants de migrants et au désespoir maternel. Tout commence par la découverte du corps d'une femme nue dans la poubelle d'une cité. Clara et son équipe ne sont pas les bienvenues pour observer la scène de crime. Menaces, intimidations, la police doit faire vite avant un dérapage. Louise, jeune lieutenant, tenace et consciencieuse, va cependant faire une découverte révoltante : un enfant de huit ans laissé seul sur un matelas dans une cave, presque mort de faim et de soif. A côté de ces deux enquêtes, un troisième personnage apparaît, le fils du ministre de l'intérieur, drogué, malheureux, traumatisé pour une raison inconnue. L'enquête policière est bien menée, le prologue plongeant habilement le lecteur dans un suspens qui démarre vite. Mais ce sont surtout pour ses personnages tellement humains que le roman est formidable. Le lecteur suit Clara avec toujours autant de bonheur. Nerveuse et entêtée, agacée par Nathan, incorrigible bavard, qui ferait mieux de répondre de façon synthétique, elle continue de se doper au café, dort toujours aussi peu mais tient à résoudre ce meurtre ignoble (plutôt que de jouer les potiches dans des soirées mondaines). On tremble pour Gauthier, le géant amoureux, on retrouve Manon, journaliste d'investigation honnête et efficace et Lilo qui a bien grandi et ne pourra pas s'empêcher, sous prétexte d'un stage au commissariat, de se mêler de l'enquête. Une nouvelle aventure du commissaire Di Lazio très attendue, réussie et poignante.

Il s’agit de la cinquième enquête, elle peut se lire sans avoir lu les précédentes, lorsqu’il y a des allusions au passé des personnage c’est bien indiqué. Chaque lecteur va accrocher à une des diverses thématiques abordées. Pour ma part c’est ce qui touche à la maternité et aux relations mère/enfant, cela s’explique par mon vécu. j’avais déjà été frappée par cette thématiques dans les précédentes enquêtes. C’est surtout l’aspect défaillant ou dysfonctionnel qui attire mon attention à chaque fois. En dire plus risque de dévoiler certains mystères de la narration. On voit arriver Lilo la nièce de Clara en tant que stagiaire, ce personnage déjà croisé est très mature et elle va jouer un rôle déterminant. Son âge et sa fonction dans la dynamique de groupe en font une interlocutrice clé. On impose une enquête à Clara, on ne tient pas compte de son refus. Elle va donc aller au fond des choses, une fois la mécanique enclenchée plus personne ne peut l’arrêter. On retrouve le groupe habituel avec une nouvelle venue, Manon. Elle ne devrait pas faire partie de l’affaire mais Clara n’a que faire de la hiérarchie du moment qu’elle fait confiance à quelqu’un.

Je ne connaissais pas la plume de Sylvie Allouche ni son personnage phare, la commissaire Di Lazio et ce fut un vrai plaisir de les rencontrer! Une enquête tout d'abord, sur le meurtre d'une femme retrouvée nue dans une poubelle, mais aussi des aspects plus humains avec l'accueil de sa nièce en stage, la découverte d'un enfant muet maltraité et encore le fils paumé du ministre. Roman ado très réussi, la succession des chapitres courts rend la lecture addictive. Les personnages sont attachants et l'enquête vraiment bien ficelée (je n'avais pas vu venir le twist final!). Une rencontre réussie, et je lirai les autres aventures du commissaire avec plaisir!