Du bout des doigts : Le livre de Sarah Waters
Londres, 1862. À la veille de ses dix-huit ans, Sue Trinder, l'orpheline de Lant Street, le quartier des voleurs, se voit proposer par un élégant, surnommé Gentleman, d'escroquer une riche héritière. Orpheline elle aussi, cette dernière est élevée dans un lugubre manoir par son oncle, collectionneur de livres d'un genre tout particulier. Dans cette atmosphère saturée de mystère et de passions souterraines, Sue devra déjouer les complots les plus délicieusement cruels, afin de devenir, avec le concours de la belle demoiselle de Briar, une légende parmi les cercles interlopes de la bibliophilie érotique.
Héritière moderne de Dickens, mais aussi de Sapho et des Libertins, Sarah Waters nous offre une vision clandestine de l'Angleterre victorienne, un envers du décor où les héroïnes, de mariages secrets en amours interdites, ne se conduisent jamais comme on l'attendrait. Un roman décadent et virtuose.
De (auteur) : Sarah Waters
Traduit par : Erika Abrams
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
ConfidencesLitteraires
• Il y a 7 ans
J'ai adoré lire ce roman, un tourbillon d'actions et de révélations surprises qui malmènent délicieusement son lecteur. Impossible de résumer l'histoire - je spoilerais. Je vais me contenter de poser le décor. En 1962, la jeune Sue, orpheline ayant grandi dans la racaille londonienne, se voit proposer d'escroquer une riche héritière. Et là... rien - rien ! - ne se passe comme on pouvait le prévoir. Les deux premières parties suivent le même rythme : un début lent et un crescendo qui finit à son apothéose. La fin de la première partie m’a laissée pantelante de plaisir, tant j’étais heureuse d’avoir été aussi menée par le bout du nez ! Il y a énormément d'actions et de retournements de situations, on tremble pour les héroïnes et c'est très dur de lâcher le roman ! Raison pour laquelle j’ai dévoré ce pavé de 750 pages en très peu de jours. Petit bémol : certains éléments sont tirés par les cheveux ou trop faciles pour résoudre une situation. Mais ça reste infime par rapport au plaisir que j'ai pris à lire ce livre. J'ai été choquée, émue, indignée, inquiète... ce maelström d'émotions à lui seul suffit pour justifier mon enthousiasme ! Mais les décors plantés par Mme Waters sont plus vrais que nature, l'âme humaine est finement analysée et j'ai un faible pour les personnages qui parlent façon argot ou patois, comme Sue, ce qui fait autant de raisons de m'enthousiasmer pour ce roman, alors même que ce n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais de la part d’un roman qui promettait une descente dans les « cercle interlopes de la bibliophilie érotique » : pour en rassurer certains et au risque d’en décevoir d’autres, ce roman est loin d’être sulfureux et est à peine érotique – pas plus que peut l’être un roman habituellement.
hazzunah
• Il y a 7 ans
Il y a quelques temps maintenant, j'ai vu Mademoiselle au cinéma, film qui, je l'ai découvert ensuite, est l'adaptation de ce très beau livre de Sarah Waters. Je suis tombée par hasard sur Du bout des doigts dans une bouquinerie et je l'ai acheté sans hésiter, voulant absolument me replonger dans tout ce que m'avait fait ressentir la version de Park Chan-Wook. L'histoire commence dans un milieu très pauvre londonien, chez des voleurs donc la protagoniste principale, Sue, fait partie. La jeune fille est plongée - un peu malgré elle - dans une escroquerie fomentée par Gentleman. Ce dernier a imaginé un plan pour pouvoir épouser Maud, une jeune fille très riche vivant recluse dans le manoir de son oncle, un étrange intellectuel. Sue va devenir la demoiselle de compagnie de Maud et être peu à peu prise dans une intrigue la dépassant largement. Ce roman évolue à la fois dans l'atmosphère putride des quartiers pauvres de Londres, et dans celle, beaucoup plus sombre et inquiétante du manoir de Briar. Sarah Waters dépeint avec brio ces deux univers, et bien plus encore la relation qui unit Maud et Sue. Ce roman représente pour moi une sorte de victoire de l'érotisme - et de l'amour - féminin sur la perversité masculine. Il est également brillant de part ses nombreux rebondissements - la dernière partie est extrêmement différente du film, si bien que j'ai été tenu en haleine jusqu'au bout. Je vous le conseille vivement si vous aimez les romans se déroulant à l'époque victorienne, si vous aimez les romans abordant le thème de l'homosexualité féminine, et bien plus encore si vous aimez les romans haletants jusqu'à la dernière page, dont on ne peut pas décrocher avant d'avoir refermé l'ouvrage. Ses 700 pages se lisent en effet très bien, l'écriture de Sarah Waters étant fluide et vivante ! Et si vous voulez continuer l'expérience, je vous conseille VRAIMENT le film "Mademoiselle" : magnifique, troublant, sensuel, esthétique. Il vous offrira un autre regard sur l'oeuvre étant donné que Park Chan-Wook a fait le choix de plonger l'intrigue dans la Corée des années 30, alors sous domination japonaise.
mjaubrycoin
• Il y a 8 ans
Dans la campagne anglaise, le manoir de Briar abrite un vieil original bibliophile, John Lilly, qui a réuni une extraordinaire collection de livres et d'estampes érotiques d'une valeur inestimable dans cette Angleterre victorienne corsetée de principes mais néanmoins avide de sensations interdites. Avec l'aide forcée de sa nièce, la belle Maud, qu'il contraint à partager sa passion, il a entrepris de dresser un catalogue exhaustif de ses collections. Pour progresser plus rapidement, il s'adjoint les services d'un prétendu spécialiste, et introduit littéralement le loup dans la bergerie. Car Richard Rivers chargé de procéder au recensement des estampes, n'est vraiment pas celui que l'on croit... Maud est prête à tout pour échapper à sa condition de recluse et elle accueille Susan la complice que Richard a réussi à introduire dans la place, acceptant de participer à l'escroquerie qui la sauvera d'un avenir sans espérance. Les deux jeunes femmes vont se trouver plongées au sein d'une terrible manipulation dont le but est de mettre la main sur la fortune des Lilly. Instrumentalisées toutes les deux, elles raconteront alternativement leurs terribles mésaventures qui les dresseront l'une contre l'autre et les pousseront dans leurs retranchements. A travers le discours de Susan, puis celui de Maud, c'est toute la condition féminine à l'époque victorienne qui est illustrée avec la terrible description des asiles d'aliénés où les familles pouvaient placer les individus dont elles cherchaient à se débarrasser définitivement. La Londres glauque, populeuse, miséreuse du 19ème siècle est parfaitement rendue avec sa saleté omniprésente, son manque d'hygiène, ses conditions de vie d'une rigueur terrible pour les pauvres . Entre Wilkie Collins (comment ne pas évoquer "la dame en blanc "?) et Dickens, Sarah Waters signe un roman passionnant, foisonnant avec tout son lot de mystères, de retournements de situation, de complots et trahisons. Mais elle ouvre aussi discrètement la porte à l'irruption de l'amour après un long cheminement chaotique dans le coeur des protagonistes . Une réussite magistrale qui devrait ravir les amateurs de littérature britannique.
fanfan50
• Il y a 8 ans
C’est un gros pavé de 736 pages en trois parties. La narratrice de la première partie est une jeune fille, Susan Trinder, dite Sue, élevée par une nourrice Mme Sucksby dans un quartier très populaire de Londres, le Borough, au 19ème siècle. Dans ce taudis vivent également Mr Ibbs, un receleur, et un jeune couple, John Vroom et sa moitié qu’il cogne, Dainty, une voleuse. Un chien brun nommé Charley Wag, d'après un voleur de pudding d'une comptine complète le tableau. Parmi les habitués, apparaît un homme tout de noir vêtu coiffé d'un chapeau qui s'appelle Richard Rivers, ou bien Dick Rivers, parfois Richard Wells, mais aussi Gentleman. Et partout dans la pièce surchauffée par un poêle car ils fondent de belles pièces en argenterie volées pour éviter qu'elles soient reconnues, évoluent quelques nourrissons braillards. Cela ressemble à un roman de Dickens : Oliver Twist. Sue se plaît bien là car c'est tout ce qu'elle a connu jusqu’à présent mais cela va changer. Gentleman arrive avec une histoire énorme qu'ils vont tous gober. Et s'ensuit une série d'aventures plus rocambolesques les unes que les autres. Un peu dans le style des romans de Wilkie Collins (par exemple : une belle canaille ou un mariage empoisonné...). Et bien sûr Sue y tient une part importante ! La deuxième partie du roman change de narratrice. C'est maintenant Maud, une jeune femme élevée soit-disant dans du coton par un oncle bibliophile dans un manoir à Briar (à une trentaine de kms de Londres) qui se raconte depuis le début : son tout jeune âge à l’asile où sa mère a accouché puis est morte. A l’âge de dix ans, elle est recueillie par son oncle et lui sert de lectrice. Et la troisième partie reprend là où s'était arrêtée la première : Sue est dans un hôpital psychiatrique et on suit avec horreur la dureté du traitement qui lui est infligé jusqu'à son échappatoire vers ce qu'elle croit être son "sweet home" dans Lant Street à Londres. C'est très divertissant et très surprenant. Je ne me suis pas ennuyée une seconde à cette lecture. J’ai vu qu’on en a fait un film et c’est vrai qu’il y a matière. Le livre est toutefois très détaillé. J’ignore si le film a su restituer toute l’atmosphère viciée et corrompue de cette époque victorienne.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782264041074
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- Collection ou Série
- Littérature étrangère
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 752
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
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11,90 € Poche 752 pages