Caresser le velours : Le livre de Sarah Waters
Débauche de mélodies, de parfums et de costumes, Caresser le velours ressuscite les dernières années de l'Angleterre victorienne. C'est le récit, tout à la fois érotique et historique, des aventures de Nancy, une jeune provinciale vendeuse d'huîtres dans un petit port sur la côte du Kent, dont le sort bascule lorsqu'elle tombe amoureuse d'une chanteuse de music-hall aux allures de dandy. Quand cette dernière, la troublante Kitty Butler, décroche un rôle à Londres, Nancy la suit comme habilleuse et amante secrète. Bientôt la petite écaillère enfile aussi un pantalon et le duo de faux hommes devient célèbre sur les sènes du West End. Mais Kitty finit par trahir sa compagne qui, le coeur brisé, balade seule par les rues son existence androgyne, non sans poursuivre son éducation sentimentale. Elle hante alors le demi-monde de Soho et, de garçons de passe, devient fille entretenue.
De (auteur) : Sarah Waters
Traduit par : Erika Abrams
Expérience de lecture
Avis Babelio
CoquelicoteAzimutee
• Il y a 11 ans
En farfouillant sur la page Facebook de 10-18 il y a quelques mois, j’étais tombée sur un titre qui avait attiré mon attention : Caresser le velours, de Sarah Waters. La couverture m’étonnait aussi (et je ne la trouve pas super, d'une part parce qu'aucun des personnages du roman ne ressemble à ceux-là, et parce qu'on dirait deux sœurs, or il n'est pas question de ça). En regardant le résumé, j’ai vu que c’était l’histoire de Nancy, jeune écaillère d’huîtres au XIXème siècle, qui tombe amoureuse d’une autre femme, une chanteuse de music-hall qui se produisait en travesti. En voilà une histoire qui change, et qui montre le XIXème sous un angle qu’on ne voit pas souvent. Pour ma part, je connais plus le début de ce siècle en Angleterre, surtout par les romans de Jane Austen, et encore, je crois bien n’avoir jamais lu de romans se passant dans le pauvre Londres à cette époque. Donc, quand je suis tombée sur Caresser le velours à la Bourse aux livres, je n’ai pas hésité à le prendre. J’ai immédiatement accroché au style. Vous aurez « peur » en voyant le livre : presque six cents pages, pas de marges et ce n’est pas écrit gros. Pourtant, les pages se tournent vite car l’écriture de Sarah Waters est très parlante. Elle fait passer les émotions et les sensations directement de sa narratrice, Nancy, à nous et sa façon d’écrire est tout à fait adaptée. Nancy a plus de quarante ans quand elle nous raconte son histoire, et entre ses dix-huit ans, où elle commence, et le moment où elle nous écrit, elle a vécu dans des situations très différentes, du statut le plus indigent au plus riche, elle a donc des manières de parler qui empruntent tantôt à l’un, tantôt à l’autre. Certains mots de vocabulaire sont malgré tout surprenants, pour ma part je ne les connaissais pas, mais on s’y fait bien, ça fait partie du contexte historique qui est très bien rendu, notamment sur la fin, avec les questions sociales. Par contre, je préfère prévenir, certains passages pourront beaucoup déplaire aux prudes et autres personnes vivant avec des œillères. J'ai seulement trouvé que ça ne faisait que mieux passer les messages de Sarah Waters et donnait encore plus e véracité au récit. Le roman est divisé en trois parties. Dans la première, Nancy rencontre Kitty Butler, la jeune artiste qui va transformer sa vie. Grâce à elle, elle va se rendre compte qu’elle est une femme à femmes, et pour l’amour immodéré qu’elle lui porte, va la suivre à Londres, abandonnant sa famille et la vie simple qu’elle menait jusque là. La deuxième partie voit Nancy se débrouiller seule dans la capitale, dans les bas-fonds, avant d’être propulsée dans un univers qu’elle ne connaissait absolument pas. Enfin, la troisième partie la remet sur un chemin différent, qu’elle avait ignoré. Je ne me suis pas posé de questions en lisant ce roman, sauf à la fin, où je me demandais quelle vie elle allait choisir. Les rebondissements ne sont pas vraiment étonnants, car l’auteure nous y prépare. Avec le recul, elle comprend qu’elle aurait dû deviner plus tôt ce qui allait se passer. Ce que j’ai particulièrement aimé, ce sont les relations entre les personnages. Elles sont souvent dures ou ambiguës, parfois tendres, toujours vraies. On suit cinq ans de la vie de Nancy, cinq où il lui arrive des choses toutes plus étranges les unes que les autres, et pourtant rien de tout cela n’est impossible. À coups de déception et d’aigreur, de rencontres et de pertes, Nancy se construit, passe de la jeune fille timide qui subit à la femme qui s’assume, et trouve enfin sa place, là où elle ne l’attendait pas. C’est un beau roman, qui marque, et qui ne m’a pas laissée indifférente. Je trouve qu’il est assez difficile d’en parler sans trop en dire. Je ne sais pas vraiment expliquer pourquoi j’ai beaucoup aimé et pourquoi malgré tout ce n’est pas un coup de cœur. En tout cas, je pense qu’il vaut vraiment d’être lu. Je ne regrette pas une seconde d’avoir passé, quoi, deux semaines, voire trois, sur ce roman. Il n’est pas exigeant, mais il est lent, comme les transformations de Nancy. Avec Caresser le velours, vous serez transportés dans une autre vie que vous n’avez jamais imaginée. Je suis très contente d’avoir déjà un autre roman de l’auteure dans ma PAL, qui s’intitule Du bout des doigts, et j’espère le lire avant longtemps.
TristanPichard
• Il y a 11 ans
Sans doute est-ce parce que je sortais d'Indésirable, autre roman de Waters, que j'ai été quelque peu déçu par celui-ci. L'écriture est toujours très bien, les personnages bien campés, les situations originales et bien traitées, ce n'est pas la question. Mais la maîtrise de l'auteur n'est pas aussi virtuose que dans son roman de 2010, on note des maladresses dans le style (ou la traduction ?), dans quelques séquences convenues du type "elle sut alors que sa vie ne serait plus jamais la même" et dans la construction de l'intrigue ou certains éléments trop téléphonés tombent à plat. L'auteur assume tout à fait le caractère picaresque de son intrigue et l'artificialité des retrouvailles de tous les protagonistes à la fin, pour peu que le lecteur l'accepte, n'est pas un problème. La faiblesse de la troisième partie comparée aux deux précédentes, en est un, par contre. Elle gâche l'ensemble en nous faisant terminer sur une note un peu plus terne que la flamboyance de l'histoire d'amour initiale et de la décadence morale de l'héroïne dans la partie intermédiaire ne font que mettre d'avantage en lumière. Le sujet apparaîtra border-line pour certain, j'y ai vu surtout les aventures d'une jeune fille qui se laisse guider par son instinct et ses désirs dont chacun estimera qu'ils sont la preuve d'un esprit libre ou, au contraire, d'une âme aliénée par l'amour et la chair. Le fait qu'elle soit lesbienne ne change pas grand chose à l'affaire et les ronchons à qui le gay-friendly font pousser des cris d'orfraie n'auront pas le plaisir de pouvoir adorer détester cette histoire de femme qui aime les femmes. Qu'ils aillent lire ailleurs.
Kaya
• Il y a 12 ans
Je n'ai jamais retrouvé chez un autre auteur le parfum envoûtant de l'Angleterre victorienne qui sert de cadre à ce roman de Sarah Waters. Je trouve que Waters a la décadence d'un Huysmans, la richesse d'un Zola, l'efficacité d'un Flaubert. Bref, Sarah Waters ravit mes sens d'amatrice du XIXe siècle: elle offre avec ce roman, et tous les autres d'ailleurs, un inouï voyage spatio-temporel (Londres au XIXe siècle). Je me souviens du premier roman de Waters que j'ai acheté à 16 ans: à l'époque je ne me procurais mes livres que dans une petite boutique de seconde main, dans une petite ville de la région. J'ai vu "Caresser le velours" dans le rayon, je l'ai amené toute rougissante jusque la caisse, face cachée, et je l'ai enfoui dans mon sac à dos. J'étais jeune, et même si mon homosexualité n'était un secret pour personne, j'étais gênée de me trimbaler un roman lesbien... J'ai vite compris que les romans de Waters étaient bien plus que des récits lesbiens: ils sont des petits morceaux d'histoires, des intrigues bien ficelées et de fabuleux portraits de femmes.
Luniver
• Il y a 12 ans
Écaillère d'huître dans un petit village du Kent, Nancy tombe un soir follement amoureuse de Kitty, chanteuse de music-hall, travestie en dandy. Une amitié se lie entre les deux jeunes femmes, et Kitty propose à Nancy de l'accompagner à Londres comme habilleuse. Proposition acceptée sans la moindre hésitation. À l'abri des regards, l'amitié se change en complicité, puis en amour. Mais à l'abri des regards seulement : car si Nancy vit cet amour de manière insouciante, pour Kitty, le regard des autres et les on-dit comptent beaucoup : il est impensable d'accepter l'étiquette de « gougnotte ». S'ensuit une inévitable trahison qui brisera le cœur de Nancy, désormais à la rue. Dans l'incapacité de retourner dans sa famille, il lui faudra se débrouiller pour survivre : d'abord dans les milieux homosexuels masculins grâce à sa maîtrise du travestissement, puis comme putain de luxe d'une aristocrate qui aime le scandale et la débauche. Plongée palpitante dans le monde lesbien de la fin du 19ème siècle, sur le point d'être bouleversé par l'arrivée du socialisme et du féminisme, et finalement pas si différent de notre époque. Pas de faux-semblants, pas de pudibonderie, aucun cliché idiot, ce qui est appréciable (et rare). Même si j'ai lu quelques critiques négatives sur la traduction, j'ai pour ma part trouvé l'écriture très agréable et j'ai avalé les 600 pages avec avidité.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782264067883
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 592
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- Dimensions
- 179 x 111 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
10,90 € Poche 592 pages