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La bureaucratisation du monde à l'ère néolibérale
Collection : Cahiers libres
Date de parution : 20/09/2012
Éditeurs :
La Découverte

La bureaucratisation du monde à l'ère néolibérale

Collection : Cahiers libres
Date de parution : 20/09/2012

Qui vit, produit ou consomme, qui se détend, se forme, se soigne aujourd’hui, est frappé d'une évidence : l’envahissement de pratiques, de dispositifs ou de procédures bureaucratiques qui n’englobent pas seulement l’administration étatique mais l’ensemble de la société.

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Nos sociétés modernes sont victimes d’un envahissement croissant de la vie professionnelle et quotidienne par la bureaucratie. Comment qualifier autrement l’exigence toujours croissante de papiers, fussent-ils numériques ? Et que...

Nos sociétés modernes sont victimes d’un envahissement croissant de la vie professionnelle et quotidienne par la bureaucratie. Comment qualifier autrement l’exigence toujours croissante de papiers, fussent-ils numériques ? Et que dire de la confrontation incessante avec des procédures formelles pour avoir accès au crédit ou à un réseau in-formatique, pour...

Nos sociétés modernes sont victimes d’un envahissement croissant de la vie professionnelle et quotidienne par la bureaucratie. Comment qualifier autrement l’exigence toujours croissante de papiers, fussent-ils numériques ? Et que dire de la confrontation incessante avec des procédures formelles pour avoir accès au crédit ou à un réseau in-formatique, pour louer un logement, noter des banques ou bénéficier de la justice ? Ou encore du besoin de respecter des normes pour que les comptes d’une entreprise soient certifiés ou qu’un légume soit qualifié de biologique ?
Au point de rencontre entre Max Weber et Michel Foucault, Béatrice Hibou analyse les dynamiques politiques sous-jacentes à ce processus. La bureaucratie néolibérale ne doit pas être comprise comme un appareil hiérarchisé propre à l’État, mais comme un ensemble de normes, de règles, de procédures et de formalités (issues du monde de l’entreprise) qui englobent l’ensemble de la société. Elle est un vecteur de discipline et de contrôle, et plus encore de production de l’indifférence sociale et politique. En procédant par le truchement des individus, la bureaucratisation ne vient pas « d’en haut », elle est un processus beaucoup plus large de « participation bureaucratique ». Pourtant, des brèches existent, qui en font un enjeu majeur des luttes politiques à venir.

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EAN : 9782707174390
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 144
Format : 135 x 220 mm
EAN : 9782707174390
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 144
Format : 135 x 220 mm

Ils en parlent

Dans son précédent ouvrage (Anatomie politique de la domination, 2011), Béatrice Hibou avait analysé les mécanismes de domination dans les régimes autoritaires et totalitaires, et montré qu'ils n'étaient pas seulement générés "d'en haut". Ici, en s'appuyant sur les sociologues classiques (Max Weber), sur Michel Foucault, et sur de nombreuses études dans des champs disciplinaires différents, elle explique comment le néolibéralisme produit de la bureaucratie, et comment celle-ci se construit dans tous les domaines de la vie. Du New Public Management (introduire dans la gestion des affaires publiques des critères de performance dérivés du secteur privé) à l'aide au développement, de la recherche universitaire aux politiques migratoires, de la lutte contre la corruption aux politiques environnementales, on retrouve des formes de "gouvernement à distance", d'apparence dépolitisées mais produites par des luttes entre groupes d'intérêt. Tout semble commencer et finir par des chiffres, par des normes, par des évaluations, des audits et des certifications. Des multitudes d'acteurs ont intériorisé les discours et les pratiques de la bureaucratie néolibérale, même dans les efforts de contestation qui font appel aux mêmes procédés. Très nombreux sont ceux qui en profitent, cabinets d'experts et d'audit, mais aussi les managers "apparatchiks" de la recherche ou de la santé qui se vantent d'être "modernes". Paradoxalement, on retrouve la planification, la routine bureaucratico-administrative et son indifférence à l'égard des individus, la recherche de la sécurité absolue, la production de catégories "à problème". Un livre extrêmement riche qui regroupe des inquiétudes éparses et invite à davantage de travaux critiques et de vigilance, même si le processus décrit semble difficilement réversible.

Pierre Grosser / Alternatives Internationales
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