Les saints vont en enfer : Le livre de Gilbert Cesbron

1951 : le parti communiste obtient 25 % des voix aux législatives. Dans les circonscriptions de banlieue parisienne, le score atteint 45%. La lutte des classes semble une clef de lecture du monde incontournable. A la même époque, l'Eglise de France compte encore 25 % de chrétiens pratiquants dans le pays. Mais en milieu urbain, elle est de plus en plus socialement marquée, et la déchristianisation du monde ouvrier est presque totale. La guerre est passée, les trente glorieuses commencent à peine et la condition ouvrière reste précaire. C'est dans ce contexte que l'expérience des prêtres ouvriers prend de l'ampleur, en particulier à Paris, avec le soutien du cardinal Suhard. Les Saints vont en enfer, écrits en 1951, sont le roman de cette expérience spirituelle, brûlante d'audace et de charité, mais pleines de risques apostolique. Nous y suivons le parcours d'un jeune prêtre, Pierre, dans une banlieue ouvrière de Paris. Comme l'a justement fait remarqué Jackiedream, il y a du Zola dans ce texte, à la nuance près que Cesbron fut un catholique aussi convaincu que Zola l'était de son athéisme. La condition ouvrière est plus qu'une toile de fond dans le roman, elle en est la cause. le récit est daté, ce qui le rend à la fois précieux et lointain. Cesbron a vendu plus de 1.6 millions d'exemplaire de ce roman. On a du mal à le croire tant le sujet est loin des préoccupations contemporaines. Dans le monde ouvrier -ce qu'il en reste, le communisme ne l'a pas emporté, le christianisme non plus. L'espérance a passé son chemin…