Demande à la poussière : Le livre de John Fante

Poche

10 X 18

0 personnes ont réagi

Dans les années trente, Arturo Bandini, fils d' immigrés italiens, quitte le Colorado pour l'Eldorado, Los Angeles, avec son unique roman en poche et un rêve : devenir un écrivain reconnu. Vénérant les femmes et la littérature, il débarque dans une chambre d'hôtel miteuse, prêt à saisir la vie à bras-le-corps. Une errance sublime parmi les laissés-pour-compte du rêve américain.

" Dans la lignée de Faulkner, et avant Charles Bukowski ou Jim Harrison, Fante ouvre une piste balayée par les poussières chères à l'Ouest sauvage. Elle se termine sur l'océan Pacifique, après moult détours, cuites et amours sans lendemain. "
Sophie Cachon, Télérama

Préface de Charles Bukowski

Traduit de l'anglais (Etats-Unis)
par Philippe Garnier

De (auteur) : John Fante
Préface de : Charles Bukowski
Traduit par : Philippe Garnier

Fermer
 

Expérience de lecture

Avis Babelio

morganbdf23

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 6 jours

Arturo Bandini, avec sa nouvelle en poche, part à la conquête de l'Ouest californien. Vaniteux et sûr de lui, il tente de séduire la belle Camilla Lopez, serveuse près du motel où il séjourne. Parviendra-t-il, en remuant la poussière de Los Angeles, à trouver l'inspiration pour écrire l'œuvre qui le hissera au sommet de la gloire ? J'ai rapidement pris goût à ce style si particulier de Fante, qui a inspiré de grands noms de la littérature américaine, comme notre très cher Charles Bukowski. Dans un même paragraphe, voire dans une même phrase, le narrateur enchaîne dialogues, pensées intérieures et distinctions, sans indiquer ce qui est dit ou pensé. Le vocabulaire oscille entre un registre très argotique et un niveau très soutenu, non pas comme chez Céline, mais à la manière d'un grand auteur du réalisme sale américain. L'auteur se confond tellement avec son personnage principal qu'il devient difficile de les distinguer. Qui est l'orgueilleux dans ses approches et ses propos : Fante ou Bandini ? L'auteur est-il cet écrivain à la fois dépensier et dépendant, qui se satisfait dans les bras d'une autre tout en l'assimilant à sa précédente relation ? Une forme de « en même temps » très judicieuse, excellent reflet de cette Amérique des années 1930, croulant sous la poussière d'une crise économique sans précédent. Que de thématiques explorées en un si court ouvrage ! En 239 pages, notre protagoniste débarque à Los Angeles, écrit des nuits entières, se retrouve complice de l'assassinat d'un veau, teste la marijuana, achète un bungalow au bord de l'océan, et sillonne le désert des Mojaves. Arturo Bandini explore à ses dépens l'origine du désir, à la fois par le manque, la haine et le rejet. Il se montre parfois violent, souvent complaisant envers celle qu'il aime, Camilla Lopez. Il la suivra dans sa descente aux enfers, l'entretenant malgré son attirance pour un autre écrivain raté, reclus dans le désert. La serveuse s'y perdra, et notre héros, dans un geste de désespoir, jettera un exemplaire autographié de son dernier roman, dans l'espoir de la voir revenir. J'y ai perçu, à travers cet acte qui clôt l'histoire, la symbolique du titre. Demande à la poussière, demande à ce qu'il reste de ce livre sous le sable du désert si tu veux m'y retrouver. Ou bien demande à la poussière des gratte-ciel de Los Angeles, effondrés après ce qui s'apparente au récit du tremblement de terre du 10 mars 1933. Demande aux briques, ces ultimes protections pour les hommes ruinés par la crise financière. Demande à la poussière sur sa machine à écrire, recouverte des saletés de ce taudis dans lequel Bandini évolue, souvent à court d'inspiration. Demande-leur à tous, pour connaître l'histoire d'Arturo Bandini, car c'est dans la poussière que tu finiras par le trouver. Nous ne sommes que poussière et retournerons à la poussière, car nous sommes éphémères par nature. La vanité de l'existence s'accorde une petite danse avec la vanité de l'auteur ou de son personnage principal.

Signaler

Marti94

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

Je n'ai pas été surprise de voir que ce roman de John Fante commence par les éloges de Charles Bukowski, les deux écrivains américains ayant pour point commun leur inspiration autobiographique pour écrire des fictions aux personnages d'écrivains désabusés et excessifs. C'est le cas avec "Demande à la poussière" mais je préfère de loin l'humour de John Fante et le côté fantasque d'Arturo Bandini, anti-héros auquel on s'attache facilement. Le voilà arrivé à Los Angeles dans l'espoir de devenir un écrivain reconnu. En attendant, c'est la galère pour le jeune Arturo Bandini qui doit demander à sa mère, restée dans son Colorado natal, quelques dollars pour ne pas mourir de faim. Il attend avec impatience un chèque d'un certain Hackmuth qui dirige une revue dans laquelle il a publié sa première nouvelle "Le petit chien qui riait". Encouragé par ce dernier il continue à écrire en tentant de s'inspirer de la vraie vie notamment des femmes. Du haut de son jeune âge il est partagé entre l’arrogance et le manque de confiance en lui et, perturbé par son dépucelage, c'est maladroitement qu'il laissera son argent à une prostituée sans rien faire. Il va pourtant tomber amoureux de Camilla, une jolie serveuse d’origine mexicaine qui hante son esprit en attendant que ses livres à venir trouvent une place sur les étagères de la bibliothèque. Si Arturo ne cesse de répéter qu'il aime les hommes et les bêtes de manière égale, il est surtout attendri par les crève-la-faim car la misère constitue le décor dans lequel il vit son rêve américain à la sortie de la grande dépression. Il passe de l’euphorie au doute y compris vis à vis de dieu car il vient d'une famille catholique, en bons Italiens qui se respectent. D'ailleurs, on ressent facilement les émotions des personnages grâce au style imagé et moderne de John Fante, j’y suis d'autant plus sensible que j'ai choisi une version audio très appréciable grâce à l'excellente lecture de Thibault de Montalembert. J'approuve donc que "Demande à la poussière" fasse partie de la liste des 98 livres à lire avant 25 ans mais il n'est jamais trop tard pour le lire.

Signaler

MartinEden87

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Ma première incursion chez Fante avec La route de Los Angeles – premier livre du cycle à avoir été écrit, mais le dernier publié à titre posthume car refusé par l’éditeur qui le jugeait trop ordurier – a été particulièrement jubilatoire. J’avais adoré ce personnage mégalomane, ce ton impertinent et excessif qui m’a valu de nombreux fous rires. Demande à la poussière rompt singulièrement avec cette tonalité grotesque. Pour aborder une facette nettement plus fataliste. On retrouve Arturo Bandini à Los Angeles toujours pétri d’ambitions littéraires, et avec pour unique fait d’arme la parution d’une nouvelle dans une revue obscure. Confronté à la misère qu’engendrent les déçus du rêve californien. Il va pour la première fois de sa vie tomber de son piédestal en confrontant ses aspirations à la grandeur au réel. L’amour qu’il idéalise sous les traits d’une jeune serveuse d’origine mexicaine du nom de Camilla va le mener de désillusions en désillusions, et le faire se questionner sur sa propre valeur. L’impossibilité de consommer cette relation, le sentiment de culpabilité lorsqu’il la désire venant trop heurter ses illusions romantiques et littéraires. Un livre sensiblement différent de La route de Los Angeles que j’ai malgré tout apprécié pour sa tonalité désenchantée. L’auteur n’y va pas par quatre chemin pour décrire la condition de l’écrivain pauvre. Un roman sur l’échec et la perte des illusions, et le désert intérieur qu’il faut parcourir pour parvenir à se trouver soi-même.

Signaler

cyrcav

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Après avoir quitté ses parents, notre cher Arturo Bandini fait ses premiers pas de jeune écrivain à la recherche du succès. Dans sa quête, il fait preuve de beaucoup de clairvoyance, d'autodérision mais aussi parfois d'humour et de poésie. Arturo navigue toujours entre le bien et le mal. Il connaît pas mal de périodes d'exaltation ou de violence et montre seulement de temps en temps qu'il est capable d'amour et de compassion. Sans qu'il s'en rende compte vraiment, la source de son inspiration sera le fruit de ses excès, ses doutes et de sa souffrance. Dans son cas, l’extrême pauvreté et l'absolue nécessité de s'en sortir servent aussi naturellement de catalyseur. C'est plaisant et si distrayant que je l'ai lu d'une seule traite. Pas sur qu'il y ait d'autre message que de nous faire vivre combien cela a pu être dur de percer et de se fondre dans la société américaine quand on est un de ces fils de migrants venus d'Italie.

Signaler

Livres du même auteur

Les livres de la même maison

Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782264033024
  • Collection ou Série
    Littérature étrangère
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    272
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

John Fante

Découvrir l'auteur

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

7,80 € Poche 272 pages