Espaces sauvages : Le livre de Jim Fergus

Auteur américain à grand succès, Jim Fergus (né à Chicago en 1950 d'une mère française et d'un père américain), a écrit « Espaces sauvages » (dont la première publication a eu lieu en 1992) ainsi que d'autres que j'ai toujours appréciées. C'est un écrivain fascinant qui s'est passionné très tôt pour la culture Cheyenne. Ses parents étant décédés alors qu'il n'avait que seize ans, il est parti dans le Colorado pour suivre ses études. Si on voulait résumer cet ouvrage, cela donnerait : « le monde de la chasse décrit par Jim Fergus, une balade sauvage. Apprendre à vivre heureux et amoureux de la nature sauvage – être un citoyen soucieux de l'environnement tout en étant un chasseur dans la plus pure tradition. » Ce n'est qu'à l'âge de 40 ans que Jim Fergus réalise son rêve : il va traverser, pendant cinq mois, 34 états des États-Unis, à bord d'un camping-car en parcourant ainsi plus de 30.000 km, avec ses fusils et son chien Sweetzer. Il va chasser non seulement avec des copains (comme Jim Harrison ou Richard Ford), mais aussi avec de parfaits inconnus. Finalement, c'est l'histoire de la découverte d'un territoire, aussi bien mental que physique. « Espaces sauvages » est une ode à la liberté – à la splendeur de la nature (et là-bas, elle est magnifique ce qui donne vraiment du nature-writing tant que l'on veut). Tous les écrivains américains qui vivent ainsi, loin de tout, chassant ou pêchant juste ce qui est nécessaire (respect de la vie animale et de l'environnement), le disent lorsqu'ils viennent en France pour des rencontres littéraires : tous. Dans cet ouvrage, on retrouve tout le talent de conteur de Jim Fergus – sa sensibilité – sa passion des animaux mais aussi des gens simples et de la terre. Si l'on participe à ce long voyage, on lit aussi bien des notifications sur la chasse et à la lecture, mieux vaut ne pas changer son fusil d'épaule car, autrement, on raterait une réflexion importante. Jim Fergus a donc fait comme les Indiens nomades quand ils étaient à la poursuite du gibier. Quand il arrive à la fin des 30.000 km, il pense avoir trouvé un sens à sa vie et porte un certain regard sur lui-même, sur qui il est. Ce grand narrateur a signé ainsi, un livre pour la postérité : « un chant chamanique qui condense le passé et le futur ». Lors d'un entretien, il avait dit : « Cela fait vingt ans que j'ai écrit ce livre. J'en ai oublié les détails mais il reste mon livre préféré. Je me souviens de la facilité avec laquelle je l'ai écrit. D'une traite. Je l'avais ordonné dans ma tête pendant mon voyage. Ce livre qui était mon premier a été bien reçu même par les critiques du New York Times ou du Los Angeles Times qui, d'habitude, ne s'intéressent pas à ce genre d'ouvrages sur la nature et la chasse, jugés trop pointus. Or, la chasse était pour moi un moyen d'entrer dans le paysage américain.» Certains ont peut-être été déçus de lire plus d'histoire de chasse que de voyage mais n'oublions pas que nous aussi, nous parcourons ces 30.000 km et en quelle meilleure compagnie que celle de Jim Fergus ? C'est un grand honneur que de visiter ces « Espaces sauvages » avec un tel guide et ce livre se termine avec quelques recettes de cuisine : comment mieux terminer en se délectant ? Juste un exemple : « Bécassine grillée Griller les oiseaux sur des braises de charbon de bois, pendant 6 à 8 minutes. Les retourner fréquemment pendant la cuisson en les arrosant de beurre fondu ou d'huile d'olive mélangée de sauce Worcester, de poivre et de jus de citron. » : Bon appétit et bonne lecture.