Le rouge du péché : Le livre de Elizabeth George

C’est toujours un plaisir de retrouver Thomas Linley et Barbara Harvard. Surtout depuis que lis les tomes dans l’ordre. L’enquête n’a finalement que très peu d’importance et un lecteur attentif peut facilement deviner la solution. Tout l’intérêt de ce volume réside dans la capacité qu’a l’auteur de donner vie à des différents personnages, en particulier des grands adolescents. Enfin, elle ne s’éternise pas contrairement à certains volumes.

Je cherchais un roman récréatif dans ma réserve. Avec Le rouge du péché c'est chose faite . Lindley et Havers se retrouvent accidentellement sur une enquête dirigée par Hannaford, en pleines Cornouailles. Kern Santo est retrouvé mort au pied d'une falaise qu'il escaladait, son matériel ayant été saboté. Dans ce village tout le monde se connait , toutes les vies se sont croisées avec plus ou moins de bonheur et tous deviennent donc de potentiels suspects. Un roman bien écrit, agréable à lire même si certains développements alourdissent à mon humble avis le récit mais on ne fait pas un pavé de plus de 700 pages sans délayer le récit. Un roman divertissant qui a rempli mes attentes.

Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais une fausse idée de l'auteure : je croyais qu'elle écrivait des romans policiers classiques, "pépères" ou un peu à l'ancienne. Du coup, j'ai été plutôt surprise par sa modernité (si l'on entend par là langage cru et névroses en tout genre). Le livre est long, mais je l'ai lu en quelques jours car il m'a accrochée, et que les Cornouailles ont du charme. Mais je dois bien avouer que l'intrigue prend son temps et est quelque peu décevante au final. Tout n'est pas réussi ni abouti. Il n'en demeure pas moins que j'ai acheté un autre livre de cette auteure, pour me faire une idée plus précise, car elle m'intrigue.

Avec pour toile de fond la côte de Cornouailles et ses surfeurs, le meurtre d’un jeune garçon, fils du propriétaire d’un hôtel, donne lieu à des portraits ciselés de tout l’environnement humain de la victime. La psychologie de chaque personnage et potentiel coupable est très bien dépeinte de même que celle de l’inspecteur Lynley, douloureusement éprouvé par le décès brutal de sa femme alors enceinte. On se laisse volontiers embarquer dans cette communauté aux personnalités en souffrance, découvrant petit à petit leurs secrets. La famille, son poids comme sa force, les fondations de ce que l’on est, sont très bien abordés parallèlement avec un attachement particulier pour ce grand-père qui brave la volonté de son fils pour permettre à sa petite-fille de suivre sa voie (entrer au couvent) ou l’inspectrice Hannaford qui n’a pas su pardonner à son mari son refus de l’arrivée tardive de leur deuxième enfant. L’enquête ne s’en trouve pas éclipsée pour autant. Ce que sont les personnages participe à les suspecter ou pas et lorsque le dénouement arrive au bout de 780 pages, on reste surpris par l’identité du coupable même si l’ensemble du livre nous y a préparés. C’est là toute l’habileté d’une auteure de qualité qui nous livre ici un excellent roman mêlant littérature et suspense d’un bon policier.