Rocher de Brighton - NE : Le livre de Graham Greene

Grand format

Robert Laffont

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Le Rocher de Brighton est une spécialité de la célèbre plage anglaise, un sucre d'orge que l'on peut casser en n'importe quel endroit et qui permet de toujours lire le nom de Brighton sur la cassure. Si l'on se demande pourquoi Graham Greene a donné comme titre à son roman le nom de cette sucrerie, on trouvera peut-être la réponse dans les parole d'un de ses personnages: "Regardez-moi. Je n'ai jamais changé. C'est comme ces bâtons de rocher; mordez-les tout du long, vous lirez toujours Brighton. C'est la nature humaine." En apparence, " Rocher de Brighton" est un roman policier. Mais il détient un sens secret. Car entre le Gamin, jeune bandit de dix-sept ans à la cruauté sadique et au charme envoûtant, Rose, la jeune fille qui se donne à lui malgré le danger qu'il incarne, et Ida, qui symbolise et défend le droit à tout prix, va se jouer un drame de vengeance, de cruauté et de mort marqué par la justice divine et la damnation éternelle.

De (auteur) : Graham Greene
Traduit par : Marcelle Sibon

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Paulinelpchn

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 an

L'histoire débute par l'assassinat d'un homme (Hale) dans la ville de Brighton. L'homme y était venu déposer des cartes pour un jeu et est malheureusement tombé sur une mauvaise personne. #8232;Ce meurtre va créer une opposition entre ceux qui l'ont commis, et Ida Arnold, qui ne croit pas du tout à la mort naturelle d'Hale. On va notamment suivre « le gamin / Pinkie », qui est le leader du groupe de malfrats, et la façon dont il cherche à ne pas se faire prendre.#8232;#8232; J'ai trouvé ce livre pas mal pour ce qui est de l'intrigue. Ça tient bien en haleine, et l'histoire est assez originale. #8232;Étant fan de la ville de Brighton, j'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur y a situé son histoire. Je visualisais les lieux avec une certaine aisance tout en les imaginant, en même temps, sous l'angle sombre donné par l'auteur. #8232;Dans la préface, l'auteur nous indique qu'au cours de sa vie, il est devenu catholique et qu'il est vain de chercher un lien entre ça et son livre… pourtant, ce lien est assez omniprésent. Le gamin est un tueur, mais en même temps, certains pêchés le répugne totalement (surtout l'alcool et les rapports intimes). Lui et Ida s'opposent constamment sur la question de ce qui est bien et mal, ce qui est juste et ce qui ne l'est pas. Quant à Rose (la serveuse qui en sait un peu trop) et le gamin, ils finissent par être à la fois opposés et identiques sur ce sujet.#8232;Ce lien vers la religion ajoute quelque chose de très pertinent à l'histoire.#8232;#8232; J'ai bien aimé ce que Graham Greene nous fait ressentir pour le gamin. D'un côté, on le déteste : c'est un manipulateur meurtrier très égoïste, et en même temps, il ressent tant de colère que cela peut provoquer en nous de la pitié et nous demander pourquoi/comment il en est arrivé là.#8232;#8232; Par contre, j'ai trouvé ce livre très long : c'est un pavé de plus de 500 pages, dans lequel il y a de nombreux moments où il ne se passe pas grand-chose, des moments qui sont parfois répétitifs, et donc pas forcément utiles. le résultat est que cela donne parfois un livre qui s'essouffle, alors qu'au départ, il est vraiment intrigant.#8232; On passe aussi parfois d'un endroit à un autre sans réelle coupure, ce qui peut déstabiliser le lecteur. Pourtant l'histoire m'a quand même donné envie de découvrir d'autres livres de Graham Greene.

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Colchik

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 ans

Graham Greene n’a jamais si bien conjugué roman noir et étude de caractères que dans le « Rocher de Brighton ». L’intrigue se déroule dans la ville balnéaire de Brighton, au sud de l’Angleterre. Le décor insouciant d’un lieu récréatif très populaire avec ses jetées mêlant attractions foraines, cafés et salles de concert possède son envers misérable fait de pensions miteuses, de lotissements neufs bon marché, de quartiers déshérités. Cette toile de fond sert de théâtre à une guerre du racket des bookmakers entre deux bandes rivales, celle du Gamin et celle du puissant Colleoni. Très vite l’attention du lecteur est aimantée vers deux électrons libres qui vont entrer en collision. D’un côté, il y a le Gamin, Pinkie, petite frappe de dix-sept ans boursouflée par l’ambition et la haine, obsédée par la damnation, et qui sature l’intrigue par sa force destructrice. À l’opposé, Greene le confronte à son exact contraire, Ida Arnold, une femme entre deux âges, généreuse, têtue qui veut que l’on rende justice à Fred Hale, une rencontre de hasard dont elle apprend la mort par les journaux. Greene poursuit le contraste jusque dans le physique de ses personnages et leurs comportements. Pinkie est frêle, osseux, chétif, mal nourri tandis qu’Ida s’impose par l’opulence de ses formes, sa taille plantureuse, ses seins généreux, ses « grandes et fraîches mains de pâtissier ». Le Gamin ne boit pas, n’éprouve que répulsion face à l’acte sexuel, Ida est souvent entre deux vins ou deux bières, et s’accorde sans chichis le plaisir physique, même s’il est décevant. Choc des personnalités, lutte entre le Bien et le Mal, l’affrontement se cristallise autour d’un enjeu : arracher la fade Rose à l’influence du concurrent. Le récit, noir, très noir, est haletant, étouffant et conduit dans un style éblouissant. Je ne peux terminer cette chronique sans évoquer l’antisémitisme qui affleure tout au long du roman de Greene. Je me suis dit tout d’abord que ses remarques sur les juifs n’étaient que le reflet du regard malveillant, raciste de ses personnages, que je confondais l’auteur et ses créatures. Hélas, je n’ai pu me résoudre à cette explication au fil des annotations outrées qui parsèment le texte. Pourquoi ? Parce que l’angle d’attaque – si je puis m’exprimer ainsi – se rapporte toujours à un physique supposé « sémitique », à la dissimulation de ces traits sous des artifices, à la richesse ostentatoire des juifs et à la manière qu’a l’écrivain de les distinguer (je dirai de les isoler) dans un dancing, un hall d’hôtel, un restaurant, au champ de courses comme s’ils formaient un groupe particulier, identifiable en toute circonstance. Nous sommes là dans un antisémitisme primaire, très courant dans l’entre-deux-guerres (le roman date de 1938), mais pas plus excusable. Cependant, mis à part cette réserve, il s’agit d’un chef-d’œuvre du roman noir, où le passé conditionne la dérive pathologique des personnages, où la cruauté du mal s’épuise dans un combat avec l’innocence (Pinkie, Rose : un même prénom pour leur incarnation), où le dogme religieux égare des consciences malades. Une plongée en apnée dans les obsessions morbides d’un Gamin voué au tragique.

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Gehenne

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 4 ans

Nouvelle échappée de Graham Greene dans l'univers des cabossés de la vie, des mal-partis, des loosers contraints à vivre d'expédients, de larcins petits ou grands, et engagés dans le cycle infernal d'une violence endémique. Ici, dans le coeur du réacteur, c'est une pitoyable bande de pieds-nickelés dirigée par un gamin de 17 ans qui tente de survivre à coups de rasoir dans le milieu propre aux arnaques des courses hippiques. En voulant défier le parrain de la mafia locale, Pinkie et ses sbires vont inéluctablement tomber sur un os. Et pire, s'inscrire dans une spirale infernale, lorsqu'ils décident d'éliminer un témoin de leurs combines. Mais Ida, femme forte, éprise de justice, veille. Elle venait juste de rencontrer Fred avant qu'il disparaisse et soit retrouvé sans vie. Mort naturelle, conclut le médecin : elle n'y croit pas un seul instant et remonte la piste du meurtrier, Pinkie bien sûr, qu'elle accule à faire de multiples erreurs dont un nouveau meurtre. Ce roman a tout du thriller, sauf que Greene va bien au-delà de la simple histoire criminelle, mettant en exergue la lutte implacable du bien et du mal (sans manichéisme pour autant) et la fatalité qui pèse sur les êtres humains victimes d'un milieu défavorable et de mauvais choix en cascade. Chez Greene, il y a toujours un arrière-plan métaphysique qui donne à son oeuvre toute sa richesse et le place parmi les grands écrivains du XXe Siècle.

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StCyr

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 4 ans

Brighton capitale du crime organisé. Certes, l'appellation semble tirée par les cheveux. Tout comme d'affirmer que la ville balnéaire est un bastion de la gastronomie outre-manche, si bastion il y a. En fait de spécialité, il semble que la plus connue soit le rocher de Brighton, qui donne son titre au roman, un bâtonnet dur de sucre cristallisé et aromatisé, un cauchemar pour les dents. le rêve. Hors il s'agit bien d'un roman noir que nous offre Graham Greene, ce caméléon littéraire. Pinkie Brown est un adolescent de dix-sept ans, précoce chef d'une bande de malfrats à la manque, qui a repris la succession, après que son prédécesseur et protecteur, Kite, se soit fait rectiifier. le Gamin, comme on l'appelle, n'a pas encore de vice : il ne boit pas, ne joue pas, ne fume pas, ne ... , non plus. le seul frisson qu'il éprouve, lui le catholique qui croit, certes plus à l'enfer - d'ici-bas, qu'au paradis, c'est d'aider un journaliste indélicat à claquer du palpitant et un congénère trop peu sûr à avoir un malencontreux et prévisible accident. Problème, Ida Arnold, une femme de caractère, qui a de la suite dans les idées, avait eu, immédiatement avant sa disparition, une très brève "idylle" dans un taxi avec le défunt reporter, et Colleoni, le caïd de la ville, aimerai bien avoir les coudées franches et mettre un terme à la carrière du sadique jeune bandit. Bref deux problèmes, deux de trop pour tout dire, pour notre équipe de bras cassés. Graham Greene est un admirable touche-à-tout, il s'est frotté à beaucoup de genres littéraires, avec des fortunes diverses certes, mais Rocher de Brighton est sans contredit parmi les tout meilleurs de ses romans. C'est un admirable récit qui dépasse de beaucoup la simple dimension du polar, grâce à ses qualités littéraires, du fait de son humour macabre. On aime l'ambiance un peu glauque, qui a certainement influencé le "nouveau désagréable" (new unpleasantness) de Martin Amis. Très réjouissant.

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Fiche technique du livre

  • Genres
  • EAN
    9782221087282
  • Collection ou Série
    Pavillons
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    472
  • Dimensions
    216 x 136 mm

L'auteur

Graham Greene

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24,60 € Grand format 472 pages