La fin d'une liaison - NE : Le livre de Graham Greene

Un livre très original et avec quelques phrases qui m'ont marquée autant du fait de leur beauté sonore que des messages qu'elles communiquent. Cependant, cependant ... il m'a semblé que le récit (et/ou les réflexions de l'auteur) s'enlisait à plusieurs reprises, ou du moins piétinait, voire devenait un peu répétitif ou trop abscons. J'ai aussi trouvé quelques scènes peu crédibles (comme la jeune critique en herbe qui suit Bendrix au cimetière) et que quelques phrases ou paragraphes tombaient un peu comme un cheveu sur la soupe... Concernant le cadre du récit et les personnages, j'ai apprécié l'atmosphère londonienne, les détails sur le blitz et l'après-guerre en Angleterre; j'ai également trouvé la plupart des personnalités des protagonistes intéressantes et bien décrites (par contre, j'ai trouvé le détective un peu trop caricatural). Un dernier point: j'ai trouvé que ce livre avait quelque chose d'inachevé, j'ai été étonnée par la fin qui ne m'en a pas semblé une. D'ailleurs, en lisant des commentaires sur le livre, j'ai appris que Greene avait au début prévu que le roman serait plus long. Voilà pourquoi je ne mets pas une note plus élevée, malgré le fait que j'ai lu ce livre assez avidement et rapidement. Je laisse les autres lecteurs juger par eux-mêmes.

[masquer][masquer]J'en connais peu finalement, des romans qui ne traitent que de l'amour, dont la trame ne s'en écarte que pour y revenir, immédiatement, qui ne se donnent aucune liberté sur ce sujet, aucun écart, dont le long fil s'étiole dans les pensées d'un homme, puis d'une femme prisonniers de cet amour. Tout se passe en un lieu, au rythme des sentiments et des rencontres de Maurice, écrivain, et de Sarah, épouse de Henry un sombre fonctionnaire du gouvernement de Sa Majesté pendant et après la guerre. Pas d'intrigue sous jacente ni de détours, la narration n'a qu'un unique sujet, l'amour. Et le fil du récit, suivant cet objet indépassable, conduit naturellement à Dieu. Sarah s'en rapprochera, pour finir par croire lorsque la mort vient la cueillir, plus terrassée par les conséquence d'une promesse faite à Lui que par l'affliction d'une mauvaise grippe. Et cette promesse, faite alors qu'elle croyait Maurice mort sous les décombres d'une porte détruite par la chute d'un V1, lui retirera le seul homme qu'elle eut aimé et finira par lui faire aimer Dieu, au précipice de sa mort. Mais le roman ne se satisfait pas de cela, puisqu'à l'amour de Dieu chez Sarah répondra comme un négatif la haine de Dieu chez Maurice. La haine de Celui qui lui a pris le seul être aimé... [/masquer][/masquer]

Bendrix, un écrivain, a une liaison tumultueuse avec l'épouse d'un de ses amis. Le fait de faire du personnage principal un écrivain peut être rapproché de Somerset Maugham, notamment dans la Ronde de l'amour. Ce n'est néanmoins pas le thème principal du roman. On sent dès le début que ça ne se passera pas bien, qu'il y a quelque chose qui bloque, qu'il y a un parfum de tragédie. Le titre d'ailleurs n'est pas si trompeur que ça. Le style est assez tortueux, à la Bernanos, tout comme le temps de la narration qui est difficile à situer : sommes nous à l'époque des faits, un peu après ? Il y a constamment des sauts de puce temporels, le début du roman est très difficile à cause de ça, on est plongé in medias res dans un épisode particulier d'une vie dont on ne sait pas grand chose. S'agissant de la thématique principale, celle d'une femme qui vous échappe, je la rapprocherais, de façon inattendue et étonnante des romans de Paul Gadenne, qui à chaque fois traite de ce sujet, de ces ruptures intervenues pour des raisons obscures, notamment dans le Vent Noir, l'Invitation chez les Stirl ou bien dans Siloë.