Femme bleue : Le livre de Antje Rávik Strubel
Adina avait un rêve : quitter son petit village tchèque enclavé au cœur des monts des Géants. À vingt ans, son rêve s'est réalisé, mais elle était loin de s'imaginer à quel point il tournerait au cauchemar.
Après un séjour à Berlin, elle décroche un stage dans un centre culturel en ex-Allemagne de l'Est. Là, elle est confrontée aux stéréotypes sur l'ancien bloc socialiste, mais surtout à la violence des hommes. Choquée, elle s'enfuit. Sa dérive la mène à Helsinki.
​Seule dans son appartement, elle retrace le chemin qui l'y a conduite et cherche à retrouver celle qu'elle était avant que la société ne l'invisibilise. Trois frontières suffisent-elles pour laisser derrière soi son passé ? Faut-il fuir pour oublier ?
A PROPOS DE L'AUTRICE
Antje Rávik Strubel, née à Potsdam en 1974, est écrivaine et traductrice de l'anglais et du suédois. Sa riche production littéraire lui a valu de nombreux prix. Avec
Femme bleue, elle a reçu le prix du Livre allemand en 2021. Il s'agit de son premier roman traduit en français.
De (auteur) : Antje Rávik Strubel
Traduit par : Rose Labourie
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Etsionbouquinait
• Il y a 1 mois
Ce roman met en scène une jeune femme d’origine tchèque faisant l’expérience des limites entre l’Europe de l’Est et de l’Ouest. Adina vient de Harrachov, ville frontalière au pied des Monts des Géants où la vie est réglée par les saisons, accueillant de nombreux skieurs en hiver, puis se dépeuplant, une fois le téléski fermé. On devine que l’adolescence d’Adina était très solitaire – en rentrant de l’école, elle était la seule à prendre le bus jusqu’à son terminus à la station de ski. Autour de la vingtaine, elle décide de partir pour Berlin dans le but de passer un examen d’allemand, puis se retrouve plus tard à suivre un stage dans un centre culturel quelque part à l’est de l’Allemagne. Là-bas, elle vivra une expérience traumatisante qui est au centre du roman. En lisant, on se rapproche progressivement de cet instant clé de deux côtés : en allant de l’enfance d’Adina vers son adolescence, puis rétrospectivement avec Adina adulte à Helsinki, accompagnée d’une énigmatique femme bleue (dont la présence m’a personnellement un peu ennuyée). C’est une lecture plutôt complexe, avec plusieurs niveaux, traitant de nombreuses questions, mais deux sujets en ressortent tout particulièrement : celui de l’Europe et celui de la violence faite aux femmes. Adina est née en 1984 et elle avait de ce fait 5 ans au moment de la Révolution de Velours. Après l’adolescence, à l’étranger, elle fut confrontée à la grande ville avec son statut de « femme de l’Est ». J’ai trouvé assez impressionnant la façon dont l’autrice a su évoquer l’Europe dont les frontières se sont redessinées, l’Union européenne qui s’agrandit, mais dans laquelle certains membres ont plus de valeur que d’autres, l’écart entre l’Ouest et l’Est, avec l’Ouest dans le rôle de celui qui décide et distribue. Ceci est très intéressant, et pour vous donner une idée, on se concentre essentiellement sur l’Allemagne, la Tchéquie, la Finlande et l’Estonie. Un bémol toutefois pour moi à titre personnel : les pages 181-182 où Václav Havel est présenté avec des mots si dénigrants que ça m’a estomaquée – pourquoi ce passage, à quel fin ? Je n’ai pas compris. Tout le roman est empreint d’une certaine tension, il y a très peu de lumière et beaucoup de solitude : la solitude d’Adina, en tant que victime qui cumule les handicaps (femme, de l’Est, seule, inexpérimentée, issu d’un milieu modeste…), face aux hommes, notamment cet Allemand de l’Ouest au bras long, un prédateur dans un costume impeccable. Vous l’aurez compris, c’est un roman très européen, traitant des questions sociétales d’actualité, une histoire qui fait réfléchir, mais qui demande un certain effort de la part de lecteur, ainsi qu’un minimum d’intérêt pour notre continent.
Spitfire89
• Il y a 5 mois
Récit d'émancipation, une réflexion politique, social, économique, culturel avec une héroïne Adina qui tente de se reconstruire après une agression sexuelle. Adina quitte son village, se demande si pour se reconstruire elle doit obligatoirement dénoncé cet acte ignoble. Une reconquête de soi qui peu aussi démontré les limites d'une justice. Une lecture sous forme de puzzle, un sujet grave et d'actualité, un roman brillant mais une lecture mitigé. Plusieurs thématiques s'entremêlent, ce qui est évoqué est intéressant et construit intelligemment mais une lecture bien complexe, un style narratif difficile, a certain moment j'embarque dans cette histoire en étant tenu en haleine et dans d'autre passages j'étais perdu ou je m'ennuyais. Je suis mitigé pour vous conseiller ce livre.
Lililaluize
• Il y a 10 mois
Femme Bleue ou la quête de soi au sein d'une Europe morcelée, muselée pour une partie par le bloc socialiste. Entre psychologie et géopolitique, la mémoire d'une génération tente de trouver sa place dans cette société réunifiée dressant les nouveaux codes tout en oubliant de réparer les humiliations et ravages subis à l'est. "Femme Bleue" ou les souvenirs de l'insulte et de la honte, des pages ouvertes d' itinéraires féminins, de photos du patriarcat allemand, de l'entité laborieuse des femmes oubliées et invisibilisées. Bleue comme froideur, à l'image du climat ambiant, c'est bien le premier mot qui me vient à la lecture de la première partie de "Femme Bleue". Une trame glaciale, presque chirurgicale dont on extirpe des phrases écrites au scalpel, concises ou dénuées du moindre sentiment comme des restes de tant d'années de silence. Le verrouillage des émotions laisse la porte ouverte aux souvenirs embués , insaisissables d'Adina , on ne fait que deviner, supputer, percevoir. Loin d'être ordinaire, la narration dérange, questionne, on se sent attiré par l'impalpable, la confiscation des faits. Des épisodes anachroniques aux anecdotes souvent avortées, l'intrigue nous glisse entre les doigts, insondable telle une eau bleue reflétant un visage flouté, cependant, étrangement, ces particularités n'ont pas noyé ma curiosité. Adina est une jeune femme presque fantasmagorique qu'on assimile totalement aux lieux enneigés de la Finlande ou perdue dans la grisaille allemande, à la fois transparente, cachée derrière sa fenêtre et opaque par ses pensées absconses pétries d'angoisse, arrachées aux profondeurs. On se laisse porter par les pages qui défilent, on amalgame les éléments éparpillés entre trois frontières, Tchéquie, Allemagne, Finlande, le puzzle prend forme, tout s'embrique, Adina devient palpable, la lecture plus fluide, les cartes s'abattent une à une, les évènements se déploient dans un élan mesuré d'où jaillissent la violence fielleuse et la brutalité glaçante des hommes. Galerie de portraits masculinistes, continuité d'une misogynie effrayante, la sinistre domination de l'Ouest s'exécute sur les femmes de l'Est, pointe un mur frontalier détruit officiellement, officieusement toujours actif dans les mentalités. Oubliée la réunification, mais est-elle vraiment active lorsque l'Ouest s'enrichit sur l'endettement de l'Est , que l'Est rejette le libéralisme, ancré dans le socialisme, puisqu'on peut effectivement sortir une personne de la dictature, mais pas la dictature de la personne. Les uns contre les autres, c'est ainsi qu'avancent les individualités démultipliées, noyées au coeur de exploitation rance et des avancées à deux vitesses tant sociales qu'économiques et culturelles , 35 ans plus tard subsistent les amertumes et les haines accumulées car oui, la frontière existe toujours, à l'est, ils ne sont toujours que des citoyens de seconde zone. Dans ce chaos silencieux, Adina, alias Nina, Sala, n'est qu'une femme parmi tant d'autres, victime d'une société qui par son silence en est complice. Perte de repère, dédoublement de la personnalité par la biais d'un pseudo, d'un avatar à la confiance qui lui manque tant. Adina ou l'évaporation de soi, de la conscience égarée, de la jeunesse atrocement assiégée. Adina ou la solitude invisible au milieu des écrans de fumée, des maux féminins dissimulés. Des fantômes des années sombres, le murmure continue toujours, à ce jour, à trouver bon entendeur afin de continuer toujours, encore son processus d'écrasement, d'anéantissement, de destruction. Complexe par son côté abstrait , exigeant par son érudition, délicat à aborder en vue de sa trame entortillée, il n'en reste pas moins que "Femme Bleue" est l'écho d'une époque qui aborde de front des problématiques majeures sur ces deux sociétés réunies que tout oppose avec une intelligence affûtée et un regard clinique. Pour sûr, Il en rebutera certains , mais pour ceux qui acceptent de prendre le temps, de se perdre , de réfléchir, de reprendre, alors toute la dimension de ce roman prendra le dessus par sa puissance intellective qui force au respect. Impressionnée par la portée qu'ont les arguments et les analyses d'Antje Ravik Strubel, je sais par avance que les questionnements qui s'invitent tout au long de ce roman n'ont pas fini de me triturer l'esprit, tout autant que cette construction narrative singulière qui, au final, apporte cette dimension supplémentaire. Un roman brillant et d'une remarquable intelligence. " J'objecte que les contradictions font partie du discours, car chaque mot renferme son contraire. Je crois à la productivité des contradictions. Aucune mémoire n'est infaillible. Ce sont les failles de la mémoire qui rendent crédible ce dont on se souvient. "
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782365697415
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- Collection ou Série
- Littérature étrangère
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 432
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- Dimensions
- 230 x 145 mm
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23,00 € Grand format 432 pages