Vongozero : Le livre de Yana Vagner

Bien calé sur le canapé, enveloppé dans un doux duvet, café au chevet, cette lecture hivernale nous fait apprécier le confort de notre chez-soi. Le sentiment de sécurité que l'on y éprouve, aussi ! Quel miracle de pouvoir voyager sans bouger... "Vongozero", roman d'anticipation se déroulant en Russie, emprunte le chemin des pandémies...à peine une décennie avant l'apparition de la Covid. Cela fait froid dans le dos de constater à quel point ce genre de récit peut vraiment se concrétiser, peut-être à un degré un peu plus extrême ici mais tout de même...d'une clairvoyance impressionnante ! Une dizaine de personnages, tous bien présents, bien étoffés - sans doute plus au niveau psychologique qu'en descriptions physiques - et si je ne me suis pas sentie particulièrement proche d'eux, j'ai par contre ressenti, comme eux, l'urgence de fuir le chaos. Fuir la vague... Le stress est au rendez-vous. Omniprésent. Anna, le personnage principal, m'a tout de suite été antipathique mais voilà quelqu'un qui n'a pas tendance à poireauter longtemps. Elle n'attend pas, elle passe à l'action. Elle dit ce qu'elle pense (lorsqu'elle daigne ouvrir la bouche ou faire autre chose que s'allumer une cigarette) ou sinon, n'hésite pas à se faire comprendre par son comportement un peu déplaisant. Froide et égoïste, elle m'a souvent énervée. Mais tous ne sont pas là pour nous plaire... La trame est, cependant, intéressante à tous points de vue. Même si le rythme semble plutôt lent, au moins le groupe ne reste jamais longtemps au même endroit donc on a l'impression d'avancer vers un but. Les surprises nous attendent à chaque tournant, imprévisibles. Tout comme les personnages et leur façon de réagir semblent réalistes. Je me rappelle avoir été déçue par le roman "L'Hôtel", de la même autrice, pour son rythme lancinant, peut-être parce que les personnages étaient justement tous confinés au même endroit tout le long de l'histoire mais avais grandement aimé la traduction. Cette fois, j'ai apprécié tant le récit que la qualité du texte, encore traduit de façon remarquable ! Dans tous les cas, une lecture d'hiver fort divertissante en cette période de l'année où le mercure dégringole bien en-dessous de zéro ! Hâte de lire le tome suivant, intitulé "Le lac". CHALLENGE PLUMES FÉMININES

A la fois récit post-apocalyptique, road trip, huis clos, et journal intime, ce roman décrit à travers les yeux d’Anna comment une pandémie mondiale sème le chaos. A l’époque de l’écriture en 2011, ce roman pouvait passer pour de la science-fiction mais depuis 2020 et la pandémie de COVID, certains éléments rappellent de mauvais souvenirs. Cette fuite de banlieusards moscovites vers la campagne n’est pas sans rappeler la ruée des parisiens vers les campagnes françaises au moment du confinement. Ici bien sûr, l’administration politico-militaire russe n’arrange pas les choses et la situation vire vite au chaos et la fuite se fait dans un climat de tension très dense puisqu’en plus de la chienlit ambiante, les voyageurs ne s’entendent pas dès le départ. Je lirai la suite d’ici un moment.

Le début de cette histoire écrite il y a plus de 10 ans correspond incroyablement à ce qui s'est passé en hiver 2020 à l'apparition du covid 19. La ressemblance est troublante. L'épidémie et la maladie décrites dans le livre sont plus graves et plus violentes, la ressemblance avec 2020 s'arrête assez vite. Anna et son fils, son mari avec son ex femme et son fils, un couple de voisins et un couple de pseudo amis, décident de quitter la banlieue cossue de Moscou où ils vivent pour rejoindre le lac Vongozero à la frontière de la FInlande où son mari possède une petite maison où ils seront sans doute en sécurité. Un voyage donc, en hiver, dans un pays sinistré, où les rencontres sont potentiellement dangereuses et le carburant rare. Après un démarrage très intéressant, le livre s'enlise ensuite dans une successions de considérations plus ou moins intéressantes sur le comportement des gens qui entourent la narratrice Anna. C'est dommage car le défi est intéressant. Mais l'action manque, les sentiments aussi, les dialogues manquent de profondeur. La détresse d'Anna et ses pensées tourmentées finissent par être agaçantes et donnent une image déplaisante à ce personnage qui est pourtant le principal. Les autres femmes ne sont pas très sympathiques non plus, étriquées dans des comportements égoïstes et dans une bassesse peu reluisante. Les hommes s'en sortent un peu mieux que les femmes, surtout le mari et le fils d'Anna. Globalement grosse déception pour ce roman que j'ai lu après lecture de critiques intéressantes sur Babelio.

Moscou, au début de l'hiver. Une épidémie confine la population chez elle, comme dans toutes les autres grandes villes du monde. Anna attend patiemment dans sa belle maison de banlieue que la tempête passe, en buvant du thé au coin du feu entre son fils et son mari. Jusqu'à ce que le père de celui-ci arrive un beau soir sans prévenir, en leur faisant comprendre que les pillards ne vont pas tarder à débarquer, et qu'il faut donc rapidement fuir loin, très loin... "Vongozero" a été écrit en 2011, on ne peut donc pas accuser son auteure Yana Vagner de s'être inspirée de ce que nous avons connu avec la covid. Heureusement d'ailleurs, car son récit de fuite à travers les forêts enneigées de Russie fait froid dans le dos, explorant tous les méandres de l'âme humaine. Le sentiment d'urgence est réhaussé par le découpage du récit, fait de courts paragraphes de quelques pages s'enchainant implacablement sans nous donner le temps de respirer, tout comme pour les personnages d'ailleurs. Je n'ai pas accroché avec celui d'Anna, grosse égoïste qui ne pense qu'à son Sergeï de mari, non mais vraiment ! Par contre ce que j'ai particulièrement apprécié c'est la peinture de la vie quotidienne, le contexte actuel faisant qu'on a tendance à diaboliser tout ce qui se rattache à la Russie. Une belle découverte en tout cas, je recommande !