La leçon du mal : Le livre de Yûsuke Kishi

Quand Battle Royale rencontre Hannibal Lecter... Un professeur d'anglais, parfait en apparence, cache le plus froid des psychopathes. Et entraine tout un lycée dans l'horreur. Pas vraiment un roman policier, puisque l'on suit le coupable de bout en bout, cette leçon du mal est plutôt une descente aux enfers, avec visite de ses coins les plus glauques avec comme guide ce professeur Hasumi qui fait froid ans le dos. D'un manque d'empathie criant, ce prof trop bon, trop beau, trop habile, détruit les vies de tous ceux qui lui barrent la route. Et on le suit dans ses choix inhumains avec une seule question : Qui pourra bien l'arrêter ? Sans d'autres buts que de nous présenter ce monstre caché au milieu de la foule, l'auteur nous entraine à sa suite. Cela se lit vite, et chaque chapitre est comme une marche de plus qui nous entraîne au fond, dans le noir.

« L’école n’était pas un sanctuaire dédié à la protection des enfants, mais à une arène où seule régnait la loi du plus fort. Afin de survivre, il fallait soit avoir de la chance, soit faire preuve de beaucoup d’intuition, soit pouvoir déployer la violence physique nécessaire pour se défendre. » De tout cela, les élèves du lycée Shinkô Gakwin à Machida, devront se munir pour faire face au déchaînement d’un tueur psychopathe au sein même de leur établissement. L’action ne se déroule pas aux États-Unis, mais au Japon, un pays où règne l’ordre et l’obéissance aux règles, croit-on. Détrompez-vous le temps d’un roman. La leçon du mal à laquelle nous convie Yûsuke Kishi relève du pur délire et étire l’élastique de la vraisemblance à plusieurs reprises. Au début, il ne se passe pas grand-chose, à tel point que j’ai failli abandonner le roman, à l’instar de mon mari qui lui, ne s’est pas gêné, dépité par l’aura du professeur d’anglais escorté de ses étudiantes groupies. Mais attention, à mi-chemin du récit, l’auteur donne un peu plus d’épaisseur à son personnage principal en nous dévoilant une partie de son passé pour le moins trouble. À partir de là, une spirale destructrice prend place qui nous mène à une finale haletante mais qui s’étend néanmoins en longueur. Une suite est-elle possible? En tous cas, c’est ce que laisse entendre la toute dernière page... Une lecture tout en bémols à laquelle j’accorde trois étoiles.

Ce n'est pas un thriller comme les autres! Ici, vous ne cherchez pas qui est l'auteur des crimes, vous savez dès le début qui est le psychopathe! Dès la 4ème de couverture d'ailleurs#128517; Je suis fan des films et livres horreurs/ thrillers/ psychologiques japonais! Ils ont une manière de vous torturer l'esprit, d'instaurer une ambiance lourde, très noire, qui leur est propre. Et ce livre ne fait pas exception! Vous avez la 1ère partie qui installe cette ambiance, présente les personnages et l'esprit machiavélique du professeur. Elle est remplie de manipulations, de secrets. La 2ème partie est celle de l'action! Là, c'est un véritable " film" d'horreur"!

La Leçon du mal de Yûsuke Kishi, traduit du japonais par Diane du Rocher, Belfond, 2022 Un dépaysement total au sein d’une société japonaise enfermée dans ses codes, sa hiérarchie sociale et ses traditions passéistes, qui finit par engendrer des monstres. Un roman déroutant, malaisant et, en même temps, captivant. Un enseignant d’anglais charismatique et impliqué dans son rôle au lycée privé Shinkô Gakuin de Machida… Seiji Hasumi est adulé de ses élèves, admiré de ses collègues, apprécié de sa direction ; c’est un homme raffiné, drôle, toujours prêt à voler au secours des uns, à aider les autres, à combattre les injustices et le harcèlement, à dénouer les conflits : « Lorsqu’il avait appris qu’on lui avait attribué une classe, la 1re 4, en tant que professeur principal, il ne s’était plus senti de fierté : ce serait son royaume. Il aurait deux ans pour lui donner forme, puisque les classes de première et de terminale resteraient les mêmes ». À ce titre, j’ai mis un peu de temps à entrer dans ce roman, à la fois parce que j’avais un peu de mal à retenir les noms japonais des nombreux personnages et, surtout, parce que je sentais bien que Seiji était, justement, un peu trop parfait et que le pire, annoncé, tardait tout de même à venir. En revanche, quand commence à se dévoiler vraiment la personnalité psychopathe et manipulatrice du héros, la montée en puissance de la narration fait qu’il devient difficile de lâcher ce roman. Seiji se révèle calculateur, pervers, prêt à tout pour prendre le contrôle et asseoir une forme de pouvoir. C’est un individu sans affect, violent, qui n’hésite pas à éliminer quiconque se met en travers de sa route. Quand trois de ses élèves commencent à mettre en doute ses agissements et ses intentions et à enquêter sur son passé, une véritable spirale infernale de violence et de cruauté se met en branle. Personnellement, j’en suis restée sidérée. Ce livre aborde un certain nombre de thématiques, imbriquées : harcèlement, cyberharcèlement, attitudes inappropriées de personnes ayant autorité, chantage, manipulation, violence, satire de la société et du système d’éducation, gestion des établissements scolaires privés où le CV des professeurs est très discutable… L’écriture de Yûsuke Kishi est percutante, factuelle, glaçante, immersive, non dénuée d’un certain humour et d’une redoutable efficacité. Une plongée horrifique dans le cerveau dérangé d’un psychopathe puisque des retours en arrière nous apprennent des détails sur l’enfance et le passé professionnel de Seiji. L’auteur réussit le tour de force de nous faire évoluer dans notre relation avec son personnage : au début, on l’aime bien, nous aussi, avant de nous rendre compte de l’emprise qu’il a sur ses collègues et sur ses élèves et de le suivre dans les péripéties finales. J’ai retrouvé ce thriller dans les profondeurs de ma PAL (oui, j’ai parfois des rentrées littéraires en retard… On ne se moque pas). Je reviendrai sans doute vers cet auteur japonais dont l’univers m’intéresse, mais pas tout de suite. #LaLeçondumal #NetGalleyFrance #lesglosesdelapiratedespal #lapirateglose