Ailleurs : Le livre de Richard Russo
Un monde ailleurs : c'était le rêve de Jean Russo, femme fière, charmante, autoritaire mais fragile, brisée dans son désir d'indépendance par de violentes crises nerveuses. À chaque étape de la vie de son fils, de son enfance à Gloversville à son mariage, elle l'a suivi comme une ombre encombrante et intouchable. À cette mère fêlée, et muse, l'écrivain offre un vibrant portrait et saisit avec lucidité le lien singulier qui unit une mère à son fils.
" Intense, subtil et sensible (...) une tendre partition, faite de regrets mais aussi d'amour. De beaucoup d'amour. "
Elle
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch
De (auteur) : Richard Russo
Traduit par : Jean Esch
Expérience de lecture
Avis Babelio
PtitVincent
• Il y a 11 mois
Dès l'enfance, Richard Russo s'est retrouvé élevé par sa seule mère. Ce qui dans les années 50 et 60 était assez mal considéré. Jean Russo, après les déconvenues de son mariage (pour le portrait du père, voir le roman Quatre saisons à Mohawk) décide de vivre comme parent isolé et de travailler. Cela crée entre la mère et son fils une relation particulière, extrêmement forte, une sorte d'union contre le reste du monde. Et durant plus d'un demi-siècle, Richard Russo n'aura de cesse de s'occuper de celle-ci, même si elle revendique son indépendance et son autonomie. Et surtout, elle sera en quête perpétuelle du bonheur, persuadée de le trouver ailleurs. Car, toute sa vie, elle naviguera de Gloversville, petite ville de l'État de New York, où vivent les grands-parents et les diverses destinations qu'elle ne choisit pas forcément puisqu'elle suit son fils, d'abord sur son lieu d'études, puis selon les divers postes de professeur qu'il obtient au fur et à mesure de sa carrière. Gloversville qu'elle déteste lorsqu'elle y séjourne et regrette lorsqu'elle en est loin. Une recherche continuelle d'ailleurs et d'insatisfaction, que son fils devra gérer, avec parfois une culpabilité envers elle (de ne pas pouvoir l'aider assez) ou envers sa famille (de parfois trop en faire au dépens de son épouse et de ses filles). Une relation marquée par les problèmes psychologiques d'une mère possessive, sans doute maniaco-dépressive (maladie inconnue à cette époque), sous médicaments et imprégnée de nombreux tocs. Mais une mère qui a su sacrifier pour l'éducation de son fils ses jeunes années et des relations avec d'autres hommes que son père. Un récit autobiographique touchant qui permet également de découvrir certains éléments dans son oeuvre, à commencer par la ville de Gloversville qui ressemble étonnamment à Mohawk, North Bath ou Empire Falls dans les romans de Richard Russo. Un hommage tout en finesse et subtilité qui caractérisent bien les livres de l'auteur.
Laveze
• Il y a 2 ans
AILLEURS de RICHARD RUSSO Gloversville au nord des Adirondaks, célèbre pour ses gants est désormais une ville endormie, presque abandonnée. Son grand père y était artisan, sa mère vient de mourir et en dispersant ses cendres à Martha’s VINEYARD, il rêve qu’il s‘est perdu avec elle. Jeune elle était belle, rapidement séparée d’un mari joueur et jaloux qui ne paiera jamais la pension alimentaire. Il vivra donc avec sa mère qui travaille pour GE. Au moment de choisir sa fac, il va viser l’Arizona pour s’éloigner de l’emprise de sa mère, elle l’encourage. Ce qu’il n’a pas perçu c’est qu’elle va quitter son boulot et le suivre! Il va se marier plus tard avec Barbara, ils auront deux enfants et sa mère ne sera jamais loin avec des retours à Gloversville qu’elle déteste( elle a l’impression d’y être en cage)mais qui reste une attache familiale. Cette mère omniprésente est instable, elle a « ses nerfs » son ex mari la disait cinglée! Sa vie sera une longue suite de dépressions qui iront en s’amplifiant. «N’ai je pas droit à une vraie vie? » sera son leitmotiv. Une chronique douce amère, très autobiographique qui ne manque ni de charme, ni d’intérêt mais ce lien fils/mère,compte tenu de cette maladie, finit par tourner un peu en rond. Pas mon préféré chez Russo.
Clodegrans
• Il y a 3 ans
J'aime Richard Russo et l'ambiance qui imprègne tous ses livres faite de nostalgie de mélancolie et de poésie. "Ailleurs" n'est pas un roman mais le récit de la vie de sa mère et par ricochet le récit de sa propre vie, en effet il est resté inextricablement lié à elle tout au long de son existence. C'est également la description d'une petite ville ouvrière, Gloversville, capitale du gant, dans les années cinquante soixante et tout ce que ça implique de misère pour ces ouvriers fiers de leur savoir mais qui se sont contaminés lentement à cause des vapeurs de tous les produits toxiques utilisés en ce temps-là sans qu'aucune précautions ne soit prise pour épargner les salariés. Richard Russo a vécu là toute son enfance et a assisté au lent déclin de la région quand tous les marchés sont partis à l'étranger où se trouvait une main-d'œuvre à bas coût. La mère de l'auteur qui élève seule son fils, a une personnalité flamboyante mais son fils va mettre longtemps avant de se rendre compte que sa mère souffre d'une maladie mentale qui ne fera que s'aggraver avec le temps. Ce récit est le récit de l'immense amour que se portent ces deux êtres . Et contre vents et marées Richard Russo ne lâchera jamais sa mère et malgré ce, il ne pourra pas s'empêcher d'éprouver un immense sentiment de culpabilité, notamment celui de n'avoir pas pu déceler toutes les angoisses qu'éprouvait cette femme. Bref un beau récit émouvant que les lecteurs de Richard Russo ne pourront qu'aimer.
lalahat
• Il y a 3 ans
Ce très beau récit autobiographique, écrit à la première personne, dégage beaucoup de force dans l'écriture elle-même. On pourrait le rapprocher des œuvres de John Fante. Il atteint un niveau d'émotion similaire et s'inscrit dans un contexte américain peut être différent, mais marqué par les mêmes difficultés à vivre et survivre à une époque économiquement très dure. Les situations sont rapportées avec un humour assez comparable à celui de John Fante. L'enfance se passe à Gloversville, petite ville située au nord de New York, économiquement sinistrée. L'éditeur a choisi une magnifique photo de couverture qui expose d'emblée le sujet : le rapport d'un fils avec sa mère aussi admirable sous certains aspects que nocif sous d'autres. Le retour qu'effectue l'auteur sur son parcours et celui de sa mère lui permet de porter un regard plus critique et lucide sur leur relation et sur la personnalité maladive de la mère, mais n'est jamais exempt de culpabilité. Dans un premier temps, on peut être touché par la proximité mère-fils. Elle est seule à l'élever car séparée. Les grands parents occupent une place prépondérante dans leur vie. Ils assurent la survie financière de leur fille et petit fils et apportent de la stabilité dans leur vie. Mais la situation est vécue comme humiliante et oppressante par la mère qui aspire a plus de liberté pour mener sa vie. Au moment déterminant de l'entrée à l'université du jeune Richard, elle décide de prendre l'envol et de quitter avec lui le nid familial, une audace qu'elle n'aurait jamais eue seule. Cela donne lieu à un récit épique de road trip de Gloversville à Phoenix puis Tucson en Arizona. On apprécierait, en annexe, une carte avec l'itinéraire parcouru. La mère ira jusqu'à Pacifica, au sud de San Francisco. Richard va, durant toute sa vie, devoir subir sa mère instable, incapable de trouver sa place dans le monde du travail comme dans sa vie affective. C'est toujours vers son fils qu'elle se tourne lorsqu'elle est au bord de la dépression nerveuse. Il est son "refuge". A aucun moment il ne la rejette. Il met tout en œuvre pour la récupérer et organiser sa vie, sans se poser de question, au péril de son propre équilibre. C'est dans une terrible solitude qu'il se trouve face à une pathologie jamais nommée ni vraiment identifiée. Parallèlement à ce fil conducteur, le récit se focalise sur l'histoire de Gloversville. L'auteur porte à sa ville natale des sentiments mêlés d'amour et de haine, comme en a connus sa mère. Gloversville est le berceau de la famille, mais contient aussi des éléments toxiques et destructeurs. Les dernières pages sont très intéressantes ; l'auteur y aborde des questions qui dépassent Gloversville et concernent toute l'histoire de l'Amérique et son système économique. Ailleurs, c'est la quête de toute une vie, pour ce qui concerne la mère de l'auteur, et pour lui-même, c'est le moteur de son écriture et de son imaginaire. Il ne s'agit pas d'une autobiographie à proprement parler mais plutôt de mémoires, et surtout d'un texte écrit en hommage à celle qui lui a transmis son goût pour la lecture et sans qui il ne serait pas devenu écrivain.
Avis des membres
Fiche technique du livre
-
- Genres
-
- EAN
- 9782264065186
-
- Collection ou Série
- Littérature étrangère
-
- Format
- Poche
-
- Nombre de pages
- 264
-
- Dimensions
- 178 x 109 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
8,60 € Poche 264 pages