Marie-Blanche (Nouvelle édition) : Le livre de Jim Fergus

J'ai choisi ce livre dans ma bibliothèque car je sortais d'un récit qui parlait de violences sexuelles et je ressentais le besoin de changer d'univers. Bon, on repassera pour les qualités intuitives… Comme souvent cependant, je remarque que le hasard a peu de place dans l'enchaînement de mes lectures, et cela, tout à fait à mon insu. Voilà pour ma vie privée, passons à Marie-Blanche. J'avais dévoré la série Mille femmes blanches et je voulais relire cet auteur. Ici, le récit est beaucoup plus personnel, bien que largement romancé, puisque Jim Fergus nous ouvre les portes de l'histoire de sa famille et plus précisément des femmes de sa famille : sa mère Marie-Blanche et sa grand-mère Renée. S'alternent les chapitres où Marie-Blanche est narratrice de sa propre histoire, et ceux qui retracent la vie de Renée, via un narrateur omniscient. Bien qu'elles ne soient pas parfaites – toutes deux ont, par exemple, totalement délaissé leurs enfants, faute d'avoir eu elles-mêmes une figure maternelle à laquelle se référer – elles endurent une vie de souffrances. Les guerres, les abandons, l'instabilité constante d'un foyer qui ne reste pas en place, les mères absentes et les pères remplacés rythment leurs jeunes années. Mais l'horreur de la pédophilie, de l'inceste et de la manipulation extrême a de quoi, il me semble, perdre définitivement quelqu'un dans l'abîme de l'alcool ou dans la déconnexion à toute forme de sentiment. Deux époques, deux générations distinctes et, finalement, deux manières de ''survivre'', selon les codes en vigueur, hélas… J'ai ressenti cet ouvrage comme un hommage à la souffrance des femmes à travers les époques. Même si l'auteur assume d'emblée haïr sa grand-mère… On comprend également la poids des traumatismes hérités. D'ailleurs je terminerai par ce court extrait : « De toute façon, le vrai récit de nos existences ne commence pas à la naissance, non, il faut remonter bien plus loin, prendre à contre courant le fleuve ombilical, jusqu'à la source maternelle qui, liant les générations, nous nourrit et, avec les blessures, nous inocule le poison familial. »

Qui est Marie Blanche ? Dans le roman, c'est la mère de Jim Fergus, auteur du magnifique Mille femmes blanches qui immerge le lecteur dans l'histoire des Cheyennes. Dans Marie Blanche, Jim Fergus déroule la vie romanesque de sa mère, et surtout de sa grand-mère Renée, et de l'entourage familial. Ce sont des destins tourmentés qui voyagent entre France, Egypte, Angleterre, Etats-Unis et Suisse. Je me suis laissée emporter par le récit, révoltée ou énervée parfois. Si je repose la question "qui est Marie Blanche", c'est qu'un point a perturbé ma lecture : dans la vraie vie, il y a eu aussi une Blanche Marie de la génération de Renée, qui n'est pas mentionnée dans le roman. Je me demande à quel point son absence a nourri la cruauté de certains personnages (je n'en mets pas plus ici).