Entre deux mondes : Le livre de Olivier Norek, Guillaume Orsat
Adam a découvert en France un endroit où l'on peut tuer sans conséquences.
De (auteur) : Olivier Norek
Lu par : Guillaume Orsat
Expérience de lecture
Avis Babelio
dadounet777
• Il y a 1 semaine
Assister aux informations à la télévision ou ailleurs au sujet de la jungle de Calais est une chose mais cheminer pendant quelques semaines avec un livre sur ce sujet est une tout autre chose on n'en sort pas indemne on est pris émotionnellement révolté attristé et apeuré par tout ce qui s'y passe bien sûr la jungle n'existe plus mais il existe malheureusement encore des petites jungles un peu partout en France ou cette violence ces zones de non-droit fleurissent sans que cela nous touche vraiment ce livre nous ouvre une porte nous ouvre les yeux
shadowthrone
• Il y a 2 semaines
Ah, Olivier Norek, cet alchimiste littéraire qui transforme la souffrance en or éditorial. "Entre deux mondes", cette élégante tentative d'extraire un brevet de noblesse culturelle des décombres de notre politique migratoire. Comme c'est... opportun. L'auteur nous guide dans les méandres de la "Jungle" de Calais avec la délicatesse d'un touriste privilégié. Son protagoniste syrien, Fayed, ce parfait archétype de la victime présentable en société littéraire, erre dans les pages comme une conscience portative pour lecteurs en quête d'absolution dominicale. Son policier, Adam, joue les chevaliers servants dans un monde désenchanté avec une ingénuité qui flirte dangereusement avec l'imposture morale. Le style de Norek, aussi clinique qu'une expertise judiciaire, dissèque notre indifférence collective sans jamais nous faire véritablement saigner. Sa prose fonctionnelle, digne des meilleurs procès-verbaux, nous épargne l'inconfort d'une véritable immersion esthétique dans l'abîme. Les phrases s'enchaînent, efficaces et prévisibles, comme les étapes d'une procédure administrative bien huilée. Les dialogues s'échangent comme des cartes de visite lors d'un cocktail mondain sur le thème de l'engagement. "Je suis venu chercher la paix et j'ai trouvé l'enfer", nous murmure un personnage. Quelle subtile métaphore. Applaudissons poliment cette révélation. L'ironie la plus exquise de cette entreprise demeure cette transmutation alchimique où la misère devient matière à réflexion pour classes aisées. Norek distille la souffrance en un élixir de bonne conscience, dans un rituel où chaque page tournée nous absout un peu plus de notre confortable inaction. Les lecteurs, ces voyeurs légitimés par la culture, peuvent ainsi goûter à l'amertume sans avaler le poison. Accordons cependant à l'auteur le mérite d'avoir braqué sa lampe torche là où nos regards préfèrent se détourner. Son intention pourrait presque sembler authentique, comme celle du peintre qui capture la détresse sur sa toile – représenter l'indicible pour mieux le comprendre, ou simplement pour exister à travers lui. "Entre deux mondes" nous abandonne finalement dans les interstices d'une littérature de l'entre-deux : ni chef-d'œuvre déchirant les voiles de notre indifférence, ni simple divertissement camouflé en manifeste. Juste un miroir légèrement déformant où nous pouvons contempler notre reflet moral sans trop nous effrayer. Dans cette comédie humaine contemporaine, Norek joue les Balzac des centres de rétention, chroniqueur appliqué d'une tragédie devenue si familière qu'elle ne nous trouble même plus. Délicieuse ironie, n'est-ce pas?
Gloria4520
• Il y a 2 semaines
Encore une fois, Olivier Norek m’a emmenée dans son univers. Et j’y ai plongé corps et âme. Cette lecture a été éprouvante, bouleversante même — elle m’a arraché plusieurs larmes. La plongée dans l’enfer de la jungle de Calais, la Syrie, le Soudan, les enfants soldats, l’esclavage sexuel… tout y est. On s’enfonce dans le malheur et l’infamie, sans filtre. C’est dur, très dur. Mais c’est remarquablement bien écrit. Le côté « polar » n’est clairement pas le cœur du roman ; il sert davantage de fil rouge narratif, permettant au lecteur de respirer entre deux horreurs. Une respiration nécessaire, presque vitale, tant certaines scènes sont insoutenables. Avant cette lecture, je ne connaissais la jungle que de loin, à travers quelques reportages vite oubliés. Ce roman m’a donné envie de comprendre, d’apprendre. Une fois le livre refermé, j’ai fait mes propres recherches, pour tenter de mieux saisir l’ampleur et les origines de ce drame humain. Et il faut bien le dire : ce que j’ai découvert est loin d’être reluisant. Norek n’a clairement pas enjolivé la réalité. Le traitement réservé aux migrants par l’État français est tout simplement honteux, immoral à bien des égards. Mais qui suis-je pour juger ? Je suis Belge, et notre pays ne fait guère mieux en matière d’accueil et de solidarité envers les laissés-pour-compte. Où est passée notre humanité ? Comment pouvons-nous, en tant que société, accepter sans broncher le sort que nous réservons à des êtres humains fuyant la guerre, les massacres, la misère ? L’empathie serait-elle en voie de disparition ? Merci à Olivier Norek pour cette leçon d’histoire et de morale, subtilement mais puissamment distillée. Une lecture difficile, mais nécessaire.
lasirenedelamoine
• Il y a 2 semaines
Quelle claque ! En suivant Adam, policier syrien fuyant la guerre, on entre dans un lieu que je connaissais de nom, mais dont je n’imaginais pas l’ampleur : la Jungle de Calais. Elle a abrité jusqu’à 10.000 exilés entre 2015 et 2016 : des hommes, des femmes, des enfants, venus de Syrie, du Soudan, d’Afghanistan, d’Érythrée… Tous dans l’espoir de traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre. Ce n’était pas un camp humanitaire, mais un bidonville, fait de tentes, de cabanes en bois, de boue, de fumée… Sans eau courante, sans électricité. Une zone de non-droit, entre deux mondes (comme le titre le suggère). J’ai franchement été choquée par la manière dont Olivier Norek décrit cette misère ordinaire, cette violence quotidienne, et pour ainsi dire cette déshumanisation totale. C’est là qu’Adam arrive, pensant retrouver sa femme et sa fille Maya, mais elles ont disparu. A la place, il découvre Kilani un jeune garçon africain, brisé par ce qu’il a traversé. J’ai été touchée par leur rencontre car Adam le prend sous son aile pour tenter de sauver quelque chose ou quelqu’un, dans un monde qui ne sauve plus personne. Aussi, j’ai bien aimé Bastien, un policier français. Il est d’abord extérieur à cette détresse, puis, il ouvre les yeux peu à peu. Et moi aussi. Ce livre m’a forcée à regarder ce qu’on préfère ignorer : la manière dont on traite celleux qui fuient la guerre, la pauvreté et les persécutions. Je suis sortie de ma zone de confort en lisant ce récit… mais comme je ne regrette pas ! Ce n’est pas une lecture facile. Elle dérange, elle révolte, elle attriste aussi. Mais elle est essentielle parce que la Jungle a vraiment existé. En refermant ce livre, j’ai eu envie de regarder notre monde autrement, plus lucidement, et surtout plus humainement.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Policiers & Thrillers , Thrillers
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- EAN
- 9791036633164
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- Collection ou Série
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- Format
- Format CD audio standard
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- Dimensions
- 172 x 143 mm
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