Dur comme fer : Le livre de Cécile Baudin

Séduit par les deux premiers romans, j'ai réservé le troisième avant sa sortie et j'ai bien fait. Toujours le même plaisir de lecture: le style, l'ambiance, l'intrigue portés par une écriture toujours aussi agréable. Comme les deux autres romans, le début est assez lent mais il faut persévérer car tout s'accélère, l'enquête se met en place et on n'arrive plus à lâcher ce policier, dont le coté historique est un plus sans être trop présent. Et comme les deux autres, c'est un roman avec une enquête policière qui plaira donc aux amateurs de romans historiques et ou de polards. Au suivant, j'attends le prochain.

Août 1901, en Lorraine. Il fait chaud. Les dernières semaines d'été brûlent leurs cartouches restantes mais dans la mine il fait toujours la même température. Toujours sombre aussi. Il y a toujours des équipes qui y travaillent, se relayant nuit et jour. Ce n'est pas un travail facile, aussi on accueille volontiers les étrangers pour renforcer les effectifs. Ceux comme Nando, qui fuit malgré lui son Italie natale, qui a besoin de se créer une nouvelle identité et des économies pour se recréer une vie autre part. Et faire venir sa famille auprès de son nouveau lui au plus vite. 1913. Nando a disparu depuis plusieurs années et ne donne plus de nouvelles aux siens. Que s'est il passé? C'est ce que son fils va tenter de découvrir en retraçant les pas de son père et s'entourant pour sa quête d'une équipe sacrément singulière. Je crois que c'est le roman de Cécile Baudin que j'ai le plus facilement lu. Dès les premières pages en Calabre je dévorais les pages comme d'autres les gâteaux au citron (sans moi, j'ai jamais réussi mes meringues). Mines, grèves, bien sûr que Zola n'était pas très loin lors de cette lecture, mais comme il est mort depuis longtemps, il ne pesait pas trop sur mon épaule. Ce qui est notable, c'est qu'en trois romans où le peuple du labeur est à l'honneur, le récit se renouvelle. Que ce soit le contexte, ou cette fois par exemple, la structure du roman en deux parties au rythme et finalités différentes. (Et d'ailleurs quel final, je suis restée à bout de souffle, la dernière page tournée). J'aime que ceux qui enquêtent au sujet de ce qui les mine soient toujours surprenants de par leur rôle ou regard dans la société. J'aime, malgré le sujet souvent sombre, que la lecture soit toujours facile, fluide et instructive. Est-ce que chaque nouveau roman de l'autrice sera attendu avec autant d'impatience que les autres ? J'y crois dur comme fer.

43//2025 Une de mes chansons préférées de Lofofora, et un super roman noir à présent :) Très belle plongée dans le début du XXème siècle, qui démarre en Calabre et se déplace rapidement en Alsace, dans le milieu minier, autour de la migration des italiens venus chercher du travail en France... Pour fuir la mafia qui menace son équilibre, Nando part se réfugier en Alsace et se construit une nouvelle identité. Il fait des rencontres, parfois belles parfois dangereuses, et la première partie du roman dure 8 ans. Durant ces 8 ans, le roman est plutôt social sociétal, le rythme est plutôt lent, c'est une immersion progressive qui nous fait nous attacher à lui et son quotidien. Le décor, les conditions de vie et de travail, c'est un énorme travail de fouilles et de recherches qu'a dû entreprendre l'autrice pour rendre les descriptions crédibles et réalistes. La seconde partie est plus sombre, du fait des incidents des dernières pages des derniers chapitres. On suit Antonio arriver en France, le fils de Nando sans nouvelle de son père accusé d'un triple meurtre. La tournure du récit ressemble alors à une enquête policière menée à 3 voix, entre Antonio, Lucie une prostituée et un journaliste à la retraite. Cette partie est plus dynamique, il y a plus de rebondissements et de coups de théâtre, et l'autrice arrive à faire basculer le récit dans une trame sombre et menaçante. Au final des surprises et des secrets, une trame sociale historique riche et instructive, je n'avais pas ressenti ce mélange depuis Petite Sale de Louise Mey et surtout de la trilogie 1793. Une vraie belle découverte :)

En 1901, pour échapper à la prédiction d’une vieille sorcière et aux tueurs lancés par son père, un mafioso calabrais, Nando part pour la Lorraine. Il abandonne sa femme et son fils, comme beaucoup d’Italiens à l’époque, dans l’espoir d’une vie meilleure, laissant derrière eux dettes, ennemis, et parfois même des crimes. Douze ans plus tard, Antonio débarque sur les lieux de la disparition de son père. Accompagné d’un journaliste et d’une prostituée, ce trio improbable va remuer le passé. Le roman se divise en deux parties. Dans la première, Cécile Baudin propose un roman social très bien documenté. L’autrice nous plonge dans la Lorraine des hauts-fourneaux et du développement industriel du début du XXe siècle. Elle décrit avec précision la vie quotidienne à la mine, les luttes syndicales pour améliorer les conditions des ouvriers, la précarité des baraquements propices aux épidémies, et les « chasses à l’ours », ces violentes attaques contre les Italiens. Dans la seconde partie, le roman prend une tournure plus sombre. Il devient une enquête aux multiples rebondissements, avec une fin totalement inattendue. Un récit bien écrit, qui se lit facilement et avec plaisir.