Les héritiers de l'Arctique : Le livre de Aslak Nore

Un page turner efficace : une plongée dans des rivalités familiales autour d'une succession colossale sur fond d'enjeux géopolitiques. Quelques lourdeurs dans la rédaction où le déroulé de certaines actions manque parfois de logique et l'auteur semble vouloir gagner du temps : un gros bémol dans ma lecture (et ça m'énervait dès que je tombais sur un passage mal construit).

Le moins que l’on puisse dire , c’est que cet ouvrage est dense. Par sa plume ornée de noms scandinaves, par sa problématique géopolitique, et par la dynastie Falck, famille puissante aux sombres secrets. Il y a eu pour ma part trop de temps entre la lecture du « Cimetière de la Mer » et celle des « Héritiers de l’Arctique » et j’ai eu besoin de pas mal de concentration pour me réapproprier les personnages et leur place dans la narration. Malgré le fait que l’auteur les replace régulièrement. Question édition j’ai été gênée que l’arbre généalogique se situe en fin de roman, car j’aurais eu besoin de m’y référer , avant que je découvre qu’il existe . Tout cela a rendu le premier tiers de ma lecture un peu laborieux. Passé cela , une fois plongée dans l’intrigue , je n’ai pu qu’apprécier le prodigieux travail millimétré de l’auteur, mêlant fiction, histoire et géopolitique contemporaine .

Nous retrouvons la famille Falck, toujours aussi puissante au sein de la société norvégienne. Elle se débat encore avec les répercutions du testament de Véra que la voilà plongée dans une autre affaire d’héritage. Connie Knarvick, cousine éloignée franchement oubliée, décide de vendre une propriété minière qu’elle possède au Svalbard en échange d’actions dans la fondation SAGA. Or, l’élection du nouveau dirigeant de SAGA doit avoir lieu dans peu de temps, et les voix de Connie pourrait peser dans la balance… Mais cela n’est pas le seul enjeu. Les Russes s’intéressent de très près au Svalbard et cette vente a donc aussi un enjeu diplomatique. D’autant qu’un colonel russe vient de mourir empoisonné tout en ayant eu le temps de révéler qu’un espion sévissait au sein de SAGA. Ayant vraiment apprécié « Le cimetière de la mer », j’ai lu avec beaucoup de plaisir « Les héritiers de l’Arctique ». Nous retrouvons les mêmes personnages, avec quelques changements de fortune évoqués dans la fin du premier roman. Hans se retrouve à la tête de SAGA en attendant les élections d’un nouveau PDG, et s’installe dans la maison historique de la famille. Sasha, qui n’a plus aucune responsabilité, enrage et va tout faire pour reprendre ce qu’elle estime être à elle. L’apparition de Connie, cette cousine oubliée, va rebattre les cartes et mettre au grand jour de nouveaux secrets, et donc de nouvelles alliances… Si cette histoire familiale est captivante, elle est intimement liée à un contexte diplomatique sulfureux. Géographiquement parlant, la Norvège et la Russie sont très proches, via l’Arctique. C’est précisément là que sont les enjeux aussi bien économiques que stratégiques. Clairement, chacun attend la fonte des glaces pour mettre la main sur une liaison maritime vers l’Asie, et la position du Svalbard attire les convoitises. A partir de là, espions et diplomatie entament un duel qui dépasse les Falk. C’est parfois compliqué à suivre, mais pour finir, je suis restée épatée par l’imagination de l’auteur (qui se base tout de même sur quelques vérités…). Entre roman familial et récit d’espionnage, « Les héritiers de l’Arctique » est une lecture passionnante, pleine de suspense et de rebondissements. Pas de temps mort et beaucoup de révélations, voilà un cocktail qui m’a bien plu. D’ailleurs, je vais me renseigner sur le dernier ouvrage d’Aslak Norë ; il pourrait faire partie de mes prochaines lectures.

C’est qu’il s’en passe des choses, dans cette région, et notamment sur l’archipel du Svalbard, le territoire le plus septentrional de la Norvège, à la frontière avec la confédération de Russie. Outre les intérêts miniers, la région devient fort intéressante puisqu’elle permet, à moyen terme et du fait du réchauffement climatique, l’ouverture de nouvelles routes maritimes. Voilà qui tombe bien pour les Falck (voir : « Le Cimetière de la mer »), puisqu’ils possèdent une grande partie de ce territoire. Cependant, les relations ne sont pas au beau fixe chez les gestionnaires de la fondation « SAGA », qui, sous prétexte de conserver la mémoire du pays, développe certaines activités moins facilement avouables. Outre le contentieux qui perdure entre les Falk d’Oslo (conduits par Alexandra, dite Sasha) et ceux de Bergen (sous la tutelle de Hans), une clause du testament apocryphe de Vera, la matriarche mise sur la touche, et la révélation d’un secret de famille, va rompre l’équilibre précaire qui permettait à Olav de mener tout son petit monde d’une main de fer. Enjeux géopolitiques, services secrets, espionnage, trahison, secrets de famille, sont les ingrédients parfaitement dosés de cette saga de l’Atlantique nord. L’auteur nous tient en haleine jusqu’à la dernière page et livre une belle réflexion sur les priorités entre liens familiaux, désir de pouvoir, et allégeance extérieure. Vivement la suite !