La vie sans fards : Le livre de Maryse Condé

L'autrice revient sur le début de sa vie, avant qu'elle ne commence à écrire des ouvrages. Ce qui m'a le plus frappée, c'est la condition des femmes dans les années 50/60 quel que soit l'endroit où elle a vécu. Sans homme, ni contraception à l'époque, tu étais dans la merde ! Elle a du batailler entre ses grossesses et ensuite les enfants à élever, ses études, ses divers boulots et son envie d'être libre, instruite et de comprendre la société dans laquelle elle vivait. Souvent elle s'est dit qu'elle était stupide dans ses choix, ses amours, mais remis dans le contexte de l'époque, je lui ai trouvé un courage fascinant ! Et puis elle nous parle également de négritude, comment elle a découvert les auteurs et autrices qui explore la condition des peuples noirs, comment cela a façonné sa pensée. J'ai beaucoup aimé cette lecture, qui m'a fait réfléchir sur le chemin parcouru et celui qu'il nous reste encore à faire...

Je sors très perplexe de la lecture de "la vie sans fard". C'est mon deuxième livre de Maryse Condé, le premier "Moi, Tituba sorcière" était d'une autre facture. Le récit porte principalement sur les années 1960 passées en Afrique (Côte d'Ivoire, Guinée, Ghana) Maryse Condé est une jeune femme. Onze années de galère ( difficultés d'intégration - ne parle pas les langues locales - des activités professionnelles, une vie quotidienne un peu chaotique : quatre enfants, un mari Mamadou Condé, des amants, de nombreux amis, des situations politiques souvent difficiles..). Je ne me suis pas attachée au personnage de Maryse. Suite à la remarque d'une amie, elle se défend " Si je n'ai pas fait que des "conneries".... n'ai-je pas accumulé les décisions et les choix hasardeux, poursuivi avec obstination des rêves et des fantasmes personnels ? Aussi n'ai-je pas fait souffrir les miens ? mes enfants surtout, dont j'ai toujours cru avoir l'intérêt à cœur ?" (pages 136/137 Pocket) Maryse Condé a 78 ans lorsque le livre parait (2012). Elle est alors une écrivaine multi-primée, distinguée et décorée.

Dans ce livre, Maryse Condé raconte son parcours africain, de 1959 à 1970. La jeune Guadeloupéenne promise à de brillantes études rencontre à Paris son premier grand amour, un intellectuel Haïtien qui l'abandonne enceinte d'un premier enfant. Marquée par sa découverte des grands poètes de la négritude, Aimé Césaire en tête, elle décide de tout abandonner et de partir à la recherche de ses racines sur le continent africain . Alors que l'Afrique est en pleine décolonisation et recherche d'émancipation, entre coups d'état et régimes plus ou moins dictatoriaux, celle qui n'est pas encore écrivaine va se chercher, passant d'un pays et d'un amour à l'autre, menant tant bien que mal une vie de mère de famille de 4 enfants, souvent isolée , mal intégrée dans ses cultures qui ne sont finalement pas les siennes. Saint-Louis du Sénégal, Abidjan, Conakry, Dakar, Accra, un épisode londonien puis le retour en Guinée, patrie de son mari. Une vie chaotique avant de se découvrir un talent pour l'écriture qui finalement lui permettra de se retrouver et de s'épanouir. C'est écrit sans fard en effet, Maryse Condé ne cherche pas à cacher ses infidélités, ses mauvais choix, ses errances , elle met tout sur la table. Elle parle aussi de ses lectures, de son éveil politique. C'est aussi l'occasion de comprendre où elle a puisé toutes les histoires qu'elle raconte dans ses livres : de nombreux épisodes de sa vie mouvementée en ont été le point de départ. Le livre a aussi le mérite de dresser un tableau très intéressant de l'Afrique post coloniale , on y côtoie les grandes figures de la décolonisation , Sékou Touré en Guinée et Kwame Nkrumah au Ghana et on y sent le glissement de l'utopie révolutionnaire à la dictature. Dix ans de la vie d'une grande écrivaine et dix ans d'histoire du continent africain dans un même livre donc, qui devrait plaire à tous ceux qui aiment l'oeuvre de Maryse Conde.

L'auto biographie de Maryse Condé dans laquelle, elle nous raconte sa vie d'errance basée sur tous les hommes qu'elle a aimé. Récit très détaché de l'affect ou on aurait aimé l'entendre dire qu'elle a aimé les différents enfants qu'elle a eu avec différents hommes. Pour moi, elle ne sort pas grandie de cette histoire, elle semble avoir subit sa vie et se plaint beaucoup sans se battre. D’où peut être le titre "La vie sans fard", telle quelle est et sans les artifices de la fiction.