Ce que tu as fait de moi : Le livre de Karine Giebel

Un roman très poignant. Le récit débute par deux interrogatoires par deux policiers de l'IGPN qui remonte le fil de l'histoire. Laëtitia mariée et maman d'un jeune enfant, débarque dans un commissariat loin de chez elle. Richard, patron des stups, a un coup de foudre pour Laëtitia dès son arrivée sachant qu'il est marié et père de famille. Le manque de compétence de Laëtitia va la pousser à commettre des fautes que Richard acceptera de camoufler par du chantage. La relation entre eux ne sera pas vraiment une relation. Plutôt quelque chose de chaotique où une troisième personne sera dans l'engrenage. Tout est fait pour capoter. Leur histoire ne laissera pas indifférent un des deux policiers de l'IGPN et ce à juste titre. Et nous non plus, l'histoire reste ancrer dans nos entrailles. Le roman nous fait ressortir beaucoup d'émotions ébranlées.

J'écris la critique de ce roman près de deux ans après l'avoir lu, pour la simple et bonne raison que j'en ai fait la lecture après une rupture sentimentale qui m'a foutu par terre. L'information personnelle est importante, non pour me faire plaindre mais parce que le récit de Karin Giebel a eu une résonnance particulière en moi pour ce motif. Une fois de plus, l'écriture est précise, directe, pour aller droit au cœur. Tandis que j'ai découvert petit à petit, page après page, comment le commandant Ménainville et le lieutenant Graminsky se sont retrouvés en salle d'interrogatoire, j'avais aussi pour ces personnages des sentiments très confus. Bien des fois, j'avais envie de les attraper, de leur foutre des patates pour leur remettre les idées en place à l'un et l'autre, les secouer pour qu'ils arrêtent leurs conneries. Comment peut-on en arriver à ce point de dépendance et de souffrance ? Comment une passion peut-elle être aussi destructrice ? Et pendant ce temps, j'observais le bonheur de celle qui m'avait brisé le cœur avec son nouveau prince charmant, depuis mon balcon, car la belle et tendre vivait juste en face. A la fois meurtri et obsédé par ce besoin de regarder, de me faire du mal en contemplant ce à quoi je n'avais pas droit, ne pouvant que me désoler de ce qu'elle avait fait de moi. Richard Ménainville et Laëtitia Graminsky, ces personnages ambigus, énervants, bourrés de failles, de complexité, de tout ce qu'on ne pourra jamais vraiment comprendre, je les comprenais à ma façon. Je ne relirai peut-être jamais ce livre, mais son souvenir aura toujours un impact particulier sur moi.

Je continue de remplir ma bibliothèque avec les romans de Karine Giebel, cette fois avec Ce que tu as fait de moi. À chaque fois que j’ai besoin d’une lecture addictive, où mille émotions vont me traverser et où ma gorge restera nouée du début à la fin, je sais que je peux compter sur elle. L’histoire débute avec deux enquêteurs qui interrogent la lieutenante Laetitia et le commandant Richard. Chacun livre sa version des faits… et, tout comme les enquêteurs, nous ne découvrirons la vérité qu’au dernier moment. Pour une fois, je l’avoue, je n’ai pas été attendrie par ces nouveaux personnages aux âmes torturées. Au contraire, ils m’ont agacée. J’avais envie de traverser les pages pour les secouer, les gifler, leur hurler dessus. Mais c’est aussi ça, la magie de la plume de Karine Giebel : elle nous plonge au cœur de ses histoires, nous faisant vivre à travers ses personnages les mêmes épreuves, les mêmes sévices. Elle nous bouscule, nous heurte… d’une manière ou d’une autre. Je crois que Karine Giebel a fait de moi une âme sombre, qui se délecte de ses lectures, toujours plus oppressantes et angoissantes les unes que les autres. Voilà ce qu’elle a fait de moi.

La nouvelle recrue de la police, Laetitia, semble bouleverser le commandant Richard. Mais avec un Giebel, s'agit-il vraiment d'une simple question de romance ? Bien que j'avoue avoir beaucoup apprécié, cela m'a quelque peu laissé perplexe, et je ne saurais comment l'expliquer. J'ai autant aimé que détesté les personnages. La psychologie est superbement bien explorée, comme toujours. Cependant, je n'ai pas réussi à ressentir de compassion pour Laetitia, et je pense que c'est cela qui m'a manqué. J'ai beaucoup aimé le style d'écriture, un huis clos, avec deux personnes racontant la même histoire de leur point de vue, tout en nous extrayant de ce lieu pour plonger au cœur des détails. C'est un récit glaçant et bouleversant, comme chaque Giebel, et je vous le recommande, même s'il ne fera pas partie de mes favoris, il vaut vraiment la peine d'être découvert.