Ce que tu as fait de moi : Le livre de Karine Giebel

Je l’attendais ce fameux livre qui me ferait songer et réfléchir après l’avoir refermé … ! Il sera aussi ambigu à commenter qu’il n’a été à lire. Dès la première page, j’ai été happée par l’histoire de cette jeune femme déterminé à faire sa place dans la police. Je m’y suis très vaguement reconnue, même si pour moi ce n’était pas dans la police et je n’étais pas mère, mais de la même façon, pressée et motivée à intégrer ce métier. Les similitudes se sont arrêtées là. La suite m’a pressée et essorée de telle façon que je tournais les pages mécaniquement. J’ai lu en voiture, je ne lis jamais en voiture, j’ai lu à chaque 3 minutes libres, j’ai lu au lieu d’aller dormir. On est pris dans cette histoire sans que l’auteure ne se positionne en juge : c’est donc à nous d’assurer cette place. On vogue entre les sentiments paradoxaux, atypiques, alternés … On comprend sans comprendre, on se dit que cela ne peut pas aller plus loin en oubliant qu’on lit du Giebel (c’est seulement le deuxième livre que je lis de l’autrice mais j’ai l’impression de l’avoir pleinement cernée). Je m’attendais à adorer la construction de deux salles d’interrogatoires en simultanée présentant deux versions différentes. Ça a été le cas. C’est fascinant, angoissant et cet effet est poussé par le contexte de la nuit durant laquelle se déroule les récits assumés, sans concession, sans mensonge… à moins que ? Il prend la première place devant Juste une Ombre que j’ai précédemment lu. Aussi dérangeant soit-il, je le relierai.

Avec Ce que tu as fait de moi, Karine Giebel livre un roman noir, dense et profondément psychologique, où les frontières entre amour, obsession et manipulation s’effacent peu à peu. Dès les premières pages, on est happé par cette tension qui ne fait que monter, page après page, jusqu’à devenir presque étouffante. L’histoire s’articule autour de deux personnages principaux : Richard Ménainville, commandant de la brigade des STUP, homme charismatique, respecté, mais à la personnalité trouble, et la Lieutenante Laëtitia Graminsky, jeune recrue à la fois admirative, ambitieuse et vulnérable. C’est entre ces deux figures que va se nouer une relation complexe, ambivalente, faite d’attirance, de dépendance, de fascination… et de destruction. L’une des grandes forces du roman est sa construction en miroir. Deux salles d’interrogatoire ou vont s’alterner les points de vue de Richard et de Laëtitia. Giebel nous pousse à remettre sans cesse en question ce que l’on croit comprendre. Une même scène peut être interprétée de deux façons radicalement différentes, et cette dualité ajoute une dimension vertigineuse au récit. Le lecteur devient alors témoin d’un engrenage, le confident de vérités honteuses, d’un piège qui se referme lentement, où chaque mot, chaque silence, chaque geste a un poids. Le roman va bien au-delà d’un simple drame psychologique : il interroge le pouvoir, l’autorité, la justice, et surtout les dérives d’un système institutionnel où la hiérarchie peut parfois tout justifier. Karine Giebel aborde frontalement la question du rapport de force, du harcèlement moral et de la manipulation mentale, sans jamais tomber dans le manichéisme. C’est une lecture ayant pour thème la passion, celle qui dérange, qui bouleverse, mais qui fascine aussi par la justesse de ses personnages, la profondeur de ses thématiques, et la noirceur assumée de son récit. Un roman coup de poing, dans la plus pure veine Giebel où l’amour s’apparente à une arme de destruction massive

"Ce que tu as fait de moi" de Karine Giebel est un thriller psychologique dans la lignée de ses précédents, où elle excelle à explorer les recoins les plus sombres de l’âme humaine. Fidèle à son style, elle nous plonge dans une relation d’emprise où les rôles de chasseur et de proie s’inversent constamment, jusqu’à perdre nos repères. Les personnages sont comme toujours très fouillés, avec de vraies aspérités et une complexité qui les rend terriblement humains. Ce que j’ai trouvé particulièrement réussi ici, c’est la façon dont Giebel pousse jusqu’au bout la frontière trouble entre amour et haine, jusqu’à l’obsession destructrice. On est pris au piège de cette relation malsaine, parfois mal à l’aise, souvent fasciné, toujours tenu en haleine jusqu’à la dernière page. Peut-être un peu trop long à mon goût, mais ça reste un excellent Giebel, maîtrisé de bout en bout.

Dévoré en à peine 3 jours. Un roman très psychologique, avec une double narration qui nous permet de retracer et de s'imaginer les situations à la perfection. Encore une fois, des passages très violents et souvent durs. On se retrouve parfois perdu à ne pas savoir quoi penser des comportements de chacun mais souvent avec une sensation de malaise. Pas le meilleur Karine Giebel, avec notamment une fin un peu brève à mon goût et un peu prévisible, mais force est de constater que ce roman se lire à toute vitesse une nouvelle fois.