L'escale : Le livre de Marion Lejeune
Grigori est marin sur le Gren, un voilier de commerce norvégien qui vit ses derniers voyages. Menacé de mort par un camarade pour une histoire de dette, il profite d'une escale sur l'Archipel, territoire isolé de l'Atlantique nord, pour trouver refuge à terre. Alors que la torpeur l'emporte peu à peu sur l'inquiétude, Grigori traverse des paysages peuplés de moutons et de vent, et découvre la vie des insulaires. Parmi eux, Alda, qui cherche des œufs d'oiseaux sauvages dans les falaises et ne rêve que de partir, et les instituteurs Jon et Halle qui, derrière leurs sourires, semblent dissimuler un secret. D'autres aussi, venus de loin et que l'Archipel réunit : un voyageur du Gren dont la mémoire vacille, des chasseurs de baleines éméchés, une riche botaniste...
Marion Lejeune a bâti un monde au sein duquel des individus en perpétuel mouvement rêvent d'un point fixe tandis que d'autres contemplent avec avidité l'horizon. Dans une langue envoûtante, elle met en scène les relations tumultueuses entre les êtres humains et la nature.
L'escale est on premier roman. Il a pourtant l'étoffe d'un classique.
De (auteur) : Marion Lejeune
Expérience de lecture
Avis Babelio
hcdahlem
• Il y a 3 semaines
La nouvelle vie de Grigori#8232; Entre récit de voyage et quête intérieure, Marion Lejeune nous offre un premier roman très réussi. On y suit Grigori sur une île du Grand-Nord. Dans cette nature âpre, il va faire des rencontres qui vont le transformer. Lorsque Grigori accoste sur une petite île perdue au large des côtes norvégiennes, il ignore encore que ce fragment de terre va bouleverser son existence. Les escales, il en a connu des dizaines : le temps de décharger une cargaison, d’en embarquer une autre, et de reprendre le large, souvent dans l’urgence. Mais cette fois, le Gren, son voilier de commerce, reste étrangement à quai, immobilisé pour une durée indéterminée. Pour Grigori, qui fuit une dette et la menace d’un camarade d’équipage, cette pause forcée devient un refuge inattendu. Ce qui s’ouvre à lui sur cette île, ce n’est pas simplement un lieu : c’est une respiration. Une contrée de brumes, de falaises abruptes et de prairies où paissent des moutons, un bout du monde rythmé par le vol des oiseaux et le souffle du vent. C’est là qu’il croise Alda, une femme énigmatique et solitaire, qui vit de la récolte des œufs dans les nids accrochés aux rochers. Fasciné par sa détermination et son aura mystérieuse, il la suit dans ses escapades dangereuses, là où chaque geste est une danse avec la mort. « Ici, tout est fragile, tout peut basculer. Mais si tu veux comprendre, il faut écouter le vent », dit-elle, et Grigori, pour la première fois, semble prêt à entendre. Mais son adaptation n’est pas aisée : « Peut-être qu'après avoir navigué des années durant, il se livre à une conversion à la vie terrestre à coups de choses qui pèsent, nourriture et littérature. Mais de toute évidence, son ancre ne tient pas : il a le teint curieusement tourné comme si, après s'être amariné toute sa vie, il peinait à retrouver son équilibre. Il offre l’image d'un homme décentré, en oscillation constante, atteint d'un mal de terre carabiné. » Avec l’aide d’Alda et de Jon et Halle, un couple d'instituteurs bienveillants, il débute sa transformation intérieure. « Grigori comprend qu'il n’est pas là juste pour satisfaire la curiosité qu'il éprouve envers cette fille étrange, mais qu'elle a aussi pour lui des questions, une perplexité même, embusquée derrière cet attachement désarmant qu'elle lui voue depuis leur rencontre, sans crainte des qu'en-dira-t-on et sans aucun désir. » Avec L’Escale, Marion Lejeune offre un premier roman où l’écriture elle-même semble façonnée par les éléments. Inspirée par les paysages nordiques – on y retrouve l’ambiance des romans de Jón Kalman Stefánsson comme D’ailleurs les poissons n’ont pas de pieds ou À la mesure de l’univers – sa plume dessine des tableaux d’une intensité saisissante. La vie rude et simple des insulaires, où chaque geste est empreint de la lutte quotidienne contre une nature impitoyable, se traduit par des chasses à la baleine violentes et des combats de rats dans les cales des bateaux. Des tableaux saisissants qui immergent le lecteur dans ces falaises battues par les vents, dans ces prairies perlées de sel, dans ces nuits où la mer et le ciel se confondent… Chaque image vibre d’une sensualité contenue, où la contemplation devient une expérience immersive. Le lecteur, comme Grigori, est happé par ce territoire âpre et magnifique, où le temps se dilate, où l’attente devient une forme d’éveil. Mais sous cette surface presque immobile, des tensions se dessinent. L’île n’est pas un simple refuge, elle est aussi un théâtre d’affrontements silencieux et de désirs tus. Alda, hantée par des rêves d’ailleurs, Jon et Halle, qui semblent porter un secret, donnent à ce lieu une profondeur humaine, presque tragique. « Peut-on vraiment repartir indemne d’un endroit qui nous a obligé à nous regarder en face ? » se demande Grigori. Une question qui résonne tout au long du récit. Nourrie par des auteurs comme Nicolas Bouvier, Sylvain Tesson ou encore Joseph Conrad, Marion Lejeune inscrit L’Escale dans une tradition littéraire où le voyage n’est jamais simplement géographique, mais profondément existentiel. D’une grande sensibilité, elle redonne au voyage sa dimension contemplative et poétique, tout en explorant avec finesse les thèmes de l'altérité, de la quête d'identité et de la cohabitation entre l'homme et la nature. Une lecture à savourer comme un mets rare, qui laisse une empreinte durable dans l'imaginaire du lecteur. NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
NellyH32
• Il y a 3 semaines
Grigori, gabier sur le Gren, est menacé de mort par un autre marin pour une dette de jeu. L'escale sur l’Archipel, dans l'Atlantique Nord, offre un répit. Mais la halte se prolonge, le temps s'étire et se dilue. Désœuvré, Grigori rencontre les habitants de l'île : Jon et Halle, les instituteurs, Alda, insaisissable. Aux côtés de Grigori, j'ai ramassé des œufs d'oiseaux de mer, j'ai chassé la baleine et inspiré de grandes goulées d'air marin, .... J'ai beaucoup aimé l'ambiance du livre, cette atmosphère hors du temps (Marion Lejeune ne donne aucune indication temporelle qui permettrait de savoir sur quelle durée se déroule le roman). Il est souvent question de l'universalité des langues et de ce qui fait qu'un nouvel arrivant sera, à moment donné, complètement intégré à sa communauté d'adoption. Le style de Marion Lejeune, très agréable, s’attache aux couleurs et aux sensations. Un excellent premier roman et une autrice à suivre.
agapanthe69
• Il y a 1 mois
Grigori est gabier sur un navire « le gren » qui, parti de Bergen, fait halte dans un archipel jamais nommé, mais qui pourrait bien être les îles Feroé. Il est d’origine russe comme son prénom l’indique ce qui n’attire pas la sympathie des autres matelots. L histoire se déroule pendant cette escale. Et voilà le lecteur plongé dans cette ambiance si poétique des territoires du grand Nord, découvert en ce qui me concerne avec délice dans la première trilogie de Ion Kalman Stefansson. Des maisons aux toits herbus, des plages de sable noir sur lesquels arrive du bois flotté après une tempête, des falaises où nichent macareux, sternes arctiques et fous de bassan, des moutons, des habitants calmes et peu bavards, préoccupés de poésie davantage que de biens matériels. Certes il se passe quelques évènements comme le « grind », le voyage avec la botaniste norvégienne, ou encore la chasse aux œufs dans les falaises où il est guidé par cette femme belle et libre qu’est Alda. Dans cet archipel isolé où le Danemark aimerait bien que soit abandonnée la langue locale, une petite résistance discrète, essentiellement à base de poésie s’exprime sous le manteau. Grigori se fond très facilement dans cet univers. C’est surtout l’ambiance que parvient très bien à rendre Marion Lejeune : La nature avant tout, les ciels gris foncés puis lumineux, les lectures durant les soirées du long hiver, les silhouettes qui se découvrent « l’été desserre les foulards , ôte les bonnets », la cuisine simple à base de poisson séché et de pommes de terre et tout ce quotidien tout simple qu’elle décrit avec finesse. J’ai beaucoup aimé ce livre, et j’espère qu’il fera son chemin .
Arwen78
• Il y a 1 mois
Lu dans le cadre des @68premieresfois - Livres voyageurs – Éditions Le Bruit du monde Premier roman - Paysages insulaires du Grand Nord – au cœur d’un monde sauvage – nature – chasse à l’œuf - chasse à la baleine - Grind Grind Grigori, marin norvégien, suite à une dette de jeux se voit contraint de fuir. Suite à une escale dans le Grand Nord, il trouve refuge dans un archipel où il fera la connaissance de différents personnages. Il logera chez Jon et Halle, un couple d’instituteurs qui ont à cœur de faire vivre l’histoire de leurs îles. Un jour Grigori rencontre Alda, une jeune femme dynamique et pleines de ressources qui rêve d’un autre lieu, loin de ces contrées. Une amitié va les lier. Grigori découvrira comment récupérer les œufs dans leur nid, le village et ses habitudes, la campagne environnante et ses moutons, la chasse à la baleine et toute la nature que cette île peut offrir. Le dilemme se posera partir ou rester ? J’ai beaucoup aimé les personnages de Grigori et de Alda qui sont très attachants. Ils vivront une très belle amitié avec des envies d’ailleurs ou bien rester dans ce beau refuge où tout le monde se connaît. Une plongée dans une nature qui devient un vrai personnage à part entière et que l’on a envie de regarder, de humer ou de goûter. Les descriptions sont magnifiques que ce soit des paysages ou des personnages. Tout ici est plus lent et plus gris, tout dépend du temps, de la météo et des saisons. Humains et animaux, air, mer, ciel et terre, végétal et minéral ne font qu’un.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782386010033
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 288
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- Dimensions
- 208 x 145 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
21,00 € Grand format 288 pages