La Tendresse des catastrophes : Le livre de Martin Page

Une romance décalée et qui casse les codes du genre. Voici la Tendresse des catastrophes, roman plein de sensibilité et hors norme de Martin Page. L'auteur ne manque pas de surprendre encore une fois ces lecteurs avec des personnages hauts en couleurs et originaux. Une rencontre insolite lors d'un mariage nous entraîne dans cette histoire surprenante et rocambolesque. Un régal même si certains passages vont quand même un peu loin.

La quatrième de couverture a suffit : "Elle est misanthrope, il est asocial. Ils s'entendent tout de suite et pourtant ne sont d'accord sur rien." Si vous voulez me faire lire une romance, il me faut au moins cette ambiance là. Être fleur bleue nécessite quand même une (bonne) rasade de second degré. La scène de la rencontre lors d'un mariage donne le ton. Ça grince comme il faut. Max se planque parce qu'il n'est pas très à l'aise avec le genre humain, Harriet se planque parce qu'elle déteste le genre humain. Les meilleures comédies romantiques commencent comme ça. Deux anti-héros, tout le monde sait qu'ils finiront ensemble, sauf eux. Mais avant cette fin inéluctable, il va se passer bien des choses, Harriet se donnant un mal de chien pour tout gâcher. Max, peut-être plus pro actif, est d'une grande maladresse. Ce roman est réussi parce que tout au long de ma lecture j'ai eu envie de savoir ce qui allait advenir de ce duo improbable. Il est réussi aussi, grâce à un excellent second rôle, la meilleure amie d'Harriet, parfaite girl next door. Mais je me suis perdue dans ce roman pour deux raisons. La première étant la multitude de sujets brassés, avec plus ou moins une teneur politique. Le mélange des genres ne me dérange pas, mais j'ai trouvé qu'à force de mêler anticapitalisme, reflexion autour des transfuges de classe ou des nouvelles parentalité en passant par la sauvegarde des rats parisiens (ils n'auront jamais le moindre centimes de ma part), le texte perdait à la fois en force et en amusement. La deuxième, c'est d'être la lecture qui suit un coup de cœur. Malgré un sujet totalement différent, il y a toujours des points de comparaison qui s'opèrent. Notamment, sur la dimension politique. C'est injuste. Mais c'est le lot des lecteurs compulsifs. Je pense que ce texte a tout pour plaire à un lectorat jeune, qui peut se retrouver très facilement dans les combats sociétaux des personnages et dans leurs interrogations sentimentales. Moi, en vieille Lady anglaise, j'étais encore trop bouleversé par la vengeance et les luttes sociales d'un ménestrel. Ce qui n'est en rien une catastrophe. Et ça ne manque pas de tendresse.

Sur la demande express de Delphine alias @_pampelilune_ je vais vous parler de ce roman. Avez-vous déjà lu un roman pour lequel vous ne savez pas si en le finissant vous l'avez aimé ou pas ? C'est exactement le ressenti que j'ai eu avec celui-ci et trois jours après, je ne sais toujours pas... En revanche, ce que je peux vous dire c'est que ce roman a bousculé mes habitudes, mes certitudes et m'a,du coup, bien sorti de ma zone de confort. Dans ce roman, vous faites donc la rencontre d'Harriet, si méfiante dans les relations amoureuses qu'elle va tout tenter, même le plus farfelu, pour éloigner Max, jeune homme rencontré 10 ans plus tôt à un mariage, retrouvé dans la salle d'attente commune de leurs psys respectives. J'ai perçu Harriet comme une mante-religieuse qui bouffe son partenaire après en avoir profité. Ici, Harriet procéde à sa "destruction" avant. Destruction du désir, de la confiance, des certitudes de ce qu'on peut attendre d'une relation amoureuse mais aussi du monde pro de Max pour voir si l'amour résistera et ainsi pouvoir s'engager sans danger. Je qualifierai ce roman de comedie anti-romantique. J'ai trouvé l'idée intéressante de mettre à l'épreuve l'amour avant d'y plonger aveuglément mais certaines situations et agissements d'Harriet m'ont laissé perplexe. Quant à Max, son combat pour rendre le monde meilleur est très honorable et on a envie de le soutenir mais sa passivité face aux situations donne aussi un peu envie de le secouer. Un roman qui m'a fait rire, a pu me laisser perplexe mais qui m'a aussi fait découvrir une plume percutante et piquante très sympathique à lire.

Harriett est une jeune femme très cynique issue d’une famille modeste, tandis que Max est beaucoup plus calme, légèrement romantique et d’une famille aisée. A priori, rien ne prédisposait ces deux-là à se rencontrer et à s’apprécier. C’est à l’âge de 22 ans, lors du mariage d’un vague ami qu’ils se croisent totalement par hasard. S'ensuit une discussion durant laquelle ils ne sont d’accord sur rien, Max s’en amuse presque. L’un comme l’autre en tout cas ont du mal avec l’amour et avec humour ils se donnent rendez-vous dans dix ans s’ils sont encore célibataires. En effet, ils vont se retrouver, mais totalement par hasard, car cette idée lancée en l’air était sortie de la tête d’Harriet. Ils ont toujours des vies et objectifs très différents et leur parcours commun va être chaotique, entre amour et haine, complicité, provocation, disputes. Tous les éléments sont là pour une histoire digne d’une comédie romantique, tout de même plus mouvementée qu’un téléfilm de Noël. Pour être honnête, il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter au style de l’auteur et il est rare qu’un personnage me soit aussi antipathique qu’Harriet, mais l’ensemble est agréable à lire et le livre se dévore facilement. C’est une histoire de notre temps avec des réflexions intéressantes, des pointes d’humour et de l’amour, et ça a le mérite d’être un roman qui sort du lot.