Les Guerriers de l'hiver : Le livre de Olivier Norek, Thierry Blanc

Il est rare qu’un roman me bouleverse autant tout en m’apprenant beaucoup. Les Guerriers de l’Hiver est un roman historique qu’il faut lire absolument. Cette Guerre d’Hiver menée par l’URSS de Staline contre la petite Finlande, d’octobre 1939 au 13 mars 1940, est une guerre oubliée. La Seconde guerre mondiale débutait. Le pacte germano-soviétique semblait préserver l’URSS mais Staline voulait agrandir son territoire immense, ce qui n’est pas sans rappeler ce qui se passe aujourd’hui. Ancienne possession suédoise, la Finlande construit son indépendance depuis vingt-deux ans mais le pouvoir russe a mis au point une stratégie pour faire croire qu’il répond à une attaque finlandaise. Avant cela, de son écriture délicate, Olivier Norek m’a plongé dans la vie quotidienne d’une famille finlandaise. Un de ses membres, un certain Simo Häyhä se distingue en remportant un concours de tir au fusil à deux cents mètres. À Helsinki, lors du Championnat de tir des Gardes civils de Finlande, après être sorti vainqueur d’un lot de mille sept cents concurrents, il dame le pion à un officier muni d’un fusil à chargement automatique. Simo se contente de son fusil M28/30 à chargement manuel, fusil dont il refusera de se séparer alors que des rumeurs de guerre hantent l’Europe… Staline, Hitler… Voilà donc que l’une des plus grandes puissances militaires du monde attaque une des plus petites nations. Staline pense régler cela en deux trois jours mais c’est sans compter avec le Sisu, ce formidable courage, cette obstination, cette détermination, cette volonté dont vont faire preuve les Finlandais comme le raconte très bien Olivier Norek. Il suit bien sûr son héros, Simo, un fameux sniper surnommé La Mort Blanche, dont deux photos sont insérées dans le livre. Il l’entoure de ses amis du village de Rautjärvi : Onni, l’époux ; Piétari, le grand frère ; Toivo, l’ami de toujours. Et puis il y a Leena qui fait partie des indispensables Lottas, ces femmes engagées dans l’armée finlandaise. Cette plongée dans une guerre tellement disproportionnée est vite passionnante car c’est bien raconté avec beaucoup de détails permettant de prendre conscience des conditions climatiques avec des températures pouvant aller jusqu’à moins cinquante degrés. Olivier Norek me fait vivre aux côtés des soldats finlandais qui font preuve non seulement d’un immense courage mais aussi d’une inventivité folle qui désoriente l’ogre russe aux ordres d’officiers politiques imbus de théories complètement inadaptées. La folie meurtrière de ces hommes ne s’applique pas seulement aux Finlandais mais n’épargne pas les soldats de l’armée rouge. D’ailleurs, on envoie d’abord en première ligne des Ukrainiens, des Roumains, des Géorgiens, des Mongols, des Turcs, des Azéris, des Kazakhs, des Tadjiks, des Uzbeks, des Biélorusses, des Arméniens… Olivier Norek m’emmène aussi à Moscou, au Kremlin où Staline décide du sort de milliers d’hommes. Il passe en plus par les bureaux du gouvernement finlandais et enfin par Paris où Daladier, comme le britannique Chamberlain, se contente de promesses alors que l’envoi rapide d’armes et d’hommes aurait permis d’écourter le massacre. L’auteur permet de bien prendre conscience de toute la complexité des rapports diplomatiques où mensonges et promesses se succèdent alors que le sort de peuples entiers est en jeu. Tout cela est raconté avec précision, un sens parfait du récit. J’ajoute que plusieurs cartes en fin d’ouvrage sont très utiles et que j'ai regardé avec attention et émotion les photos de la plupart des principaux protagonistes qu’Olivier Norek a bien fait de sortir de l’ombre. Les Guerriers de l’Hiver a été récompensé du Prix Renaudot des Lycéens et du Prix Jean Giono 2024. Cela est amplement mérité !

Très belle écriture, très efficace de Norek comme d’habitude. Pour autant, il s’agit d’un roman historique sur une guerre absurde et meurtrière. C’est assez éprouvant à lire, mais aussi formidablement documenté. Le sujet m’a un peu rebutée mais je n’ai pu lâcher ce livre jusqu’à la fin : passionnant et affreux. Et malheureusement, terriblement d’actualité.

Roman historique qui revient sur la Guerre d’Hiver qui a eu lieu pendant trois mois, du 30 mars 1939 au 13 mars 1940, entre la Russie et la Finlande. Cette guerre est restée assez méconnue pour plusieurs raisons : - les européens ne sont pas très fiers d’avoir abandonné la Finlande - les russes, qui ne pensaient faire qu’une bouchée de leur voisin, se sont retrouvés en mauvaise position. Olivier Norek nous amène sur les traces de “la Mort Blanche”, un sniper finlandais, simple soldat, qui va devenir une légende. On le suit dans sa vie quotidienne et celle de sa compagnie et on tremble avec lui. Comment tenir avec peu de matériel, par un hiver très rigoureux (les températures descendent sous les -30°) et avec un chef hystérique et ivrogne ? Comment faire face aux tanks et lance flamme des soldats russes ? Pourquoi la guerre a-t-elle commencé ? Et pourquoi les Russes n’ont-il pas réussi à avancer ? On oscille entre histoire de la guerre, suspense, moral des troupes et survie. Un coup de cœur pour ce livre que je n’ai pas lâché malgré son thème assez sombre. Au-delà de l’histoire de cette guerre que je découvre, on peut facilement voir un parallèle avec la guerre actuelle en Ukraine. Une très belle découverte, bien documentée et haletante.

Un beau style pour un récit fort sur un épisode méconnu de la deuxième guerre, en écho frappant de l’actualité. On partage le quotidien de ces soldats animés d’un esprit patriotique incroyable qui ne peut nous empêcher de nous questionner sur notre propre réaction si l’on se retrouvait dans la même situation…