D'entre les pierres : Le livre de David Lelait-Helo

Dans ce roman, le premier que je lis de David Lelait-Helo, nous sommes plongés dans l’histoire de l’Argentine et plus particulièrement de Buenos Aires et nous suivons essentiellement la destinée de Soledad Salvador et de celles et ceux qu’elle rencontre. Tout l’intérêt du roman réside dans ce qui fait son originalité, à savoir le point de vue puisque c’est une très ancienne maison de Buenos Aires qui prend la parole et qui nous raconte son histoire, intimement liée à celle de Soledad et des drames qui ont jalonné sa vie. Cette approche m’a particulièrement plu, puisqu’elle met en évidence les liens qui existent entre les lieux et celles et ceux qui les habitent. La difficulté, inhérente à ce choix narratif, est de pouvoir aborder pleinement le personnage. Si Soledad, Elena et Alexandre sont bien retranscrits, puisqu’ils sont liés à la maison, les autres sont plus difficiles à saisir. Même ces trois habitants m’ont parfois donné l’impression de m’échapper, d’être ailleurs. Alors que j’aime avoir accès à l’intériorité et à la complexité des personnages, le fait que ce soit une maison qui prend en charge le récit rend cet accès plus laborieux. Des détails plus précis concernant la rue elle-même et les événements historiques qui la transforment m’ont également parfois manqué. C’est une bonne lecture, originale, différente, et c’est à ce titre-là qu’elle m’a plu. C’est aussi une lecture qui m’a fait découvrir de façon très globale l’histoire de l’Argentine au XXe siècle essentiellement.

Je connaissais David Lelait-Helo pour avoir lu son magnifique roman Poussière d’homme. « D’entre les pierres » est tombé dans mes mains lors d’un récent passage chez Le Bibliovore. Bien m’en a pris ! La plume est incroyablement douce, tendre et sensible. L’histoire, quant à elle, l’est également : d’une part, la maison en tant qu’édifice raconte son histoire tandis que, d’autre part, le lecteur découvre la vie de ses occupants. Un court roman qui fait néanmoins la part belle à de maintes périodes historiques de l’Argentine, de la colonisation à la dictature avant son effondrement. Une histoire ponctuée de mots en espagnol (traduction en pied de page), ce qui permet de se plonger encore un peu plus dans Buenos Aires, en attendant de revoir Evita – le film ou la comédie musicale – qui retranscrit si bien le destin de ces Argentins.