Il faut qu'on parle de Kevin : Le livre de Lionel Shriver
À la veille de ses 16 ans, Kevin pénètre dans l'enceinte de son lycée et abat neuf personnes.
Sa mère, Eva, revient sur l'enfance de son fils, ce qu'elle a fait, mal fait, pas fait... Dans une série de lettres, Eva s'interroge. Quel est ce Mal qui ronge l'Amérique ? Et eux, ses parents ? Quelle responsabilité portent-ils ? Il n'est jamais trop tard pour parler de Kevin...
De (auteur) : Lionel Shriver
Traduit par : Françoise Cartano
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
forcevertelit
• Il y a 1 semaine
Ma lecture de mai pour le 12 Books challenge, et je ne savais pas à quoi m'attendre... mais pas à ça. Non pas que je n'apprécie pas le format épistolaire, mais j'ai trouvé cette forme très longue dans ce cas de figure. J'ai mis un temps fou à finir le roman, j'avais l'impression de ne pas avancer ! Eva écrit de nombreuses longues lettres à son mari, Franklin, pour essayer de décrire l'indicible : comment elle tente de vivre depuis que leur fils Kévin a commis une tuerie de masse dans son école. On y découvre la vie de culpabilité qu'elle mène, entre réminiscences du passé et séances au parloir, le tout alternant réflexions sur la société américaine contemporaine et tentatives de compréhension de cet acte. Le sujet est en soi absolument fascinant et passionnant, ça pose des questions justes et percutantes. C'est très bien écrit, même si ça manquait de fluidité à mes yeux. Mais je sais pas, c'était... long. Jusqu'à ce que les choses accélèrent un peu vers la fin, quand on "comprend" ce qu'il s'est réellement passé, comment toute une vie peut mener à cet instant de violence absolue. C'est aussi une réflexion sur la famille, la maternité, avec des propos qui peuvent bousculer, mais c'est ce qui fait la richesse de l'ouvrage.
Fanfan-Do
• Il y a 3 semaines
Eva écrit à Franklin dont elle est séparée, dans un besoin de parler de sa journée, comme le font les couples qui se retrouvent le soir après le travail. Elle semble être quelqu'un de très étrange, voire fantasque, atypique, qui se plaît à ne ressembler à personne, quelqu'un qui s'ingénie à ce que sa vie soit laborieuse et un peu moche, car le beau ne lui sied pas. D'ailleurs, parce qu'elle porte un nom de famille rare, Khatchadourian, il lui est impossible de passer inaperçue. On comprend peu à peu que Kevin, son fils, qu'elle a eu avec Franklin, à commis un acte monstrueux. Il semble que sa vie miteuse soit un châtiment qu'elle s'inflige pour se punir d'avoir enfanté Kevin. Car elle se demande, elle demande à Franklin "Qu'est-ce qui nous a pris ? Nous étions si heureux ! Pourquoi diable avons-nous fait tapis de tout ce que nous possédions pour nous lancer dans le pari fou d'avoir un enfant ?" En voilà une question qui m'intéresse !!! Faire des enfants n'est-il pas l'acte le plus énorme, le plus incroyable, le plus fou, le plus égoïste, qu'on puisse décider dans une vie ? Et surtout, on n'imagine absolument pas à quel point ça chamboule rigoureusement tout ! J'ai adoré tous les arguments en faveur où contre l'idée d'avoir des enfants. L'écriture est magnifique et les réflexions profondes. Tout est pensé, décortiqué, analysé et j'ai été impressionnée car ça m'a fait voyager dans mes souvenirs, mes propres interrogations face à une éventuelle maternité à l'époque où je me demandais si je devais ou non me reproduire, si je le voulais vraiment, si la vie n'était pas, au fond, un cadeau empoisonné. Entre ses souvenirs elle parle à Franklin de ses visites à la prison où elle va voir Kevin, celui par qui le malheur est arrivé. Kevin, cruel, méchant, qui fait tout pour la blesser. Elle raconte Kevin depuis sa genèse, et vraiment cet enfant a quelque chose de diabolique. J'ai eu l'impression qu'il était question de L'antéchrist, un petit tyran démoniaque qui a le pouvoir de détruire toute joie, et ça m'aurait fait passer l'envie d'avoir des enfants si je n'en avais pas déjà. C'est terrifiant. L'existence même de Kevin est comme un mal poisseux qui s'insinue dans les moindres recoins, qui pollue tout, corrompt jusqu'à la plus petite parcelle de joie de vivre. À Franklin son mari, ce père plongé dans l'angélisme, aveuglé par son amour irrationnel pour ce fils dénaturé qu'il voit comme une petite merveille, elle raconte point par point ce qu'il est en réalité depuis toujours : un monstre de froideur et de perversité. Eva décortique tout de leur vie passée, de l'enfant désiré par Franklin, à la maison de rêve qui n'était que son rêve à lui, jusqu'à ses beaux-parents tellement conformistes... elle enveloppe son amertume dans une ironie amère qui sans doute l'aide à supporter le naufrage de cette vie mais aussi une bonne dose de cynisme parfois. C'est que, elle semble porter seule sur ses épaules ce que Kevin a fait. Alors je n'ai cessé de me demander, et le père dans tout ça, où est-il et que fait-il ??? Beaucoup de choses m'ont parlé dans cette histoire, du désir ou non d'enfant, du choix du nom de famille qui est quasiment toujours celui du père, de la peur que les femmes ont des hommes depuis l'enfance car trop souvent conquérants et agressifs. Cependant, l'absence d'attachement d'Eva pour son enfant m'est totalement inconnu, et j'ai trouvé la façon d'en parler très intéressante bien que terrifiante. Ça reste un mystère pour moi. Par contre, la mère éternelle coupable, eh oui ! C'est presque toujours la faute des mères. C'est ainsi que le monde veut que ce soit. Les injonctions pèsent tellement lourd qu'il faut bien que les femmes les endossent, elles qui sont si fortes ! Pourtant, tous les enfants de mère trop peu maternelle ne deviennent pas des tueurs fous ! J'ai vu dans cette histoire un gros règlement de compte... Contre cette Amérique, hypocrite à de nombreux points de vue, aveugle à ses problèmes de meurtres de masse, son arrogance et son attachement à la libre circulation des armes à feu. Contre les apparences chez une certaine bourgeoisie dont la réussite sociale doit s'afficher avec ostentation. Contre l'image idyllique de la famille américaine. Contre les diktats imposés aux femmes qui ne devraient, parait-il, s'épanouir que dans la maternité. Mais qu'est-ce qui fait tenir cette mère, cette femme qui a tout perdu ? Tout, dès le moment où elle a été enceinte ! Alors que sont énumérés, tout au long de l'histoire, les nombreux meurtres de masses perpétrés par des adolescents aux États-Unis, cela semble d'autant plus aberrant l'intransigeance avec laquelle les américains s'accrochent à leur sacro-saint deuxième amendement. Ce roman écrit en 2003 a des accents prophétiques, lorsque l'autrice fait dire à Eva [...] tu devrais voir les États-Unis sombrer, [...] être défaits par un agresseur ou devenir une chose mauvaise par corruption de l'intérieur [...]. Un livre qui se dévore. Malgré la dureté, on est happé et l'idée qui m'est venue c'est : Toi qui entre ici abandonne toute espérance. Dès les premières lignes on est pris dans la toile... La question de l'inné et de l'acquis m'a taraudée tout le long de cette lecture concernant la personnalité retorse de Kevin. Un roman qui prend à la gorge du début à la fin. Une histoire qui avait plutôt bien commencé : un homme, une femme, ils s'aiment. Point. Hélas, ils se marièrent, eurent un enfant et ne furent plus du tout heureux.
lnevrard
• Il y a 1 mois
[masquer]J’ai adoré. C’est un livre magistral. Pourtant je ne suis pas amatrice du genre épistolaire à la base. J’ai suivi l’histoire, les pensées, sentiments de cette maman, la maman d’un monstre qui a , le lecteur le sait dès le début, assassiné un enseignant et plusieurs camarades de classes. Elle peut sembler froide, mais pas de sentiments… de lucidité. Je me suis souvent demandé pourquoi le père avait ignoré ses alertes, pourquoi les lettres étaient à sens unique [/masquer] pourquoi elle n’avait plus la garde de sa fille… mais on le comprend vers la fin du livre qui jongle magnifiquement entre des actes de plus en plus horribles nous révélant pourquoi le père et la sœur sont « absents » et Kevin (ce n’est que maintenant que j’arrive à dire son nom) qui s’humanise… un peu… et une mère qui aime son fils envers et contre tout.
rosytta
• Il y a 1 mois
Eva entretient un correspondance avec son mari dont elle est séparée, des lettres qui retracent leur vie commune de leur rencontre à leur séparation mais surtout des lettres qui parlent de Kevin leur fils aîné. Un bébé difficile d'abord au côté d'une mère qui ne se sentait pas vraiment mère, un garçon trop bruyant puis trop silencieux, un garçon qui faisait peur aux autres enfants, trop mystérieux, trop idéalisé par sa soeur, et puis un adolescent qui commet l'irréparable. Ce roman est une plongée dans le quotidien à double sens de cette famille, les apparences sont trop souvent trompeuses, j'ai trouvé Eva tellement froide, tellement distante, cette lecture m'a plus d'une fois mise mal à l'aise face à un enfant qui dès le départ ne semblait être fait pour une vie paisible. C'est aussi un regard sur la société américaine, sur les armes, sur ces drames qui font la une des journaux. Un livre extrêmement bien écrit mais très lourd.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782266339896
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 688
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
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10,70 € Poche 688 pages