La leçon du mal : Le livre de Yûsuke Kishi

Énorme coup de cœur pour « La leçon du mal » ! J’avais envie de retourner au Japon depuis un moment, et ce roman de Yûsuke Kishi m’a comblé. Ici, pas de mégalopole étouffante comme Tokyo : l’intrigue se déploie dans un cadre plus feutré, celui du lycée Shinkô Gakuin, à Machida – une ville située au sud de la capitale nippone, qui compte néanmoins… plus de 400.000 habitants. Les premières pages peuvent désarçonner : une multitude de personnages sont introduits d’emblée, comme si l’on se retrouvait face à un échiquier au tout début d’une partie. Mais très vite, cette profusion fait sens, et l’on s’immerge dans le microcosme du lycée, parmi ses élèves et ses professeurs. Je ne savais absolument pas où l’histoire allait m’emmener. On commence par suivre Seiji Hasumi, un professeur d’anglais charismatique, adulé par ses étudiants et apprécié de ses collègues. Un homme qui se dévoile lentement, au fil des pages, comme un puzzle dont les pièces s’assemblent dans une inquiétante clarté. J’ai ressenti une tension sourde et croissante, semblable à celle que l’on trouve dans certains films asiatiques – « Deux sœurs » de Kim Jee-woon m’est immédiatement venu en tête. Il y a quelque chose de doux, presque contemplatif, où flotte en arrière-plan une menace diffuse, qui peu à peu se précise à travers des événements en apparence anodins. C’est le battement d’ailes du papillon… La traduction de Diane Durocher m’a paru impeccable : le style est à la fois fluide et dense, et nous donne accès à la psychologie de plusieurs protagonistes – Hasumi, bien sûr, mais aussi l’étrange professeur Tsurii, l’élève écorché vif Tadenuma, ou encore Reika, l’étudiante méfiante… Chaque personnage est finement campé, et contribue à nourrir l’atmosphère trouble du roman. La dernière partie, le final, est explosif. Et le dernier chapitre, inattendu, laisse la porte ouverte à plusieurs interprétations. C’est la leçon du mal… En conclusion, je n’ai rien trouvé à redire à ce thriller atypique, machiavélique, minutieusement construit et pensé, qui m’a apporté le dépaysement que je recherchais.

Chers booklovers et bookloveuses aurez-vous le courage d’apprendre La Lecon du mal de Yûsuke Kishi? Sortie remarquée à l’époque, j’ai eu la chance de le recevoir dans le cadre de mon partenariat avec @fnac_officiel et @editions_pocket. #x1f4da Seiji Hasumi, professeur d’anglais charismatique et à l’écoute de ses élèves, séduit tout son entourage par sa gentillesse, son professionnalisme et son sourire désarmant. Oui Hasumi est tout cela mais bien plus encore…#x1f60f #x1f9de Véritable génie du mal Yûsuke Kishi nous offre un personnage incroyablement travaillé, un Patrick Bateman d’American Psycho sauce nippone, monstre plus poli, plus subtil mais tout aussi barré! J’ai du m’accrocher car les premiers chapitres avec leur profusion de personnages - lycéens, parents et élèves- demande un travail de mémorisation. Il ne faut donc pas se décourager car une fois ce cap passé le roman se resserre autour de ces figures clés. L’auteur nous donne à voir la personnification de la manipulation, de la domination dans un cadre où rien ne devrait basculer dans l’horreur: le lycée. Kishi profite de ce thriller en huis clos pour dresser une critique sociale avide du système éducatif japonais. Des enseignants à la moralité troublante incapables de protéger ceux qu’ils sont censés encadrer. #x2764 Thriller efficace, offrant un voyage malsain et fascinant dans l’esprit d’un homme qui n’a rien d’humain!

Essayant de m’ouvrir davantage aux thrillers, et ayant lu de bonnes critiques, je me suis lancée optimiste dans cette lecture. Mais je n’ai pas été passionnée. La première partie semble longue. On y décrit beaucoup de personnages mais d’une part on comprend rapidement que la plupart d’entre eux seront des victimes, et d’autre part aucun personnage ne m’a semblé attachant. J’ai aussi été dérangée par la façon dont les différents protagonistes résolvent les mystères : quasiment à chaque fois à l’instinct. J’ai trouvé ça un peu facile. J’ai tout de même mis la moyenne, car la seconde partie est plus efficace. Elle est bien rythmée. Le livre en entier est bien écrit, l’écriture est fluide. Les dernières pages et la résolution de l’histoire est bonne pour moi.

Avec La leçon du mal, Yûsuke Kishi nous entraîne dans un thriller psychologique sombre et dérangeant, où les apparences sont plus que jamais trompeuses. Dès les premières pages, l’auteur installe une atmosphère de malaise. Le ton est posé, l’écriture précise, et l’ombre inquiétante qui plane sur le lycée où se déroule l’histoire se fait de plus en plus oppressante à mesure que l’intrigue avance. Yûsuke Kishi excelle dans l’art de distiller une tension sourde, presque insidieuse, qui ne cesse de croître au fil des chapitres. L’atmosphère japonaise, avec ses non-dits et ses faux-semblants, contribue à renforcer ce sentiment d’étouffement. C’est un roman qui dérange autant qu’il fascine, et qui joue avec les nerfs du lecteur sans jamais sombrer dans l’excès gratuit. Malgré la qualité de la plume et l’ambiance soigneusement construite, La leçon du mal souffre parfois de lenteurs. L’intrigue prend son temps pour se déployer, au risque de perdre par moments un peu de sa force d’impact. De plus, certains personnages apparaissent assez caricaturaux, presque trop lisses ou trop outranciers pour susciter une véritable empathie. Cette caractérisation un peu stéréotypée nuit parfois à la profondeur du récit, même si elle s’inscrit sans doute dans une volonté de dénoncer les travers d’une société gangrenée par l’hypocrisie. La leçon du mal reste une lecture marquante pour les amateurs de thrillers psychologiques sombres et dérangeants. Yûsuke Kishi signe ici un roman qui bouscule et interroge, tout en confirmant son talent pour explorer les recoins les plus troubles de l’âme humaine.