Le grain magique : Le livre de Taos Amrouche

Spinoza s’est éteint le 21 février 1677, à quarante-quatre ans. Il souffrait de tuberculose. Cette donnée factuelle amène J.F. Bensahel à poser un questionnement sur la cause réelle de la mort du philosophe. La maladie l’a-t-elle tué ou une main diabolique aurait-elle aidé la rencontre avec la « puissance destructrice » qui l’a balayé outre-tombe ? Ce questionnement mêle habilement les idées de Spinoza au contexte intellectuel, politique et religieux de l’époque. « Dans l’Éthique, Spinoza avait démontré que chacun d’entre nous finit toujours par rencontrer sans hasard une puissance destructrice qui le désagrège et le tue. Or, tout donnait à penser, à ses proches en premier, que sa maladie n’était pas dans une phase aiguë. Colerus dirige alors clairement nos soupçons vers Lodewijk Meyer. Mais quelles raisons aurait-il eues de tuer son ami ? Peut-être Colerus incite-t-il son lecteur à voir en Meyer le coupable pour mieux l’égarer et le détourner d’autres suspects possibles ? » Le roman de J.F. Bensahel m’a intéressé mais il me paraît relever davantage du récit historique que du thriller philosophique comme annoncé dans la quatrième de couverture. L’auteur prend la mort de Spinoza à prétexte pour exposer les idées du philosophe et tenter d’expliquer pourquoi elles dérangeaient tant les autorités intellectuelles, politiques et religieuses de l’Europe du XVIIème siècle. C’est passionnant, bien documenté, le lecteur est plongé au cœur d’une époque aussi riche d’intrigues que d’idées neuves, on sent que les esprits foisonnent et bouillonnent et que l’on peut tuer pour des idées, mais je m’attendais à un suspense plus intense (Ah ces quatrièmes de couverture… n’est-ce pas @jasminebluebooks ?). Un grand merci aux éditions Grasset de m’avoir permis de suivre une histoire riche d’enseignement et de découvrir un auteur que je ne connaissais pas.