Sharko : Le livre de Franck Thilliez

Ce tome me réconcilie avec la série Sharko/Hennebelle, qui m'avait un peu perdue avec les enquêtes à dimension un peu trop complotiste et un peu trop vastes à mon goût dans les histoires précédentes. Ici, nous en revenons à une dimension plus réduite, et plus en accord avec les premiers tomes de la série. Bien entendu, les deux protagonistes principaux font toujours beaucoup d'erreurs (il n'y a qu'à lire le résumé pour le comprendre) mais on sent enfin une vraie évolution dans leur personnalité et, surtout, leur dynamique (un peu moins de secrets entre eux, notamment), ce qui fait du bien (c'est moins répétitif) Une question demeure... Le nom d'un personnage - d'une victime - est avancé à un moment, qui pourrait faire référence à l'héroïne d'un précédent roman de Thilliez. L'auteur est-il assez sadique que pour avoir imaginé cette destinée funeste pour celle qui s'en était alors sortie? Je crois que oui, et l'on se rend compte à quel point tous ses romans sont véritablement connectés. Je n'ai qune hâte en refermant ce bouquin: me plonger dans le suivant.

Sharko est un polar pas comme les autres. On y suit toujours nos deux protagonistes habituels, mais cette fois-ci la formule évolue. Thilliez continue toujours dans sa logique de la double enquête, à la seule différence que cette fois-ci une des deux se tourne à l'encontre de nos personnages. Cette idée est juste jouissive et Thilliez manie encore une fois magnifiquement sa plume pour nous faire lire l'illisible et nous donner envie d'en lire encore d'avantage !

A la mort de son oncle, Lucie est sollicitée par sa tante pour reprendre l'enquête qu'il menait sur la disparition d'une jeune femme. La policière se rend chez le suspect, Ramirez ; un accident a lieu que Sharko et Lucie dissimulent. En approfondissant l'enquête, Ramirez présente un profil inquiétant car il aurait été adepte de satanisme et ferait partie d'un réseau occulte. Quel est le lien entre le sang, omniprésent dans cette enquête, et l'absence de peur qui aurait poussé des individus à se mettre volontairement en danger, jusqu'à la mort parfois ? L'enquête mène les policiers jusqu'au Mexique autour d'un trafic de poches de sang et en Nouvelle Guinée où une maladie à prions aurait frappé. Mais pour les enquêteurs, n'est-il pas déjà bien tard pour intervenir ? Je continue la série de Franck Thilliez avec cette fois un opus centré autour de la médecine et du sang. Une nouvelle fois, j'ai beaucoup aimé ce volume où le travail de recherche de l'auteur est remarquable. F. Thilliez arrive tout de suite à captiver son lectorat avec le thème du satanisme qui fait froid dans le dos et l'implication de deux des personnages forts de la série dans une affaire criminelle les touchant personnellement. J'ai beaucoup aimé ce qui concerne l'enquête en Nouvelle Guinée, c'est vraiment original et dépaysant. Bien que j'étais jeune à l'époque, je me rappelle de toute cette angoisse autour de la maladie de Creutzfeldt-Jakob qu'on découvrait en 1985 et qui inquiétait beaucoup à l'époque car cette maladie nouvelle pouvait toucher n'importe qui et même de très longues années après. J'ai encore certaines images en tête de vaches tremblantes emmenées à l'abattoir, de troupeaux entiers décimés. En terminant un roman de F. Thilliez, on se demande toujours ce qui arriverait et comment nous ferions face si ce qu'il avait imaginé se passait, d'autant plus que cela sonne toujours si vrai. C'est un auteur qui sème la peur et la possibilité du pire dans l'esprit de ses lecteurs.

Encore un excellent tome. La tension est à son comble au sein du 36. Sharko et Lucie font front pour mener l'enquête tout en ne se compromettant pas. L'intrigue autour du sang est haletante. L'auteur nous tient en haleine et on apprécie l'énorme travail de recherches pour nous offrir tout ces détails intéressants. Même si Sharko a du se mouiller pour protéger sa famille, on ne peut que le soutenir