Juste une ombre : Le livre de Karine Giebel

Qu’est-ce que j’ai aimé ce roman. Karine Giebel est parvenue à me transmettre un malaise une fois son roman refermé. Dès les premières pages, sa plume prend au cou, joue avec nos nerfs pour ne nous relâcher qu’à la toute fin. Elle ne cherche aucunement à rassurer ; elle met en avant des brutalités sur la condition humaine, la manipulation psychologique et la fragilité de nos certitudes. Je me suis faite avoir par la plupart des fausses pistes lancées. La folie qui gagne Cloé au fur et à mesure du livre est très bien distillée, tout va crescendo et laisse planer un doute sur l’origine de l’Ombre. En effet, on croit d’abord que Cloé a des hallucinations, puis on est persuadé que quelqu’un la suit et lui veut du mal et on se demande bien qui dans son entourage pourrait le faire et surtout pourquoi ? Dans quel but ? Les retournements de situations sont multiples. L’auteure sait parfaitement jouer avec nos sentiments en distillant indices et fausses pistes, poussant le lecteur à échafauder des théories qui se démolissent au fil des chapitres. Elle nous manipule, joue avec nous comme avec son personnage. Et puis vient le dénouement, un plot twist majestueux et glaçant, qui laisse sans voix. C’est ce genre de roman, qui une fois fini, nous accompagne encore quelque temps.

Bien que j'ai commencé à suspecter le coupable environ à la moitié du livre et compris assez vite après qu'il n'était pas que suspect, ça n'a pas pénalisé mon expérience de lecture. La plume de Karine Giebel est vraiment efficace et nous transporte très facilement dans le récit. Elle réussit à créer de la tension même lorsqu'on pense que ça ne nous touchera pas. Une excellente découverte qui me donne envie de découvrir davantage de cette actrice qu'on m'avait déjà beaucoup recommandée.

C'est l'histoire de Cloé qui un soir en rentrant d'une soirée voit une ombre surgir de nulle part et la suivre. Cet incident va laisser des traces, d'autant que des objets dans son appartement disparaissent et réapparaissent. Personne ne croit Cloé, sauf un policier, qui va enquêter pour trouver le fin mot de l'histoire. L'histoire tire en longueur. Il faut attendre le dernier quart de livre pour que le récit s'accélère.

J’ai lu Juste une ombre de Karine Giebel, une auteure que je connais bien et que j’apprécie toujours pour ses thrillers tendus. C’est déjà le quatrième roman que je lis d’elle, et je savais que je partais sur une lecture solide. Cloé est persuadée qu’on la suit. Elle aperçoit une silhouette, une ombre. Peu à peu, des choses disparaissent chez elle ou changent de place. Personne ne la croit. Cloé sombre. Et nous, lecteurs, on doute, on s’interroge sur elle et on suspecte tout le monde. Les personnages sont bien construits, mais je ne me suis pas spécialement attachée à eux. Aucun n’est lisse ou parfait, au contraire, leurs défauts les rendent parfois agaçants — ce qui les rend plus crédibles. Comme toujours, la plume de Karine Giebel est fluide, directe, efficace. La tension est bien là, l’ambiance paranoïaque fonctionne. Je me suis prise au jeu, j’ai élaboré des théories, j’ai mené mon enquête chapitre après chapitre. La fin, malheureusement, ne m’a pas surprise. J’avais plusieurs hypothèses en tête et la bonne faisait partie du lot. Pas de twist renversant ici, ce qui a un peu freiné l’impact final pour moi. Ça reste un bon thriller, à recommander aux amateurs du genre ou aux fans de Giebel. Ce n’est pas son roman le plus marquant à mon goût, mais il se lit avec plaisir.