Apeirogon : Le livre de Colum McCann
Rami Elhanan est israélien, fils d'un rescapé de la Shoah, ancien soldat de la guerre du Kippour ; Bassam Aramin est palestinien, et n'a connu que la dépossession, la prison et les humiliations.
 Tous deux ont perdu une fille. Abir avait dix ans, Smadar, treize ans.
 Passés le choc, la douleur, les souvenirs, le deuil, il y a l'envie de sauver des vies.
 Eux qui étaient nés pour se haïr décident de raconter leur histoire et de se battre pour la paix.
 
 Afin de restituer cette tragédie immense, de rendre hommage à l'histoire vraie de cette amitié, Colum McCann nous offre une œuvre totale à la forme inédite ; une exploration tout à la fois historique, politique, philosophique, religieuse, musicale, cinématographique et géographique d'un conflit infini. Porté par la grâce d'une écriture, flirtant avec la poésie et la non-fiction, un roman protéiforme qui nous engage à comprendre, à échanger et, peut-être, à entrevoir un nouvel avenir.
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Prix Transfuge littérature étrangère
Prix du Meilleur Livre étranger 2020
De (auteur) : Colum McCann
Traduit par : Clément Baude
Ressources
- Apeirogon - 1er chapitre Télécharger
 
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
kerovran
• Il y a 5 jours
Apeirogon est un livre difficile. Le sujet en est le conflit israelo-palestinien, le travail de deuil, et l'amitié entre 2 hommes qui ont chacun perdu une fillette au cours de ce conflit. L'un est israelien, l'autre palestinien. Le style est parfaitement en accord avec le sujet traité. L'auteur utilise de multiples voies d'entrée avec de multiples chapitres. Cela reflète l'éclatement de la vie de ces 2 hommes après le décès de leur fille respective. Je dis que c'est un livre difficile car les 2 hommes se sont donnés pour mission de parler de leur histoire, encore et encore, pour essayer de faire progresser la paix en proposant une compréhension de l'autre. Cela ressemble au mythe de Sisyphe. C'est le sens qu'ils donnent à leur vie dorénavant... L'ampleur du travail à réaliser semble tellement immense..
Laveze
• Il y a 1 mois
Apeirogon de Colum McCann C’est un très beau et très grand livre que nous propose Colum McCann avec son Apeirogon. S’attaquer au conflit israélo palestinien n’est pas chose aisée et il a brillamment relevé ce défi en racontant l’histoire de deux hommes, Rami «un graphiste, un israélien, un juif, un Jérusalémite de la septième génération, un diplômé de l’Holocauste »et Bassam un palestinien, musulman, arabe, ancien prisonnier, militant. Ils ont en commun un drame à dix ans d’écart, la perte d’un enfant, une souffrance absolue. Et leur réaction les amènera, plutôt qu’à se venger, à s’interroger sur le sens de cette violence et la solution qu’ils pourraient trouver pour mettre fin à cette haine. La réponse pourrait sembler banale, évidente mais elle tient toute entière dans cette phrase, «Ça ne s’arrêtera pas tant que nous ne discuterons pas ». Alors ils vont rejoindre le Cercle des parents, raconter, expliquer, avec ceux qui ont subi le même préjudice de la perte d’un être aimé, familles palestiniennes et israéliennes, rassemblées par la douleur et le désir d’arrêter ces massacres. Plus tard, les Combattants de la paix suivraient. L’auteur utilise de très courts chapitres qui couvrent des tranches de vie, des anecdotes, il n’y a pas de chronologie, mais c’est sûrement dans ces moments au quotidien que l’on mesure l’horreur de ce système qu’est l’Occupation. C’est à la fois un réquisitoire et une prière pour la paix. Evidemment Colum McCann n’est pas naïf, il y croit à cette possibilité de vivre ensemble mais il mesure les obstacles. Écrit en 2020, quand on voit où l’on en est en 2025, l’optimisme va être difficile à maintenir. Extraordinaire roman, un de ses plus puissants. «Si vous divisez la mort par la vie, vous obtenez un cercle »
Ladybirdy
• Il y a 2 mois
Apeirogon n’est pas simplement un roman-fleuve de plus de 600 pages. C’est, à mes yeux, un véritable chef-d’œuvre littéraire. Colum McCann ne cherche pas à enrober ni à juger : il tente de montrer, avec une objectivité implacable, l’absurdité du conflit israélo-palestinien. Ce texte polyphonique décortique Israël et la Palestine sous des formes infinies, fragmentées comme des éclats de miroir. Il mêle récits, anecdotes, digressions et références multiples : Einstein, Freud, Philippe Petit, les oiseaux migrateurs, les mathématiques, la musique, la poussière, l’écriture. Tout devient prétexte à rappeler que ce conflit, dans sa cruauté répétitive, est à la fois vain et surréaliste. Au centre du récit, deux hommes : Bassam, Palestinien, qui finira par étudier l’Holocauste, et Rami, Israélien, qui choisira de s’opposer à l’Occupation. Tous deux sont liés par une douleur insupportable : la perte de leur fille, tuée dans la haine que se vouent les deux camps. Ensemble, ils refusent le silence. Ensemble, ils répètent qu’aucune guerre, qu’aucune vengeance, ne saurait jamais justifier la mort d’un enfant. Ce livre m’a arrachée à ma zone de confort. J’ai souvent interrompu ma lecture pour chercher, creuser, comprendre davantage l’histoire de cette terre. En 1948, la Palestine acceptait de partager son territoire lors de la création d’Israël. Aujourd’hui, elle est presque entièrement colonisée, Gaza réduite à la famine et à la poussière par des méthodes d’une brutalité inouïe. McCann rappelle sans relâche cette vérité : la vengeance n’engendre que le sang, la ruine et le désespoir, alors qu’il serait si simple de choisir la paix. Tel est le propos de ce livre magistral, où l’auteur regarde tour à tour le ciel de Jérusalem et celui de Jéricho, et n’y voit que brume et obscurité. Apeirogon est une lecture exigeante, mais elle laisse une empreinte indélébile : celle d’un cri universel contre l’injustice et la haine.
gpatro01
• Il y a 2 mois
Il existe trop de livres. Comment se repérer dans un flux éditorial incessant ? Babelio peut servir à cela : nous donner des idées de livres. Sans le site, il n’est pas certain que j’aurais lu Apeirogon. Et j’aurais raté une pièce essentielle de la littérature contemporaine. Certes, il faut s’intéresser au conflit israélo-palestinien pour apprécier ce livre. Ceux qui ne s’en soucient pas ne le liront sans doute pas. Ils auront tort, car ce livre est aussi, et peut-être surtout, une écriture. Plus qu’une écriture, un mode d’écriture, d’une très grande originalité. Car, s’il s’agit d’un roman, avec un narratif, Apeirogon n’est pas que cela. Il propose aussi un nombre important d’incises, historiques, littéraires, poétiques. Parfois Apeirogon se transforme en recueil d’aphorismes. Il bouscule les règles du genre romanesque. Cependant, le sujet principal du livre, son épine dorsale, reste une histoire, celle de deux hommes, un juif israélien et un arabe palestinien. Les deux ont perdu une fille, l’une victime d’un attentat suicide, l’autre d’un tir israélien. Leur souffrance, leur haine, leur désir de vengeance finissent par se dissoudre dans la douleur. Les deux hommes se rencontrent au sein d’une association de parents de victimes. Ils deviennent amis. Et se battent avec des mots dans l’espoir d’une solution pacifique au conflit. Ils n’ont aucune illusion sur l’efficacité de leur action. Mais ils roulent leur rocher, comme Sisyphe. Car, pour eux, plus rien d’autre n’a de sens. Colum McCann réussit, dans son récit, un tour de force rare. Celui de nous faire pénétrer dans l’intimité, le quotidien d’un conflit que nous ne connaissons pas. Ou si mal. Nous pensons connaitre, mais nous ne savons rien. Ce livre parvient à humaniser des faits que nous ne pouvions qu’effleurer. Il fracasse les tentatives permanentes d’essentialisation qui rendent impossible la compréhension de cette guerre éternelle. Il nous permet de nous souvenir que, derrière le logo Israël /Palestine, il y a des hommes, des femmes, des enfants qui souffrent et qui ont peur. Qu’il n’y a pas, quelle que soit notre grille de lecture, des victimes et des bourreaux. Ou plutôt que les victimes et les bourreaux sont partout et que, entre eux, toutes les nuances humaines se rencontrent, dans leur infinie diversité. Mieux encore, que la personnalité d’un homme, ses croyances, sa perception du monde ne sont jamais figées. Ce livre, au delà de ses qualités littéraires, a le mérite d’ébranler nos certitudes et, à condition d’y être attentif, peut nous rendre meilleurs. Apeirogon n’est pas, à proprement parler, un livre d’espoir. C’est un livre humaniste, mais désillusionné. Nous mesurons le gouffre d’incompréhension, aggravé par une violence de plus en plus prégnante, qui sépare les deux peuples. Mais rien ne se construit par la violence, hormis la violence, qui se nourrit d’elle-même. L’état d’Israël est mal engagé. Ne disposant pas de constitution, il vient d’inclure dans ses lois fondamentales la notion d’ « Israël, état des juifs ». Mais qui sont ces juifs ? Ceux qui se reconnaissent comme tels ? Le peuple juif peut-il se définir simplement ? Je défie quiconque de se livrer à l’exercice. A condition de faire preuve d’objectivité et de bonne foi, il n’y parviendra pas. Les juifs ont perduré en tant que tels parce que les autres peuples les ont essentialisés. Les juifs n’ont pas besoin d’être juifs. Ce sont les autres qui ont besoin du juif. Ils sont le bouc émissaire ultime. Ils endossent ce rôle, contre leur gré, un peu partout dans le monde, même dans les pays où il n’y a pas de juifs. Sauf peut-être aux Etats-Unis. Là-bas, ce sont les noirs qui font office de bouc émissaire. Le racisme antinoir aux USA est l’équivalent parfait de l’antisémitisme. C’est pour cela que les juifs américains se sentent si bien aux Etats-Unis. Le bouc émissaire des juifs israéliens sont les palestiniens. Le bouc émissaire des palestiniens sont les juifs israéliens. Il y a un passage (parmi d’autres) dans le livre qui m’a marqué. C’est lorsque le juif israélien parle et explique que les palestiniens n’existent pas dans la vie « normale ». A moins d’être un colon ou d’appartenir à l’armée, on ne les voit jamais. Ils sont une abstraction. Je suis personnellement allé en Israël. Un jour, nous sommes allés vers la mer Morte en partant de Jérusalem. J’ai vu le mur de séparation. Puis nous avons roulé jusqu’à un check-point. Que nous avons traversé sans difficulté. Forcément, nous étions deux français et un franco-israélien. Ce n’est que bien après mon retour que j’ai pris conscience, en regardant une carte, que nous avions traversé la Cisjordanie. Je suis allé en Israël. Je n’ai rien vu. Rien compris. Je viens de finir Apeirogon. Maintenant, j’ai compris quelque chose. La seule solution pour Israël ce n’est peut-être pas celle à deux états. C’est sans doute un seul pays pour deux peuples et une égalité des droits. Autant dire que cela n’est pas pour demain. En attendant les rancœurs cultivent la haine, la haine la violence, et la violence se cultive elle-même. Mais trop d’hommes se complaisent dans l’essentialisation de l’ennemi. C’est tellement confortable d’avoir quelqu’un sur lequel on peut vomir sa haine. C’est reposant, on ne réfléchit plus, on ne comprend plus rien à rien, mais l’on croit comprendre quelque chose. Cela en devient presque jouissif. Nietzche écrivait : « Ce n’est pas le doute qui rend fou, c’est la certitude ». Or la folie est dangereuse, ca le fou ne se sait pas fou. Dans Apeirogon, il n’y a aucune certitude. Ni essentialisation. Il n’y a que du doute, de la souffrance et de la beauté. Beaucoup de pudeur. Jamais de pathos. Une œuvre magnifique. Qui ne servira à rien ? Sans doute. La preuve ; le roman fut écrit avant le 07 octobre 2023. Je répète: une œuvre qui ne servira à rien ? Elle servira en tout cas à ceux qui ont souffert pour les victimes juives et palestiniennes. A ceux qui hésitent entre la colère et l’effroi à l’évocation du Hamas et des suprématistes juifs. Bref, à tous ceux qui, sans espoir ni illusion, ont choisi le camp de la paix.
Avis des membres
Fiche technique du livre
- 
            
- Genres
 - Romans , Roman Étranger
 
 - 
            
- EAN
 - 9782714450081
 
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- Collection ou Série
 - Littérature étrangère
 
 - 
            
- Format
 - Grand format
 
 - 
            
- Nombre de pages
 - 512
 
 - 
            
- Dimensions
 - 226 x 142 mm
 
 
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