Tout ça pour quoi : Le livre de Lionel Shriver
Tout quitter. Tout lâcher. Tout plaquer. Et refaire sa vie au soleil de Zanzibar, sur une île oubliée... Longtemps, Shep en a rêvé. Aujourd'hui qu'il a vendu, pour un million de dollars, sa boîte de bricolage, le bientôt quinquagénaire touche enfin son projet du doigt. Les billets sont pris, sa décision aussi : il partira, avec ou sans Glynis, sa femme. Ce ne sera, finalement, ni l'un ni l'autre. Car Glynis souffre d'un cancer – grave, non couvert par l'assurance-maladie... Dès lors, pour Shep et Glynis, c'est la bourse ou la vie, ce moment d'un mariage où tous les non-dits, tous les égoïsmes, tous les mesquins calculs d'une vie se payent comptant. Et au prix fort...
De (auteur) : Lionel Shriver
Traduit par : Michèle Lévy-Bram
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Bobo1001
• Il y a 2 semaines
J’ai été puissamment scotché par ce roman ample (530 pages) puissant et incroyablement caustique qui aborde de front la question de la maladie et de son impact autour de soi. Le jour même où Shep a prévu d’annoncer à sa femme qu’il partait au bout du monde avec le pécule qu’il avait amassé et qu’elle était libre ou non de le suivre, elle lui annonce qu’elle a un cancer rare. Le rêve de voyage tombe à l’eau et l’argent va plutôt servir à financer (système de santé américain oblige) les soins extrêmement couteux que va devoir recevoir Glynis. L’impact de la maladie sur le couple est scruté dans les moindres détails et on ne trouvera ici pas la moindre onde de mélodrame. Lionel Shriver m’a paru bien davantage occupée à tirer sur tout ce qui bouge avec un humour d’une férocité dont je ne vois pas beaucoup d’égale. Lors d’une scène très réussie du livre, la sœur de Shep vient diner avec la volonté, comme c’est on habitude de les taxer, et le couple prend un malin plaisir à laisser la sœur exposer ses griefs avant de lui asséner le coup fatal, Glynis est malade et la sœur n’aura pas un centime. L’épouse de Shep, loin d’être une pauvre victime, se révèle durant sa maladie sa maladie particulièrement peu avenante et le portrait de la vie de famille est vraiment au vitriol. De manière très amusante chaque partie du livre commence avant le montant du compte en banque de Shep que l’on voit cruellement fondre au fur et à mesure. Parallèlement l’on suit un autre personnage, Jackson, meilleur ami de Shep, marié à Carol et qui va entreprendre une opération physique ambitieuse et délicate dont je ne dirais pas plus mais qui vaut au livre certaines de ses pages les plus inoubliables. Résumons-nous : si vous connaissez Lionel Shriver vous allez trouver ici l’un de ses meilleurs romans, sans doute le plus féroce. Elle nous force à nous confronter à la maladie et je me disais que ce livre n’est assurément pas pour un ancien malade qui aurait l’impression ici de revivre son calvaire (mais elle parvient à faire réfléchir, j’imagine, le futur malade qui sommeille potentiellement en nous). Si vous ne la connaissez pas, vous allez découvrir une autrice stupéfiante qui écrit de manière exceptionnelle. Chaque phrase apporte quelque chose et aucune n’est décorative. Mais, spécialiste du couple, qu’elle ausculte de livre en livre, elle possède une vision d’une ironie et d’une lucidité sans égale. Puissant, férocement drôle, un livre remarquable et inoubliable, dont je regrette juste un peu la fin, mais c’est sans doute que j’étais malheureux d’être arrivé à son terme…
CaVaNessa
• Il y a 4 mois
Lionel Shriver ou la claque de Big Brother ; l'écrivaine qui a décrit les relations entre un frère et une soeur avec tout un contexte, un vécu, des sentiments et leur subtilité. J'ai tellement adoré ce livre que je me suis décidée à tout lire d'elle pour pouvoir dire "j'adore cette autrice" (et aussi faire rentrer un peu plus de femmes dans mon panthéon d'auteurs, j'avoue) Avec "tout ça pour quoi", je peux commencer à le dire (parce que je l'ai pas dit mais j'ai aussi lu Double faute que j'ai beaucoup aimé même si le contexte du tennis et de la compétition me laisse un peu plus froide mais comme la mécanique de la rivalité et de l'ambivalence vis à vis des victoires de quelqu'un qu'on est censé aimer l'ont emporté, je réitère mon début d'amour). Je n'ai pas très bien compris les critiques parfois peu amènes qui n'y ont vu qu'une dénonciation du système social américain ; pour moi ça serait occulter la richesse des personnages qui se trouvent confrontés aux évènements de leur vie et comment ils s'insèrent dans un contexte particulier. Parce que oui, effectivement, ça parle d'argent et de système mais je ne connais pas d'évènements humains qui ne sont pas à recontextualiser. Donc on a un paysage américain libéral, un système de santé qui donne ses limites, des soignants qui se dédouanent plus ou moins de ces problématiques, ça c'est le contexte. Les personnages : un héros, un homme plutôt bien, responsable, dont le sens de la famille avoisine parfois la complaisance, un rêve de toute une vie qui ne demande qu'à être réalisé mais qui exige une somme de choix parfois difficiles à concilier avec la somme de responsabilités dont il se sait en charge, des décisions corneliennes à prendre et d'autres qui ont été prises avec beaucoup de douleurs et on obtient une vie, celle de monsieur tout le monde, avec ses regrets, des erreurs qu'on ne voit qu'après-coup, et ses tourments pour la vie qui reste à vivre. On y ajoute une femme au caractère irascible déterminée à faire payer ses choix à d'autres qu'elle, une autre débordant de bienveillance, un ami fidèle libéral minarchisme (ou à la limite de l'anarcho-capitalisme, j'ai pas eu assez d'indices pour ça), quelques ado épouvantables pour des raisons valables ou pas et un cancer. En satellite, une soeur égoîste et assistée qui planque sa paresse derrière des valeurs pseudo-louables, un père vieillissant, un patron vengeur et amer, des belles-soeurs poisons C'est parti ! Comme beaucoup de sujets en littérature, ce qui fait le chef d'oeuvre du reste, c'est la façon dont c'est traité (je me sens un peu définitive quand je dis ça). Et c'est là que Lionel Shriver se démarque. Ca aurait pu être une banale tragédie avec beaucoup de pleurs et de bons sentiments et là ce n'est pas le cas. J'ai souri plein de fois, vraiment. Parce qu'il y a les remarques assassines, celles qu'on passe sous silence par bienséance mais qui font qu'on est des humains, et pas des saints, les petites lâchetés qu'on commet tous, absolument tous, pour avoir la paix, pour maintenir des relations en bon état, pour que les journées ne soient pas des combats constants, parce qu'on n'a pas envie envie de retour de bâton. Il y a les réels soucis qu'on doit affronter et les choix dont on ignore à quel point ils peuvent nous entrainer loin dans les emmerdes. Et il y a la réalité, constante, qui nous rattrape. Ce livre démontre à quel point nous sommes parfois coincés entre ce qu'on veut, peut, souhaite, rêve, refuse, négocie. Mention pour la fin : si je n'avais pas lu Big Brother, j'aurais pu l'attribuer à un coup de flemme. Mais quand on lit les remerciements, finalement, même sans lecture précédente, non y a pas de flemme. Lionel Shriver n'est absolument paresseuse, et pour ça, merci !
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Féminin
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- EAN
- 9782266327985
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 656
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- Dimensions
- 179 x 109 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
10,30 € Poche 656 pages