Les monologues d'un hippocampe : Le livre de Stine Pilgaard

Il y a dans ce roman une énergie contagieuse. Je l'ai trouvé un peu inégal, mais j'en ressors emballée. La plume de la danoise Stine Pilgaard est décalée et souvent brillante, et son humour savoureux. La narratrice vient de se faire quitter par sa petite amie et a le coeur brisé. Elle nous les brise aussi pas mal au début j'avoue, avec sa tendance nombriliste, mélodramatique et odieuse. Mais c'est finalement pour mieux nous illuminer, tout ça, par la force des liens qui unissent les êtres habitant ces pages. Des personnages parfois rocambolesques. Des liens touchants. … Et une narratrice qui régulièrement écoute, si l'on peut dire, son hippocampe lui montrer la mémoire de certaines parties de son corps. Des monologues étranges, débridés, et souvent captivants. « J'ouvre mon coffre au trésor derrière la luette, je suis éblouie par vos sourires, ils rayonnent vers moi, et je suis prise de panique, imagine, si vos sourires disparaissaient. Je veux les conserver dans toutes leurs nuances, je veux me former à la poterie et modeler vos sourires en argile, comme un sculpteur je veux tailler vos sourires dans le bronze et en faire des expositions. Je veux dessiner vos sourires sur la plage, les graver dans les arbres avec un cuter émoussé, me les faire tatouer sur le haut de mes bras comme un marin, et enfin, enfin, je serai entièrement enveloppée par vos sourires. »

L'hippocampe se situe dans les lobes temporaux. C'est une structure paire. L'hippocampe gère les souvenirs (mémoire à court terme / à long terme), les apprentissages et il fonctionne aussi un peu comme un GPS. J'ai emprunté ce livre pour deux raisons : Je m'intéresse au cerveau ; j'ai lu, il y a quelques mois, "Les monologues du vagin". J'ai pensé : Pourquoi pas ? Et puis, la littérature danoise, je ne connais pas trop, voire pas du tout. Stine Pilgaard, l'auteure des monologues d'un hippocampe, est née en mars 1984. Dans ce recueil de douze textes titrés Monologues d'un hippocampe de I à XII, répartis dans trois sections, je découvre une héroïne qui vient de se faire larguer par sa copine. Dans des dialogues à l'emporte-pièce, elle essaie de se reconstruire auprès de ses parents divorcés et remariés chacun de leur côté, de sa meilleure amie Mulle et de son médecin de famille qui ne la laisse pas indifférente. Elle vit encore avec son père et sa nouvelle femme (depuis que sa copine l'a foutue dehors). Cette situation ne plaît pas à sa mère. Après moult péripéties, elle parviendra à lui faire quitter le refuge des bras de son père pour un appartement et une vie assumée de célibataire. L'héroïne est touchante encore un peu infantile dans ses remarques et son comportement. Elle aime sortir et boire de l'alcool jusqu'à en perdre la mémoire. Son père est pasteur et parfois il la sollicite pour chanter dans la chorale. A part, Mulle, les autres protagoniste n'ont pas de nom. En fin de recueil, il est question d'hypophyse. C'est une glande de la taille d'un petit pois. Elle détecte les taux d'hormones. L'héroïne est de nouveau amoureuse. le réel a succédé à la pensée d'une solitude non assumée et le désir de ne plus être seule. Dans chaque monologue, une partie du corps avec une fonction particulière, des souvenirs s'y rapportant, des odeurs, des couleurs, un paysage. C'est un recueil intéressant hors de mes genres littéraires habituels.