Chambres noires : Le livre de Karine Giebel

Quel talent ! Toujours un plaisir de retrouver les écrits de Karine Giebel, sous forme de roman ou de nouvelle, on est sûr de ne pas rester indifférent. C'est toujours sombre, souvent dur et triste, mais c'est la Vie qu'elle décrit. Partout dans le monde, ces personnages existent et vivent au mot près, ce qui est décrit dans ces récits. Car Karine Giebel sait trouver les mots justes, ceux qui percutent et appuient là où ça fait mal. Ces nouvelles, ce sont presque des biographies ou des documentaires, le lecteur plonge dans une réalité qui nous rappelle que notre quotidien, n'est pas si terrible en comparaison. Bravo pour cet excellent recueil, j'ai hâte de me plonger dans "j'aime votre peur" à paraître dans quelques semaines !

Karine Giebel nous entraîne ici dans un recueil de nouvelles où l’obscurité n’est pas seulement celle des salles de cinéma , mais surtout celle des âmes. Chaque nouvelle est un face-à-face avec la fragilité humaine : des destins cabossés, des choix impossibles, des injustices criantes. L’autrice a ce don de nous faire entrer en quelques pages dans l’intimité d’un personnage et de nous faire ressentir toute la violence du monde qui l’entoure. Ce n’est jamais gratuit, toujours juste, et terriblement percutant. Certaines histoires m’ont glacé le sang, d’autres m’ont profondément émue. J’ai particulièrement apprécié la manière dont Giebel mêle noirceur et humanité, sans jamais tomber dans le pathos. La plume est directe, efficace. Bref j'aime sa plume.

Si je lisais beaucoup de thrillers adolescente, il faut bien avouer qu'aujourd'hui c'est beaucoup plus ponctuel. J'ai donc voulu me replonger dans le genre et qui de mieux que Karine Giebel pour me faire frissonner ? Mais quelle idée ! Je devrais pourtant le savoir que cette autrice a le don de me glacer le sang et perdre foi en l'humanité. Chambres noires nous montre ce que l'humain a de pire à offrir, comment il peut s'enfermer et/ou être enfermé... L'autrice nous dépeint la misère, la cruauté, l'horreur avec un tel réalisme qu'à plus d'une occasion, j'ai eu envie de crier, de frapper, de tenir la main, d'aider... Par moment, une fenêtre s'ouvre laissant entrevoir la beauté, permettant de reprendre son souffle et se dire que tout n'est pas perdu... Je n'ai pas dévoré ce livre, je l'ai lu lentement, histoire par histoire, chambre par chambre, passant d'un sentiment d'oppression à l'autre. Après cette lecture, je m'en vais retrouver ma tasse de thé, mes plaids tout doux et les ronrons de mon chat. J'ai besoin de laisser entrer le soleil avant de replonger dans l'univers de cette incroyable autrice.

Dure lecture qui dure et que j'endure de bout en bout, sans entrevoir l'espoir dans ces chambres noires. La première nouvelle m'a moins plu, je l'ai trouvée limite "capillotractée", peu crédible en fait. Mais elle donne le ton et après elle sans fausse note le malheur s'étale, prend ses aises et ça dure, pas moyen d'échapper. Faut s'accrocher jusqu'à "L'escalier" et craindre jusqu'au bout le pire à venir pour finalement presque sentir l'odeur ténue de l'espoir têtu. Compilation conjugaison de malheurs absolus, tous ces parcours sans humour sans amour font de nos propres errements des... promenades de santé ! Âmes sensibles s'abstenir.