Apnée : Le livre de Sonja Delzongle

Un thriller assez classique avec une enquête à rebondissement mais qui ne m’a pas complètement emportée même si j’ai englouti les 500 pages assez vite. J’ai trouvé le roman un peu long et la multitude de pistes m’a parfois un peu perdue mais j’ai trouvé la résolution finale vraiment bonne !

Plonger dans Apnée, c’est se laisser happer par un courant inconnu, mais qui m’a happée dès les premières lignes. Sonja Delzongle tisse des voix multiples, des regards croisés, et chacun d’eux devient une fenêtre ouverte sur l’âme humaine. On aime, on s’attache, puis l’on déteste, presque malgré soi, car les personnages se dévoilent dans toute leur complexité, fragiles, cruels, beaux et terriblement humains. Les sujets sont sensibles, brûlants, mais décrits avec une justesse qui serre le cœur. La lecture devient alors une apnée véritable, où chaque page retient le souffle, où le stress, les rebondissements, s’enchaînent jusqu’à cette route finale, âpre, saisissante, inoubliable.

Lukas Berger, jeune prodige de l’apnée disparait lors d’une compétition au Blue Hole, en Egypte, gouffre mythique réputé autant pour sa beauté que pour sa dangerosité. Quand un corps remonte à la surface, mutilé, Claire, sa compagne, va tenter d’en savoir plus. Thriller psychologique à la construction originale, plein de suspens et de rebondissements, ce livre est passionnant et aussi subtil que terrifiant. La psychologie des personnages est très importante et autant certaines sont très attachantes et inspirantes, d’autres sont insupportables et cette dichotomie donne au roman une saveur particulière. Gros coup de coeur pour Albane, la detective privée. Pour une nana qui sait à peine nager et a peur de mettre sa tête sous l’eau, le thême n’était pas gagné ; il m’a pourtant happé. Et j’ai frôlé la syncope ! Coup de coeur pour ce livre avec lequel je découvre (enfin) l’autrice et je ne vais sûrement pas m’arrêter là.

Dans Apnée, l’eau n’est plus un refuge, elle devient un piège. Là où Le Grand Bleu faisait de l’océan un espace de liberté, presque mystique, Delzongle en fait un cercueil liquide, un abîme où chaque respiration se paie au prix fort. Lire ce roman, c’est avoir la sensation d’une descente sans palier de sécurité, une plongée où l’air manque toujours un peu trop vite. L’intrigue s’installe avec une précision clinique. Disparitions, cadavres, mises en scène macabres. Un tueur qui reste dans l’ombre, insaisissable, mais dont la présence se devine dans chaque silence. Le récit se déroule comme un film de Fincher : lent, tendu, obsédant. À mesure que l’histoire avance, on comprend que l’eau n’est pas seulement un décor, mais un personnage à part entière : vaste, insondable, indifférente. L’enquêtrice est au centre, fragile et forte à la fois. Son rapport à l’eau la hante : elle en porte les cicatrices, elle en redoute l’appel, mais elle ne peut s’empêcher d’y replonger. Comme les apnéistes du Grand Bleu, elle flirte avec la limite, sauf qu’ici l’appel des profondeurs n’est pas une quête d’absolu, mais une lutte contre ses propres fantômes. Ce conflit intérieur la rend bouleversante, d’autant plus qu’elle avance dans un univers où personne n’est totalement transparent. En face, le tueur est une absence oppressante. On ne le voit pas, mais on le sent, comme une silhouette tapie sous la surface, prête à happer quiconque osera respirer trop fort. Les seconds rôles, eux, ne font qu’épaissir cette brume : chacun garde une part de non-dit, une opacité qui entretient la paranoïa. Au final, Apnée est un polar qui étouffe et fascine, une plongée en eaux profondes où l’on ne sait jamais si l’on remontera à temps. C’est l’envers du Grand Bleu : là où Besson filmait l’ivresse des abysses, Delzongle en dévoile la part la plus sombre, celle où chaque silence peut devenir le dernier. Un roman noir, dense, qui reste en tête comme une rémanence sonore, entre battements de cœur et riffs saturés. Une auteur que j ai découvert..un vrai coup de cœur