Les suppliciées d'Appoigny : Le livre de Sabrina Champenois

C'est glauque, tellement glauque cette histoire... comment est-ce possible ? Une histoire qui date de 40 ans maintenant et pourtant, elle a encore tout son intérêt, pour les victimes d'abord qui n'ont pas eu le soutien nécessaire à hauteur de l'horreur qu'elles ont vécue et pour une région ensuite, très marquée par une série d'actes sordides. Ce livre, ce true crime, est bien plus glauque que le 1er que j'avais lu dans la même collection : la disparue du cinéma. Pourtant, son autrice ne s'attarde pas plus que ça sur les faits. Elle les relate, pas besoin de plus tellement c'est écœurant, ignoble, incompréhensible. L'intérêt de cette histoire tient à l'environnement local, politique et judiciaire de cette affaire. La région de l'Yonne, le milieu des associations et instituts pour personnes handicapées gravement dysfonctionnelles, les élus locaux qui détournent le regard, la justice qui ne voit pas, ne cherche pas. J'ai trouvé très intéressant le lien fait avec d'autres histoires très connues telles que Émile Louis et Fourniret. Il y avait un terreau qui s'est développé et a pourri. Et personne n'a su protéger, défendre, ces jeunes filles, jeunes femmes vulnérables. Il y a dans ce livre le pire de l'Homme : les viols, la barbarie, la domination, la lâcheté, les secrets, le déshonneur. Pas facile à lire mais intéressant.

Direction l’Yonne. 1984. Dans un petite ville pavillonnaire bien tranquille, une jeune fille, sans ressources, s’échappe d’une maison où elle vient de subir trois mois de séquestration, torture, viols et autres réjouissances. Une autre femme y est encore prisonnière. La police se rend sur place et constate l’innommable. Le couple de propriétaires, les Dunand, se rend. Mais alors que le procès bat son plein, les silences et disparitions de documents se multiplient. La justice bâcle l’affaire. Qu’en est-il des autres tortionnaires des filles, clients respectables des Dunand? Le spectre de l’affaire Émile Louis rôde. Ça fait beaucoup de disparitions de jeunes filles fragiles dans le même secteur… Entre le complot de notables, les défaillances judiciaires, les nombreuses victimes, toutes pupilles de la DDASS, la journaliste Sabrina Champenois s’emploie à faire la lumière dans ces affaires remplies de zones d’ombre. Édifiant et choquant.

#x1f4f0 Les Suppliciés d’Appoigny m’a bouleversée. Je n’avais jamais entendu parler de ce fait divers glaçant. L’affaire, d’une violence insoutenable, semble tout droit sortie de l’esprit d’un romancier de thriller et pourtant, tout est vrai. Sabrina aborde cette histoire avec une maîtrise remarquable. Sa plume, précise et rigoureuse, dissèque chaque détail de l’enquête avec clarté et respect. Tout est méticuleusement documenté. Ce qui rend cette lecture encore plus révoltante, c’est la sensation d’injustice persistante. Tous les coupables ont-ils réellement été inquiétés ? Rien n’est moins sûr. Et c’est bien cela qui glace : l’idée que l’impunité peut prospérer dans l’ombre, que certains puissants échappent aux conséquences de leurs actes, laissant les victimes sans réparation réelle. Un livre bouleversant, saisissant, qui interroge non seulement la violence humaine mais aussi les failles de notre justice.

Une plongée glaçante dans un fait divers français trop méconnu. Les Suppliciées d’Appoigny est le deuxième ouvrage que je lis dans la collection True Crime français publiée chez 10/18 en collaboration avec Libération, et une fois encore, j’ai été marquée par la rigueur du travail journalistique et la puissance du sujet. Cette enquête retrace une affaire sordide survenue en 1984, à Appoigny, près d’Auxerre. En janvier, une jeune femme parvient à s’échapper d’un pavillon où elle a été séquestrée, torturée, affamée et violée pendant trois mois. Mais elle n’était pas seule : une autre jeune femme est toujours captive. Il faudra trois jours à la police pour aller la libérer. Le point commun entre ces deux victimes ? Elles sont toutes deux des enfants de la DASS. Des jeunes femmes invisibles, disparues dans l’indifférence générale, car les ravisseurs leur avaient fait envoyer des lettres pour faire croire à un changement de vie. Le récit revient en détail sur l’arrestation du couple de bourreaux, les époux Durand, des gens apparemment « ordinaires » , mais aussi sur les zones d’ombre de l’enquête et les nombreux dysfonctionnements de la justice. L’affaire croise d’ailleurs d’autres drames de la région, notamment celui d’Émile Louis, renforçant le sentiment d’injustice et de révolte face au sort réservé à ces jeunes femmes déjà fragilisées par leur parcours. Le texte de Sabrina Champenois est sobre, précis, extrêmement bien sourcé. Ce n’est pas un roman, mais une reconstitution journalistique minutieuse. On a vraiment l’impression de lire un grand article d’investigation, avec un ton très respectueux à l’égard des victimes. À la fin du livre, un QR code permet d’accéder à des ressources complémentaires (archives, photos, articles), ce que j’ai trouvé particulièrement bienvenu pour approfondir. Un travail remarquable, essentiel pour ne pas oublier. Je compte bien poursuivre ma découverte de cette collection avec d’autres titres sur des affaires françaises, en attendant de découvrir aussi les True Crime américains proposés par 10/18.