On a beaucoup étudié l'histoire des techniques, mais celle des résistances auxquelles elles se sont heurtées, des critiques qui leur ont été adressées, reste un champ très peu labouré. C'est que, comme le rappelait le physicien Jean-Marc Lévy-Leblond, « l'histoire technologique, comme l'histoire politique, est toujours écrite par les vainqueurs ». L'historien François Jarrige comble cette lacune dans un ouvrage pénétrant, abondamment documenté, touffu, mais passionnant parce qu'il permet de mesurer à la fois la véhémence de ces « technocritiques » et l'étonnante permanence de leurs thématiques à travers le temps. Thématiques qu'on peut classer sous trois rubriques : les plaintes des victimes directes des nouvelles techniques, la dénonciation des dégâts qu'elles produisent, et enfin les dangers de « déshumanisation » qu'elles présentent.
Gérard Moatti / Les Échos
Contrairement à la vulgate, les transformations technologiques des Révolutions industrielles qui se succèdent depuis deux siècles – charbon et machines à vapeur du XIXe siècle ; électricité et robotisation du XXe ; et aujourd’hui virtualisation numérique – ne se sont jamais déroulées dans un culte consensuel du « progrès ». Au contraire, elles ont toujours été la cible de critiques virulentes, et leur apparition a suscité bien des angoisses. Telle est la thèse de François Jarrige, historien de l’université de Bourgogne, dans cet ouvrage. Deux millénaires d’histoire des techniques sont passés en revue dans ce livre synthétique et érudit au travers du prisme original de leurs contestations.
Nicolas Chevassus-au-Louis / L'Humanité
La lutte contre les machines est aussi vieille que l’invention des machines, mais que révèle-t-elle de l’évolution des sociétés et des idées ? A cette question ultracontemporaine, et cruciale pour les décennies qui viennent, François Jarrige propose une réponse qui puise son argumentaire dans l’épaisseur de l’histoire.
Sylvestre Huet / Libération
L’un des points originaux du livre demeure dans sa capacité à relier des mondes sociaux et des milieux techniques très divers (allant du monde des ouvriers typographes à celui des informaticiens ; de l’Europe occidentale au Tiers-monde) dans une histoire politique globale des techniques. D’une érudition remarquable, mêlant analyse économique, sociologique, politique, littéraire, cinématographique, l’historien revisite des terrains connus de l’historiographie auxquels il donne un éclairage neuf et critique.
Liens socio
Depuis qu’elles existent, les techniques sont objet de critiques. Celles-ci se sont renforcées depuis la Révolution industrielle du début du XIXe siècle. Elles n’exprimaient pas nécessairement un attachement au passé ou un refus par principe de tout progrès humain. Il se trouve que l’identification du progrès technique à la prospérité, à la paix et au bonheur, le « technofidéisme » qui s’impose comme un « dogme » de la civilisation occidentale, conduit à refouler, oublier ou considérer avec condescendance les diverses oppositions que génère le « système technicien » (Ellul). L’ouvrage en propose une histoire très documentée. Il montre que les malaises que l’on peut éprouver aujourd’hui (la machine contre l’humain) ont des précurseurs dès la fin du XVIIIe siècle. Il importe de retrouver les « alternatives oubliées » à la domination exclusive de la vision mécanique. La progression est chronologique : les premiers développements industriels, la « Belle époque » des machines, les courants contemporains. La parole est donnée aussi bien aux intellectuels (Bernanos, Anders, Jonas, Illich, etc.) que (ce qui est moins fréquent) aux paysans et aux ouvriers, à tous ces techniciens qui sont d’abord des praticiens des techniques. Il faut prendre conscience que la technique n’est pas « neutre », dans la mesure où elle a à voir avec la puissance et le pouvoir. L’érudition de l’auteur fait de ce livre un ouvrage de référence dans un champ encore peu exploité.
François Euvé / Études
Comment arrêter le progrès
Sans cesse le progrès, roue au double engrenage », a écrit Victor Hugo, « fait marcher quelque chose en écrasant quelquun ». Dans un ouvrage érudit, lhistorien F. Jarrige recense les diverses manières dont le monde social a pu et pourra encore résister au progrès technique et à lidéologie qui laccompagne.
La vie des médias
Le rapport que les sociétés contemporaines entretiennent avec la technique est paradoxal à bien des égards. Si nous sommes toujours plus fascinés par les innovations technologiques qui colonisent notre environnement (à l'image des smartphones, tablettes etc.), l'incertitude engendrée par les sciences et techniques n'a par ailleurs jamais été aussi forte et susceptible d'engendrer des formes de rejets parfois violents. Comment ces différentes conceptions parviennent-elles à cohabiter dans nos sociétés ? C'est la question que pose l'ouvrage de François Jarrige, Technocritiques, qui nous invite à interroger la place de la technique dans l'organisation sociale et la variété des rapports au monde qui en découlent.
Clément Mabi / La vie des idées
Avec le petit pavé de 430 pages en poche : TECHNO-CRITIQUES – du refus des machines à la contestation des technosciences, les Éditions La Découverte assènent un coup de pied salutaire au postérieur replet des techniques et sciences en général, de ces fameux progrès que les gouvernements imposent. Cet historique décomplexe pour CRITIQUER vraiment les progrès technologiques. Notez que ce ne sont jamais les inventions en elles-même qui sont en cause, mais l'ABUS qui en fait : l'obligation de les utiliser massivement, sans aucun frein ! Il n'existe AUCUN organisme international de dosage ou de blocage d'inventions inutiles ou trop polluantes, ou abusives en matière écologique et humaine !
Jean Rouzaud / Nova Planet