Apeirogon : Le livre de Colum McCann
Rami Elhanan est israélien, fils d'un rescapé de la Shoah, ancien soldat de la guerre du Kippour ; Bassam Aramin est palestinien, et n'a connu que la dépossession, la prison et les humiliations.
Tous deux ont perdu une fille. Abir avait dix ans, Smadar, treize ans.
Passés le choc, la douleur, les souvenirs, le deuil, il y a l'envie de sauver des vies.
Eux qui étaient nés pour se haïr décident de raconter leur histoire et de se battre pour la paix.
Afin de restituer cette tragédie immense, de rendre hommage à l'histoire vraie de cette amitié, Colum McCann nous offre une œuvre totale à la forme inédite ; une exploration tout à la fois historique, politique, philosophique, religieuse, musicale, cinématographique et géographique d'un conflit infini. Porté par la grâce d'une écriture, flirtant avec la poésie et la non-fiction, un roman protéiforme qui nous engage à comprendre, à échanger et, peut-être, à entrevoir un nouvel avenir.
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Prix Transfuge littérature étrangère
Prix du Meilleur Livre étranger 2020
De (auteur) : Colum McCann
Traduit par : Clément Baude
Ressources
- Apeirogon - 1er chapitre Télécharger
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Ladybirdy
• Il y a 2 semaines
Apeirogon n’est pas simplement un roman-fleuve de plus de 600 pages. C’est, à mes yeux, un véritable chef-d’œuvre littéraire. Colum McCann ne cherche pas à enrober ni à juger : il tente de montrer, avec une objectivité implacable, l’absurdité du conflit israélo-palestinien. Ce texte polyphonique décortique Israël et la Palestine sous des formes infinies, fragmentées comme des éclats de miroir. Il mêle récits, anecdotes, digressions et références multiples : Einstein, Freud, Philippe Petit, les oiseaux migrateurs, les mathématiques, la musique, la poussière, l’écriture. Tout devient prétexte à rappeler que ce conflit, dans sa cruauté répétitive, est à la fois vain et surréaliste. Au centre du récit, deux hommes : Bassam, Palestinien, qui finira par étudier l’Holocauste, et Rami, Israélien, qui choisira de s’opposer à l’Occupation. Tous deux sont liés par une douleur insupportable : la perte de leur fille, tuée dans la haine que se vouent les deux camps. Ensemble, ils refusent le silence. Ensemble, ils répètent qu’aucune guerre, qu’aucune vengeance, ne saurait jamais justifier la mort d’un enfant. Ce livre m’a arrachée à ma zone de confort. J’ai souvent interrompu ma lecture pour chercher, creuser, comprendre davantage l’histoire de cette terre. En 1948, la Palestine acceptait de partager son territoire lors de la création d’Israël. Aujourd’hui, elle est presque entièrement colonisée, Gaza réduite à la famine et à la poussière par des méthodes d’une brutalité inouïe. McCann rappelle sans relâche cette vérité : la vengeance n’engendre que le sang, la ruine et le désespoir, alors qu’il serait si simple de choisir la paix. Tel est le propos de ce livre magistral, où l’auteur regarde tour à tour le ciel de Jérusalem et celui de Jéricho, et n’y voit que brume et obscurité. Apeirogon est une lecture exigeante, mais elle laisse une empreinte indélébile : celle d’un cri universel contre l’injustice et la haine.
gpatro01
• Il y a 2 semaines
Il existe trop de livres. Comment se repérer dans un flux éditorial incessant ? Babelio peut servir à cela : nous donner des idées de livres. Sans le site, il n’est pas certain que j’aurais lu Apeirogon. Et j’aurais raté une pièce essentielle de la littérature contemporaine. Certes, il faut s’intéresser au conflit israélo-palestinien pour apprécier ce livre. Ceux qui ne s’en soucient pas ne le liront sans doute pas. Ils auront tort, car ce livre est aussi, et peut-être surtout, une écriture. Plus qu’une écriture, un mode d’écriture, d’une très grande originalité. Car, s’il s’agit d’un roman, avec un narratif, Apeirogon n’est pas que cela. Il propose aussi un nombre important d’incises, historiques, littéraires, poétiques. Parfois Apeirogon se transforme en recueil d’aphorismes. Il bouscule les règles du genre romanesque. Cependant, le sujet principal du livre, son épine dorsale, reste une histoire, celle de deux hommes, un juif israélien et un arabe palestinien. Les deux ont perdu une fille, l’une victime d’un attentat suicide, l’autre d’un tir israélien. Leur souffrance, leur haine, leur désir de vengeance finissent par se dissoudre dans la douleur. Les deux hommes se rencontrent au sein d’une association de parents de victimes. Ils deviennent amis. Et se battent avec des mots dans l’espoir d’une solution pacifique au conflit. Ils n’ont aucune illusion sur l’efficacité de leur action. Mais ils roulent leur rocher, comme Sisyphe. Car, pour eux, plus rien d’autre n’a de sens. Colum McCann réussit, dans son récit, un tour de force rare. Celui de nous faire pénétrer dans l’intimité, le quotidien d’un conflit que nous ne connaissons pas. Ou si mal. Nous pensons connaitre, mais nous ne savons rien. Ce livre parvient à humaniser des faits que nous ne pouvions qu’effleurer. Il fracasse les tentatives permanentes d’essentialisation qui rendent impossible la compréhension de cette guerre éternelle. Il nous permet de nous souvenir que, derrière le logo Israël /Palestine, il y a des hommes, des femmes, des enfants qui souffrent et qui ont peur. Qu’il n’y a pas, quelle que soit notre grille de lecture, des victimes et des bourreaux. Ou plutôt que les victimes et les bourreaux sont partout et que, entre eux, toutes les nuances humaines se rencontrent, dans leur infinie diversité. Mieux encore, que la personnalité d’un homme, ses croyances, sa perception du monde ne sont jamais figées. Ce livre, au delà de ses qualités littéraires, a le mérite d’ébranler nos certitudes et, à condition d’y être attentif, peut nous rendre meilleurs. Apeirogon n’est pas, à proprement parler, un livre d’espoir. C’est un livre humaniste, mais désillusionné. Nous mesurons le gouffre d’incompréhension, aggravé par une violence de plus en plus prégnante, qui sépare les deux peuples. Mais rien ne se construit par la violence, hormis la violence, qui se nourrit d’elle-même. L’état d’Israël est mal engagé. Ne disposant pas de constitution, il vient d’inclure dans ses lois fondamentales la notion d’ « Israël, état des juifs ». Mais qui sont ces juifs ? Ceux qui se reconnaissent comme tels ? Le peuple juif peut-il se définir simplement ? Je défie quiconque de se livrer à l’exercice. A condition de faire preuve d’objectivité et de bonne foi, il n’y parviendra pas. Les juifs ont perduré en tant que tels parce que les autres peuples les ont essentialisés. Les juifs n’ont pas besoin d’être juifs. Ce sont les autres qui ont besoin du juif. Ils sont le bouc émissaire ultime. Ils endossent ce rôle, contre leur gré, un peu partout dans le monde, même dans les pays où il n’y a pas de juifs. Sauf peut-être aux Etats-Unis. Là-bas, ce sont les noirs qui font office de bouc émissaire. Le racisme antinoir aux USA est l’équivalent parfait de l’antisémitisme. C’est pour cela que les juifs américains se sentent si bien aux Etats-Unis. Le bouc émissaire des juifs israéliens sont les palestiniens. Le bouc émissaire des palestiniens sont les juifs israéliens. Il y a un passage (parmi d’autres) dans le livre qui m’a marqué. C’est lorsque le juif israélien parle et explique que les palestiniens n’existent pas dans la vie « normale ». A moins d’être un colon ou d’appartenir à l’armée, on ne les voit jamais. Ils sont une abstraction. Je suis personnellement allé en Israël. Un jour, nous sommes allés vers la mer Morte en partant de Jérusalem. J’ai vu le mur de séparation. Puis nous avons roulé jusqu’à un check-point. Que nous avons traversé sans difficulté. Forcément, nous étions deux français et un franco-israélien. Ce n’est que bien après mon retour que j’ai pris conscience, en regardant une carte, que nous avions traversé la Cisjordanie. Je suis allé en Israël. Je n’ai rien vu. Rien compris. Je viens de finir Apeirogon. Maintenant, j’ai compris quelque chose. La seule solution pour Israël ce n’est peut-être pas celle à deux états. C’est sans doute un seul pays pour deux peuples et une égalité des droits. Autant dire que cela n’est pas pour demain. En attendant les rancœurs cultivent la haine, la haine la violence, et la violence se cultive elle-même. Mais trop d’hommes se complaisent dans l’essentialisation de l’ennemi. C’est tellement confortable d’avoir quelqu’un sur lequel on peut vomir sa haine. C’est reposant, on ne réfléchit plus, on ne comprend plus rien à rien, mais l’on croit comprendre quelque chose. Cela en devient presque jouissif. Nietzche écrivait : « Ce n’est pas le doute qui rend fou, c’est la certitude ». Or la folie est dangereuse, ca le fou ne se sait pas fou. Dans Apeirogon, il n’y a aucune certitude. Ni essentialisation. Il n’y a que du doute, de la souffrance et de la beauté. Beaucoup de pudeur. Jamais de pathos. Une œuvre magnifique. Qui ne servira à rien ? Sans doute. La preuve ; le roman fut écrit avant le 07 octobre 2023. Je répète: une œuvre qui ne servira à rien ? Elle servira en tout cas à ceux qui ont souffert pour les victimes juives et palestiniennes. A ceux qui hésitent entre la colère et l’effroi à l’évocation du Hamas et des suprématistes juifs. Bref, à tous ceux qui, sans espoir ni illusion, ont choisi le camp de la paix.
minuit08
• Il y a 2 semaines
Ce livre est un chef d’œuvre. La construction est certes un peu étonnante, on va dans un sens, puis dans l’autre. Des chapitres sont parfois très courts. Il y a des digressions. Mais le fond est tellement humain, et on en a tellement besoin en ce moment. L’histoire est celle de 2 pères. Un israélien et un palestinien. Les deux ont perdu leur fille dans des conditions tragiques, à cause de la violence de l’autre camp. Et les deux sont amis. J’ai lu ce livre peu de temps après le 7 octobre 2023, et depuis il me hante. Que sont devenus ces deux pères? Où en sont-ils actuellement?
Patrijob
• Il y a 3 semaines
Un roman tellement d'actualité ! Un cri d'espoir (ou de désespoir) dans ce conflit qui n'en finit pas de détruire des vies, des familles, des terres... Deux hommes ont perdu chacun une fille dans cet enfer. Bassam, le Palestinien, et Rami, l'Israélien. Abir, 10 ans, touchée mortellement à la nuque par un soldat israélien. Smadar, 13 ans, tuée dans l'attentat palestinien de Ben Yehuda Street. Deux hommes qui, au-delà de la souffrance, de la colère, se rencontrent et cherchent à comprendre. Car en fin de compte, ne sont-ils pas semblables dans leurs différences ? "Connais ton ennemi" enseignait-on à Bassam... Pour mieux l'abattre ? Lui, a décidé que ce serait pour mieux l'accepter. Ensemble, ils témoignent, partout. Ensemble, ils réfléchissent. Ils ont rejoint des associations tels les Combattants pour la Paix. Colum McCann nous retrace leur parcours, mais pas que... Son récit est un foisonnement de réflexions, de références historiques, bibliques, culturelles. Il nous en fait part sous la forme de 2 × 500 courts chapitres, parfois très brefs. Entre ces deux séries, les pensées des deux hommes, comme une parenthèse de 30 pages, sont percutantes, dérangeantes, tellement évidentes pourtant. Un livre nécessaire, à la construction déroutante, entre roman et témoignage. En le lisant, on se dit que la volonté est là, quelque part, et qu'il suffirait de si peu de choses, peut-être....
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782714450081
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- Collection ou Série
- Littérature étrangère
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 512
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- Dimensions
- 226 x 142 mm
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23,00 € Grand format 512 pages