L'Epaisseur de l'aube : Le livre de Nicolas Garma-Berman

Une PÉPITE ! Du lyrisme dans ce roman choral empreint de pertes, de fantômes, d’amour fraternel et de transmission. Un rythme de lecture équilibré. Et que d’émotions ! Le drame survenu à Genève, 30 ans après celui en Écosse, a entraîné le silence. Et chez moi, une chape de plomb ! Lorsque la décision est prise de se rendre en montagne pour les frères, Roy et Ness, j’y ai ressenti un espoir de je ne sais quoi… J’ai entendu que l’on pouvait s’entourer de musique afin de préserver son silence... Pourquoi d’ailleurs ce silence chez Roy ? Quelle en est l’origine ? Ici, c’est la fraternité qui est mise à l’épreuve avec tout ce que ça implique d’affects et de risques de déterrer des secrets. Ce lien immuable qui les lie depuis toujours, malgré des colères, des non-dits, pourra-t-il cette fois survivre ? Je n’avais pas lu la 4ème de couverture avant. Et je n’ai pas regretté. L’auteur réussit à intégrer de la poésie, des silences qui parlent et une onde musicale dans cette atmosphère montagneuse qui nous donne l’envie d’ouvrir à fond nos poumons et nous laisser aller : « le silence ici n’est pas le même. Il ne porte aucune douleur.  Un tumulte intérieur ! un roman dont je me souviendrais très longtemps. Et alors que je referme ce merveilleux roman ce matin, je suis ravie d’apprendre qu’il vient d’obtenir le Prix Coup de Cœur Mont Blanc aussi toutes mes félicitations pour l’auteur.

C’est Ness qui prend la parole en premier. Le plus jeune des deux frères n’avait que six ans lorsque Roy et lui ont quitté l’Ecosse avec leur père. De leur mère Isla, fantasque et téméraire, ne lui reste que peu de souvenirs. Alors il se repose sur son taiseux de frère pour comprendre ce qui lui est arrivé, pourquoi cette installation à Genève. Roy, lui, a gardé tous ses souvenirs. Il s’est construit une vie apparemment délicieuse, entre la musique et sa femme, sa fille adorables. Mais ses démons ne sont jamais loin… Alors que Ness est le seul à continuer à voir leur père, atteint d’Alzheimer, la fille de Roy meurt brusquement d’une manière inexpliquée. Sous le choc du deuil, le couple fragile de Roy et sa femme vole en éclats, et Ness est la dernière personne à tenir compagnie à son frère. La plume de Nicolas Garma-Berman se saisit des deux frères alternativement, pour nous faire vivre toute la complexité de leur relation, de leur construction au sein d’une famille tout sauf normative, et de leur lien au féminin. Cette mère, cette fille, cette femme qui disparaissent les unes après les autres n’ont peut-être pour fonction que de révéler leur fragilité, leur faiblesse face à ce que leur a imposé leur père des années auparavant. J’ai aimé me plonger dans la nature montagneuse et écossaise comme un miroir de leurs âmes tourmentées. J’ai aimé l’onirisme et la bande son sixties de ce beau roman un peu sombre. C’est une belle découverte que je vous recommande !

Lors de la rentrée littéraire 2022 j'ai eu l'occasion de découvrir la fille aux plumes de poussière grâce au animatrice du forum Culturalivres. Je me suis plongé dans ce nouveau roman et je le vous recommande, celui-ci est différent du précédent par le ton, on n'en ressort pas indemne. Une intrigue mélancolique, poétique, de nombreux thème y seront abordés bien souvent difficile. Famille, Deuil, Absence, Souvenirs, Non dits, Mémoire. Un voyage intérieur d'une grande beauté, douleurs et reconstructions. L'auteur reprend plusieurs thématiques déjà lu dans le précédents.

Après “La fille aux plumes de poussière”, au style envolé qui se savourait comme on laisse fondre un bonbon acidulé en bouche, Nicolas Garma-Berman revient avec “L’épaisseur de l’aube”, un drame familial où deux frères brossent leur portrait mutuel, celui de leurs vies respectives et celui des absents (d’une façon ou d’une autre). C’est éminemment touchant, très poétique et incroyablement musical (beaucoup de titres sont évoqués). On tangue de l’Ecosse à la Suisse, on se laisse bercer par la douce mélopée de Garma-Berman qui nous raconte la fraternité, les non-dits, la vie. Avec ce roman, le deuxième de l’auteur, on sent un style plus affirmé comme s’il prenait lui aussi la mesure de son talent à raconter des histoires: je ne peux qu’être impatiente de côtoyer une nouvelle fois sa plume.