L'escale : Le livre de Marion Lejeune

Grand format

Le bruit du monde

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Une plongée dans les paysages insulaires du Grand Nord, au coeur d'un monde sauvage. Un marin en fuite rencontre une jeune insulaire prête à lui enseigner les règles de survie dans ce milieu hostile.

Grigori est marin sur le Gren, un voilier de commerce norvégien qui vit ses derniers voyages. Menacé de mort par un camarade pour une histoire de dette, il profite d'une escale sur l'Archipel, territoire isolé de l'Atlantique nord, pour trouver refuge à terre. Alors que la torpeur l'emporte peu à peu sur l'inquiétude, Grigori traverse des paysages peuplés de moutons et de vent, et découvre la vie des insulaires. Parmi eux, Alda, qui cherche des œufs d'oiseaux sauvages dans les falaises et ne rêve que de partir, et les instituteurs Jon et Halle qui, derrière leurs sourires, semblent dissimuler un secret. D'autres aussi, venus de loin et que l'Archipel réunit : un voyageur du Gren dont la mémoire vacille, des chasseurs de baleines éméchés, une riche botaniste...
Marion Lejeune a bâti un monde au sein duquel des individus en perpétuel mouvement rêvent d'un point fixe tandis que d'autres contemplent avec avidité l'horizon. Dans une langue envoûtante, elle met en scène les relations tumultueuses entre les êtres humains et la nature.
L'escale est on premier roman. Il a pourtant l'étoffe d'un classique.

De (auteur) : Marion Lejeune

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Expérience de lecture

Avis Babelio

cldnlefranc

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

J'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai lu d'une traite et qui m'a fait parfois penser à des auteurs nordiques comme Jon Kalman stefenson Ici le voyage est immobile et l'exploration est tout autant géographique qu'intérieure. Nulle part il n'y a de mentions explicites du lieu ni du temps, mais malgré cette imprécision volontaire, on a une idée très claire de l'archipel et de l'époque. Grigori, le héros principal, est jeune, russe, et gabier c'est-à-dire qu'il s'occupe des voiles sur un navire de commerce dans l'Atlantique Nord. Son bateau est venu depuis le port de Bergen en Norvège livrer des marchandises dans un minuscule port des îles Féroé. Le bateau et l'équipage sont censés rentrer en Norvège avec un chargement de poisson salé mais le chargement n'est pas prêt et le bateau est obligé de faire une escale, qui se prolonge indéfiniment. Grigori, à terre, s'isole du reste de l'équipage car il craint de se faire tuer par un de des compagnons marins à qui il doit de l'argent. Hors du bateau parmi le monde, a priori, il ne risque rien. Grégory est russe, sur le bateau il a rencontré un personnage un peu énigmatique rentré sur l'île pour y mourir, russe également, qui l'amène chez un couple d' instituteurs qui va l'héberger. Grégory au départ trompe son ennui en observant tout autour de lui et en partant à la découverte de l'île et de ses habitants. Au fil du temps, des rencontres et des expériences, on sent que Grigori s'attache à ce petit bout d'île et aux gens, à cette vie rude. Ce tout jeune marin est un homme solitaire, renfermé,méfiant qui n'a connu que des bateaux et des escales sans lendemain, qui ne revient jamais sur ses pas, ne possède qu'un sac, sans liens et sans racines. Or on sent qu'il pourrait trouver sa place parmi ces gens et sur cette terre. les personnages de rencontre sont intéressants, Alda, l'alter ego de Grigori, qui elle ne rêve que de quitter l'île alors que lui pourrait bien s'enraciner. Les russes flottants et surtout Vassili, sorte de double vieilli et bavard de Grigori. On voyage dans ce bout du monde et dans le temps ( au début du 20e siècle peut être, les bateaux sont à voile ou en fer et les jupes sont longues) dans la vie politique un peu, car le couple instituteurs qui héberge Grégory est un couple instruit et éclairé qui enseigne et défend clandestinement la vieille langue contre la langue danoise officielle. L'île est petite mais le récit ne nous ennuie jamais, on imagine paysages, climat rude et îliens. On voit la terre, les moutons, on entend les oiseaux dans les falaises, on sent la brume omniprésente ,la pluie, le vent, les tempêtes et puis l'arrivée du printemps et de la lumière qui annonce l'évolution du héros. La relation de Grigory à l'escale change au fil du temps. Au début, il s'ennuie la mer lui manque, il traîne sur l'île, il tient les autres à distance. Les Féroéns restent entre eux et ils parlent entre eux une langue qu'il ne comprend pas Mais un jour un vent de folie souffle sur le village, c'est le grind, chasse traditionnelle à la baleine où Grigori est entraîné, puis la fête qui s'ensuit où il chante danse et se saoule avec les autres. Comme une intronisation dans cette communauté. A partir de là, et parallèlement c'est l'été, les longs jours et la lumière, il commence à s'intégrer à cette communauté. Restera t'il sur l'île, deviendra t-il un autre des russes flottants, ce n'est pas dit explicitement mais cela semble un possible. C'est à mon goût un bon roman, une écriture très évocatrice qui de paysages en personnages nous fait voyager.

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magalibertrand

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Là-bas, tout là-bas, sur une poignée de cailloux jetée entre Norvège et Dannemark, le bateau sur lequel Grigori est gabier a fait escale, juste à temps pour lui permettre d’échapper à un huis clos qui aurait pu lui être fatale. Juste le temps de décharger un stock de bois sur cette île dépourvue de forêt. Suffisamment longtemps pour que soit prête, enfin, la prochaine cargaison à faire traverser, vers d’autres terres, le souffle du vent, la puissance de la houle. L’escale, c’est le temps qui s’arrête, c’est voir que l’on est étranger dans tous les regards qui vous traversent, c’est sentir, parfois, son cœur qui bat plus fort, mais savoir que s’attacher n’a aucun sens. L’escale, c’est une parenthèse ouverte sur d’autres rituels, d’autres secrets et d’autres mots, la tentation, qui sait, de se croire arrivé pour de bon. L’escale, c’est surtout le premier roman très prometteur de Marion Lejeune, publié dans une maison qui n’a jamais si bien porté son nom, Le Bruit du Monde. Un texte dense comme la laine des moutons de là-bas, mais presque taiseux, ramassé, tenu dans une grande sobriété toute protestante où la joie reste mesurée, le plaisir pondéré et la solidarité évidente et chaleureuse. C’est un roman tout jeune qui appelle au respect comme un récit vénérable, avec sa langue juste et son style sobre qui sait si bien décrire les hommes, leur terre, leur langue, mais aussi Alda et le grand vent, Alda et la mer qui appelle, Alda qui fixe son cap les yeux grands ouverts. L’escale est un voyage qui se mérite, se laisse gagner peu à peu et finit par offrir, comme un bouquet de ces terres lointaines, les plus belles nuances d’émotions.

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gromit33

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

68premièresfois 2025. Je continue mes découvertes de la sélection 2025 de notre aventure 68premières fois et me revoilà embarquée avec le monde de la mer, après lu et apprécié "en ile" de Karine Parquet. Et son personnage principal pourrait être celui de "l'escale". Je viens de recevoir "Kintsugi" de Isabel Gutierrez, texte qui se passe aussi sur un bateau (!!) puis je vais lire "conque" de Perrine Tripier., et les sirènes de Fabrice Melquiot... Une thématique de la mer dans cette sélection 2025 ?? Grigori, jeune marin sur un voilier de commerce est en escale contrainte sur l'Archipel, un territoire loin de tout de l'Atlantique Nord. Il est hébergé, grâce un étrange voyageur du voilier (qui s'installe dans sa chambre avec une malle de livres), par un couple d'instituteurs, Jon et Halle. Il va découvrir cette île, cet archipel et les différents membres de cette communauté. L'auteure décrit très bien la nature hostile de ces lieux, il y a des pages impressionnantes de collecte d'œufs avec la mystérieuse Alda, qui ne rêve que de partir vers d'autres horizons ou lorsque retentit le fameux cri, le grind pour la chasse à la baleine. L'auteure parle très bien de la faune de ces îles, de l'âpreté des climats, des animaux (d'étranges combats de rats sur le bateau, le vol des œufs des oiseaux et cette pêche-chasse à la baleine). Elle dresse aussi le portrait de personnages intrigants, inquiétants, touchants, mystérieux. Ce texte n'est pas daté mais il y a quelques références historiques comme cette envie et revendication indépendantiste. J'ai apprécié être sur ces îles et dans la même maison d'édition, j'ai apprécié la lecture de "le cimetière de la mer" et "les héritiers de l'Arctique", qui parlent aussi de cet Atlantique Nord et le monde des navigateurs.

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hcdahlem

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

La nouvelle vie de Grigori#8232; Entre récit de voyage et quête intérieure, Marion Lejeune nous offre un premier roman très réussi. On y suit Grigori sur une île du Grand-Nord. Dans cette nature âpre, il va faire des rencontres qui vont le transformer. Lorsque Grigori accoste sur une petite île perdue au large des côtes norvégiennes, il ignore encore que ce fragment de terre va bouleverser son existence. Les escales, il en a connu des dizaines : le temps de décharger une cargaison, d’en embarquer une autre, et de reprendre le large, souvent dans l’urgence. Mais cette fois, le Gren, son voilier de commerce, reste étrangement à quai, immobilisé pour une durée indéterminée. Pour Grigori, qui fuit une dette et la menace d’un camarade d’équipage, cette pause forcée devient un refuge inattendu. Ce qui s’ouvre à lui sur cette île, ce n’est pas simplement un lieu : c’est une respiration. Une contrée de brumes, de falaises abruptes et de prairies où paissent des moutons, un bout du monde rythmé par le vol des oiseaux et le souffle du vent. C’est là qu’il croise Alda, une femme énigmatique et solitaire, qui vit de la récolte des œufs dans les nids accrochés aux rochers. Fasciné par sa détermination et son aura mystérieuse, il la suit dans ses escapades dangereuses, là où chaque geste est une danse avec la mort. « Ici, tout est fragile, tout peut basculer. Mais si tu veux comprendre, il faut écouter le vent », dit-elle, et Grigori, pour la première fois, semble prêt à entendre. Mais son adaptation n’est pas aisée : « Peut-être qu'après avoir navigué des années durant, il se livre à une conversion à la vie terrestre à coups de choses qui pèsent, nourriture et littérature. Mais de toute évidence, son ancre ne tient pas : il a le teint curieusement tourné comme si, après s'être amariné toute sa vie, il peinait à retrouver son équilibre. Il offre l’image d'un homme décentré, en oscillation constante, atteint d'un mal de terre carabiné. » Avec l’aide d’Alda et de Jon et Halle, un couple d'instituteurs bienveillants, il débute sa transformation intérieure. « Grigori comprend qu'il n’est pas là juste pour satisfaire la curiosité qu'il éprouve envers cette fille étrange, mais qu'elle a aussi pour lui des questions, une perplexité même, embusquée derrière cet attachement désarmant qu'elle lui voue depuis leur rencontre, sans crainte des qu'en-dira-t-on et sans aucun désir. » Avec L’Escale, Marion Lejeune offre un premier roman où l’écriture elle-même semble façonnée par les éléments. Inspirée par les paysages nordiques – on y retrouve l’ambiance des romans de Jón Kalman Stefánsson comme D’ailleurs les poissons n’ont pas de pieds ou À la mesure de l’univers – sa plume dessine des tableaux d’une intensité saisissante. La vie rude et simple des insulaires, où chaque geste est empreint de la lutte quotidienne contre une nature impitoyable, se traduit par des chasses à la baleine violentes et des combats de rats dans les cales des bateaux. Des tableaux saisissants qui immergent le lecteur dans ces falaises battues par les vents, dans ces prairies perlées de sel, dans ces nuits où la mer et le ciel se confondent… Chaque image vibre d’une sensualité contenue, où la contemplation devient une expérience immersive. Le lecteur, comme Grigori, est happé par ce territoire âpre et magnifique, où le temps se dilate, où l’attente devient une forme d’éveil. Mais sous cette surface presque immobile, des tensions se dessinent. L’île n’est pas un simple refuge, elle est aussi un théâtre d’affrontements silencieux et de désirs tus. Alda, hantée par des rêves d’ailleurs, Jon et Halle, qui semblent porter un secret, donnent à ce lieu une profondeur humaine, presque tragique. « Peut-on vraiment repartir indemne d’un endroit qui nous a obligé à nous regarder en face ? » se demande Grigori. Une question qui résonne tout au long du récit. Nourrie par des auteurs comme Nicolas Bouvier, Sylvain Tesson ou encore Joseph Conrad, Marion Lejeune inscrit L’Escale dans une tradition littéraire où le voyage n’est jamais simplement géographique, mais profondément existentiel. D’une grande sensibilité, elle redonne au voyage sa dimension contemplative et poétique, tout en explorant avec finesse les thèmes de l'altérité, de la quête d'identité et de la cohabitation entre l'homme et la nature. Une lecture à savourer comme un mets rare, qui laisse une empreinte durable dans l'imaginaire du lecteur. NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Français
  • EAN
    9782386010033
  • Collection ou Série
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    288
  • Dimensions
    208 x 145 mm

L'auteur

Marion Lejeune

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21,00 € Grand format 288 pages