À lances et à Pavois : Le livre de Jean d' Aillon

Suite de la jeunesse de Guilhem d’Ussel : à lire, en principe, après la nouvelle « L’évasion de Richard Coeur de Lion » inclus dans le recueil éponyme – sans quoi le début de l’aventure peut vous paraître obscur. Cependant, à plusieurs reprise au cours de la première partie de l’ouvrage, de nombreux détails de l’épisode raconté dans la nouvelle sont rapportés, au point que j’ai régulièrement eu un fort sentiment de redite – et cela tout au long du roman puisque chaque fois que l’un ou l’autre personnage rencontre un nouveau protagoniste, les événements qui le concernent sont à nouveau rappelés de façon plus ou moins résumée. C’est un point faible, à mon sens, de ce tome-ci, qui m’avait paru beaucoup moins prégnant dans les autres. Malgré tout, je me suis laissé prendre au jeu de l’aventure, bien qu’étant moins convaincue par sa substance. L’intérêt que j’y ai trouvé demeure pour beaucoup historique (sur le plan très global, avoir une vue un peu large de qui fait quoi où et sur le plan de détail, avoir une illustration de la vie au Moyen-Age avec une variété de lieux et de population) : nous sommes ici dans le Vexin normand (Brionne, Notre-Dame du Bec, Gaillon etc.), la zone frontière entre les terres du roi de France et celles du duc de Normandie, l’usurpateur Jean Sans-Terre - pendant que Richard Coeur de Lion le légitime est toujours emprisonné en Allemagne. Zone au combien sensible et sur laquelle Philippe Auguste lorgne pour remonter toujours plus la frontière. Plus largement quelques exemples sont mis en scène du fonctionnement des territoires et des conditions de vie des populations selon la personnalité (dans tous les sens du terme) dont ils dépendent, avec tous les affres potentiels liés au pouvoir, à la cupidité, au désir de vengeance etc. – ce qui navigue entre historique et romanesque. Nous côtoyons ici plus particulièrement aussi bien d’anciens serfs, un tenancier expulsé, un moine excommunié, un seigneur lépreux, des descendants lointain de Guillaume le Bâtard, le routier Louvart (côté normand), beaucoup Lambert de Cadoc (côté roi de France). Le fond de l’aventure de Guilhem est donc politique en plus d’être personnel, avec moult cavalcades, guet-apens, ruses, combats, code d’honneur / loyauté. J’ai trouvé ce tome-ci un peu en dessous des précédents mais il reste tout de même prenant et plaisant. Et j’ai hâte de poursuivre ses aventures (vers le comté de Toulouse au service de roi de France dans Félonies et malaventures !) !

[Livre audio] J'ai eu beaucoup de mal à achever ce livre. D'abord très concentrée à prendre note de tout (la couverture parle d'enquête), je me suis vite retrouvée le bec dans l'eau à enchaîner les récits avec un seul mince fil conducteur, beaucoup de redites et de lourdeurs. Le ton ne se fixe pas et longtemps je n'ai pas réussi à me décider sur le public visé. Accessible pour un nouveau lecteur, j'aurais peut-être eu un investissement plus fort si j'avais lu les tomes précédents. Très convenu. Mais lecteur très investi, Nicolas Djermag donne beaucoup de vie à cet univers et je vais m'empresser d'écouter ses autres prestations.