Orient-Express : Le livre de Graham Greene

Orient-Express Graham Greene (1904-1991) Dans cet Orient-Express allant d’Ostende à Istanbul, vont se croiser fortuitement divers personnages. Nous sommes en 1932 et le monde vit une crise débutée en 1929 qui influe sur les actes de ces personnages comme le montre la suite du roman. Le temps du voyage, trois jours et trois nuits, Carleton Myatt, jeune négociant en raisins secs obsédé par ses origines juives, se demande comment il va pouvoir effectuer la transaction prévue à Istanbul car c’est une affaire complexe. Apercevant une jeune danseuse de music-hall en route pour un engagement pour la ville turque, Coral Musker, jeune fille infortunée mais opportuniste qui voyage en troisième classe, Myatt lui offre son compartiment de première ainsi que son manteau car elle a froid. Coral accepte mais avec une certaine hésitation face à ce personnage un peu maladroit. Elle se demande ce qu’il va lui demander en échange et se méfie au début. Montent dans le train à la dernière seconde une journaliste anglaise, lesbienne et alcoolique, Miss Mabel Warren accompagnant son amie Janet, ainsi qu’un professeur d’anglais bizarre qui se fait appeler Dr John, mais est en fait un chef communiste yougoslave en fuite dont le vrai nom est Dr Czinner. Mabel l’a reconnu et souhaite l’interviewer pour son journal, ce qui relancerait sa carrière déclinante et lui ramènerait Janet qui, ayant l’intention de la quitter, était montée dans le train bien avant elle. Ostende, Bruges, Liège, Cologne…Le train file dans la nuit. Coral et Myatt se rapprochent et échangent toute sorte de propos au wagon restaurant. Janet et Mabel se sont retrouvées, plus amoureuses que jamais et observent le couple Coral-Myatt. Janet est de plus courtisée par un certain Savory, écrivain populaire à fort tirage, qui l’invite au wagon-restaurant, mais Myatt n’a pas dit son dernier mot quand il remarque à la plastique de Janet… Vienne : non loin de la gare se déroule une scène dont l’acteur principal, Joseph Grünlich sur le point de commettre un vol avec effraction dans un coffre-fort est surpris par le propriétaire…Après son forfait, il se réfugie dans le train… Tous ces personnages en voyage constituant une manière de micro-société vont entrer en action dans la seconde moitié du livre qui est absolument palpitante, avec les personnages de Coral , une jeune femme touchante et étonnante d’humanité, de Czinner, l’idéaliste recherché par les autorités yougoslaves et de Myatt, un homme quelque peu infatué, fier de sa réussite matérielle et qui avance ses pions sur tous les plans, professionnel et sentimental. La relation entre Coral et Myatt est particulièrement bien décrite avec une certaine méfiance au départ de la part de Coral et puis un fatal consentement par la suite. Leur liaison, bien engagée, pourra-t-elle être pérenne ? Quant à Czinner et Grünlich pourront-ils échapper à la police ? Ce roman de jeunesse publié en 1932 maintient tout au long de la lecture une tension palpable affectant tous les personnages, et ce à divers titres : Myatt est parfois complexé par ses origines juives, Coral l’est par sa pauvreté, Mabel par ses difficultés professionnelles, Czinner est rongé par l’angoisse. Par ailleurs, deux thèmes planent tout au long du livre sans jamais arriver au premier plan, le racisme et l’homosexualité. En résumé, un excellent roman très varié dans le contenu, grâce à des personnages bien campés.

Plusieurs personnes dans le train qui vont apprendre par hasard à se connaître. Une journaliste, Mabel, avec sa fille de compagnie dont elle est amoureuse. Mabel flaire un bon article quand elle reconnait l'un des voyageurs, un communiste qui a été jugé à Belgrade 5 ans auparavant mais a réussi à s'enfuir. Il a beau nier et se faire passer pour un médecin, la vérité est là. Il porte quand même secours à une jeune fille désargentée qui elle, va s'éprendre d'un homme d'affaire juif. Celui-ci se sent bien avec elle et on y croit ! Il a pourtant d'autres choses à penser en ce moment, le rachat d'une entreprise entre autres. Un écrivain prétentieux papillonne autour de ce petit monde ainsi qu'un voleur sans scrupule et en arrière plan, un couple banal, une femme un peu déplaisante et un homme un peu dragueur. On s'attache à certains personnages, on rit parfois des uns et on craint pour les autres, car quelques péripéties lors de l'arrêt du train par exemple. Par contre, se lier d'amitié avec l'un ou l'autre est risqué ... Bien écrit, du suspense mais une fin un peu rapide et décevante à mon goût.

"Orient-Express" de Graham Greene raconte les histoires entrecroisées de plusieurs passagers à bord du train reliant l'Europe à Istanbul. Parmi eux, on retrouve Myatt, un riche homme d'affaires juif, Coral Musker, une danseuse anglaise, et le Dr Czinner, un révolutionnaire en fuite. Le voyage, initialement banal, se transforme rapidement en un périple rempli de tensions politiques, d'intrigues amoureuses et de confrontations morales, révélant les véritables natures et les secrets des voyageurs. Dans ce roman, Greene offre une exploration fascinante des interactions humaines et des dynamiques sociales au sein d'un microcosme en mouvement. Il maîtrise l'art de tisser des histoires individuelles en un récit cohérent qui reflète les complexités de l'Europe des années 1930. Le train, à la fois lieu de transition et espace clos, devient un personnage à part entière, symbolisant le voyage inéluctable vers des destins entrelacés. Comme toujours, les personnages de Greene sont profondément humains et, à ce titre, imparfaits, chacun portant ses propres espoirs, peurs et préjugés. Myatt, avec sa lutte contre l'antisémitisme ambiant, et Coral Musker, cherchant désespérément à échapper à sa vie morne, sont particulièrement bien croqués. Le Dr Czinner incarne la dimension politique du roman, reflétant les bouleversements de l'époque. La prose de Greene est caractérisée par sa concision et son efficacité, mais c'est dans la subtilité de ses observations sociales et psychologiques que le roman brille véritablement. Il capte l'incertitude et la volatilité d'une Europe en transition, tout en explorant les thèmes universels de l'identité, de la loyauté et de la moralité. Bref, "Orient-Express", tout en divertissant, incite à une réflexion profonde sur la condition humaine et les complexités des relations sociales dans un monde en constante mutation.

Au début des années trente, l'Orient Express se prépare à partir de la gare d'Ostende pour un voyage à travers l'Europe jusqu'à Constantinople en passant par Cologne, Vienne et Belgrade. A bord des wagons, divers personnages vont se croiser, se rencontrer, se séparer au grès des étapes parmi lesquels Coral Musker, danseuse de music-hall, Carleton Myatt, jeune négociant fortuné juif, Richard John, vieil instituteur, Mabel Warren, journaliste lesbienne et alcoolique ou encore Joseph Grünlich, voleur et meurtrier. A ces protagonistes s'ajoutent d'autres personnages secondaires comme Quin Savory, un écrivain populaire, le pasteur Opie, Janet Pardoe, la "dame de compagnie" de miss Warren et le couple Peters, représentant la classe moyenne anglaise. Coral Musker, importunée par Peters et malade dans son wagon de 3ème classe est prise en pitié par le jeune Myatt, fier de sa réussite matérielle qu'il affiche avec ostentation et maladresse, qui lui offre son sleeping et le restaurant. La jeune danseuse qui se sent redevable finit par céder aux avances du négociant. A cette romance à l'eau de rose biaisée, s'ajoute bientôt une intrigue plus politique lorsqu'à Cologne, monte à bord du train, presque sur un coup de tête, la journaliste Mabel Warren venue accompagnée sa dame de compagnie en partance, quand elle est persuadée d'avoir reconnu sous les traits de l'instituteur britannique le docteur Richard Czinner, un activiste révolutionnaire yougoslave recherché par les autorités balkaniques, qu'elle harcèle pour obtenir un scoop susceptible de relancer à la fois sa carrière journalistique et le couple qu'elle forme avec Janet Pardoe sur le point d'éclater. Progressivement l'aspect sentimental de l'histoire et le ton ironique de l'auteur vis à vis des comportements ridicules de miss Warren laisse la place au drame qui couve. D'abord à Vienne, lorsque Joseph Grünlich, coupable d'un meurtre lors d'un cambriolage qui a mal tourné grimpe dans le train pensant ainsi échapper aux poursuites policières ; ensuite à la frontière yougoslave de Subotica quand le docteur Czinner, dénoncé par la journaliste, tombe dans le piège tendu par la police et l'armée yougoslave et entraîne avec lui dans un simulacre de procès face à une cour martiale d'opérette Coral Musket et Grünlich. Si le lecteur n'a aucun doute sur ce qui attend le révolutionnaire communiste, il peut encore espérer une fin heureuse pour Coral Musker, pendant que les autres passagers arrivent à Constantinople et retrouvent leur univers familier et le cours normal de leur vie. Roman de jeunesse publié en 1932, Orient Express, intitulé à l'origine Stamboul Train, fait partie des romans que l'auteur britannique qualifie lui-même de "divertissement". Si elle comporte une intrigue somme toute assez conventionnelle, au delà du roman "ferroviaire" classique, empruntant à la fois au roman sentimental et au roman policier, cette oeuvre exprime aussi les angoisses des personnages face à la crise que traverse le monde et à leur propre destin et maintient la tension en développant les malaises ressentis par les protagonistes, l'obsession de sa judéité pour Myatt, la crainte de la pauvreté pour Coral Musker, le besoin de reconnaissance professionnelle et amoureuse pour Mabel Warren ou la peur et le besoin de rédemption du docteur Czinner, et en créant des relations qui unissent les personnages presque malgré dans ce train présenté comme le microcosme d'une société traversé par les clivages de mentalités et de situations sociales. C'est aussi un roman courageux qui aborde deux sujets osés pour l'époque, à savoir l'antisémitisme et l'homosexualité. Les préjugés antijuifs sont exprimés par plusieurs personnages et sont le reflet parfait des mentalités de l'époque; Ces préjugés sont renforcés par les comportements maladroits de Myatt, ce qui a valu d'ailleurs à l'auteur quelques critiques. L'appartenance communautaire y est décrite à la fois comme une fatalité mais aussi un lieu permettant de se ressourcer dans un univers plus familier. Le deuxième thème, celui de l'homosexualité, n'est abordé qu'en demi-teinte et si le personnage qui l'incarne est présenté comme ridicule et même parfois odieux dans sa jalousie maladive et son éthique professionnelle plus que contestable, il n'en demeure pas moins présent à de nombreux moments dans les limites de ce qui était permis à l'époque. Ce roman est donc intéressant à plus d'un titre bien qu'il ne possède pas la force littéraire des oeuvres ultérieures de l'écrivain catholique converti mais il recèle le ferment du talent de l'auteur de "la Puissance et la Gloire" et de "Un américain bien tranquille".