Bandini : Le livre de John Fante

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Bon et méchant, généreux et voleur, Arturo Bandini détruit d'une main ce qu'il construit de l'autre. Dans son roman de jeunesse devenu culte, Fante a versé toutes les frustrations de l'enfance. Et à l'instar de son père maçon, impuissant devant la rudesse de l'hiver qui l'empêche de travailler, le jeune Bandini assiste résigné à l'implosion du couple parental.

" Enfin, voilà un homme qui n'a pas peur de ses émotions. "
Charles Bukowski.

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent
Postface de Philippe Garnier

De (auteur) : John Fante
Traduit par : Brice Matthieussent

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Expérience de lecture

Avis Babelio

patloc

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

John FANTE BANDINI Collection 10/18 Publié en 1938 238 Pages D’emblée je vais vous le dire, pas de suspens, c’est un grand livre et un formidable auteur. Oui comme beaucoup, je connaissais John Fante de nom, peut-être davantage comme scénariste et dialoguiste de films des années 50, mais sans avoir vraiment eu le temps de découvrir son œuvre. Eh bien voilà une belle et émouvante rencontre. John Fante donc, fils d’Immigrants Italiens aux Etats-Unis, même s’il naît lui-même dans le Colorado, auteur maudit je ne sais pas, un peu quand même, auteur réaliste comme on peut l’écrire parfois, longtemps ignoré ou privé de succès, mais remarqué par Buk, le grand Charles Bukowski, vous savez celui des « Contes de la folie ordinaire », lui-même force de la littérature et qui a eu le bon goût de le remarquer, de l’aimer, et sortir de l’ombre celui qui n’avait jusqu’ici qu’un succès d’estime. Au point de devenir un auteur culte, mais comme souvent après sa mort. Étudié dans les universités, plusieurs thèses savantes lui seront consacrées. Fante est d’abord ce fils d’immigrants italiens et Bandini sera son personnage fétiche. Arturo Bandini c’est lui, l’un des trois fils de Maria la piété même, greffée à son rosaire, et de Svevo son père, le maçon nonchalant. Fante va se raconter à travers la vie d’Arturo et celle de ses parents. La vie pauvre, précaire, d’une famille d’immigrants italiens, avec ses deux frères Federico et August. On est en plein hiver, la neige et le froid glacent la petite ville de Rocklin dans le Colorado. Svevo le père ne peut pas travailler, tailler les pierres, poser les briques. Alors il va errer entre la boisson, le jeu, et l’adultère, même si celui-ci n’est jamais vraiment affiché. Maria fait vivre la famille avec des bouts de chandelle et surtout des crédits chez l’épicier, dont la note ne cesse d’enfler. C’est tout l’art de Fante de camper des personnages ordinaires mais si attachants parce que pleins de défauts, humains avec toutes les facettes contrastées de l’être humain, leurs doutes, leurs failles, leurs tromperies, leurs émois et leurs premiers désirs, leurs premières amours, leurs échecs permanents, leur dépression, presque leur noyade pour Maria. Si Arturo, 14 ans, est bien le personnage central, pas forcément le plus sympathique, tous ceux qui gravitent autour de la famille, la riche veuve Hildegarde, Rocco le pote de jeu et de boissons de Svevo qui va finir par le jalouser, mais aussi Donna la pléthorique grand-mère, Rosa l’amour fantasmé de Arturo, mais aussi Helmer le putain de banquier, Sœur Célia l’instit sadique à l’œil de verre, mais encore l’épicier Craik qui compte ses pièces , jusqu’aux poules , au coq et à l’imprévisible chien Jumbo. Et d’autres encore, souvent cruels, parce que ce monde où la pauvreté, la dèche côtoyent la richesse de province est la trame de l’histoire. C’est difficile de parler de roman, tant le réalisme est présent à chaque page. Il y a une musique dans ce livre, une sorte de prose chantée. On parle d’une époque qui résonne en nous mais qui a quasiment disparu, pas la pauvreté bien sûr parce qu’elle est aujourd’hui accompagnée par des aides qui ne sont là juste pour qu’elle ne disparaisse pas, c’est si utile la pauvreté pour les riches, la vraie pauvreté, où on a faim, froid et peur. Et donc où l’on se soumet. Où on ne se projette pas dans l’avenir parce que le mot, on ne l’imagine même pas. Les jeux d’enfants ont de tout temps été souvent cruels, les enfants canalisaient des frustrations innées en infligeant des sévices aux poules ou aux rats qu’ils crucifiaient. C’est pas mieux aujourd’hui. C’est un livre sur les lignes de failles de l’être humain, brisé, cassé avant d’avoir grandi, avant d’avoir vécu, sur l’ambiguïté permanente parce qu’on ne sait jamais de quel côté la pièce va tomber. J’ai été touché par ce style d’écriture, abrupte, que j’affectionne tant, très incarnée, où il n’y a pas de gras superflu pour donner du goût à l’histoire, avec des portraits sur des êtres toujours sur le fil du rasoir, pétris d’ambiguïté, j’ai envie de dire que ce récit est plus un ouvrage qu’un livre, ouvrage au sens d’ouvragé, d’ouvrier, du mot latin, « operari » qui veut dire fait avec les mains. Le texte est brut et brutal, comme la cheminée que restaure Bandini et comme la vengeance de Maria sur son mari. Ce livre est une brique littéraire qu’on a envie de lancer à la face des puissants, on veut en savoir plus, connaître ce que Arturo va devenir dans la vie, va-t-il s’en sortir ? Et donc pressé de lire la suite. Ça se lit vite. Ça ne s’oublie pas. Bandini, John Fante ? Bonne pioche !

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782264033000
  • Collection ou Série
    Littérature étrangère
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    272
  • Dimensions
    180 x 110 mm

L'auteur

John Fante

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7,80 € Poche 272 pages