Bel-Ami : Le livre de Guy de Maupassant

Numérique

12-21

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Le monde est une mascarade où le succès va de préférence aux crapules. La réussite, les honneurs, les femmes et le pouvoir : le monde n'a guère changé. On rencontre toujours ? moins les moustaches ? dans les salles de rédaction ou ailleurs, de ces jeunes aventuriers de l'arrivisme et du sexe.

Comme Flaubert, mais en riant, Maupassant disait de son personnage, l'odieux Duroy : " Bel-Ami, c'est moi." Et pour le cynisme, la fureur sensuelle, l'athéisme, la peur de la mort, ils se ressemblaient assez. Mais Bel-Ami ne savait pas écrire, et devenait l'amant et le négrier d'une femme talentueuse et brillante. Maupassant, lui, était un immense écrivain. Universel, déjà, mais par son réalisme, ses obsessions et ses névroses, encore vivant aujourd'hui.

De (auteur) : Guy de Maupassant
Préface de : Murielle Szac

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Expérience de lecture

Avis Babelio

adohnipro

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 semaine

Dans Bel Ami, la presse n'est pas un contre pouvoir. C'est le bras armé du capital et de la politique. Hier comme aujourd'hui, rien de nouveau sous le soleil. Parler de ce livre maintenant, n'est pas un hasard. Sa lecture me semble indispensable après l'assassinat, par Israel, de presque les derniers journalistes Palestiniens présents à Gaza. Asseyez-vous confortablement et découvrons ensemble ce livre qui résonne cruellement avec l'actualité. Dans Bel Ami, Georges Duroy est un héros pragmatique et sans scrupules. Issu d'un milieu modeste, il connaît le sentiment de marginalité sociale et d'exclusion. Sa frustration nourrit ainsi son désir de monter dans la société. Dès les premières rencontres dans le monde parisien, il réalise que la morale ne le fera pas réussir. Rapide et presque mécanique, il s'adapte à ce système qu'il perçoit comme cruel et sans pitié. Dans ce Paris dominé par l'argent et les faux semblants, il faut séduire, manipuler et s'adapter sans concession. C'est ainsi que notre héros prend l'ascenseur social et monte les échelons au sein du média La Vie Française. Cet organe de presse pris aux mains d'intérêts privés où l'information y est façonnée pour servir les ambitions et les alliances des propriétaires. Pourtant, dès le début, nous sommes frappés par sa médiocrité et son incapacité à produire ne serait-ce qu'un article. Maupassant, lui-même issu de ce milieu, nous dépeint un héro loin d'être moralement tourmenté par un quelconque dilemme moral et une presse où l'intégrité et le talent sont remplacés par la servilité et la vérité par le sensationnalisme. L'auteur ne porte aucun jugement explicite sur son héros mais crée une distance narrative qui empêche le lecteur de s'identifier à lui. Ce choix délibéré invite chacun à se positionner face à ce personnage et à réfléchir sur les mécanismes sociaux qu'il incarne. Si Duroy s'est autant enfoncé dans l'opportunisme et l'arrivisme, c'est peut être à cause de l'absence de modèle moral fort dans son entourage. En effet, peu montrent l'exemple d'une réussite possible sans compromis. Heureusement pour nous, ces modèles existent bel et bien dans la vraie vie. Maupassant a lui-même décidé de s'éloigner progressivement et de dénoncer ce système. Et aujourd’hui ? Quel est le prix de la vérité et de l’intégrité ? Nous l’avons vu, en direct, sur nos écrans : des journalistes palestiniens assassinés pour avoir choisi de dire la vérité. Mais quels noms retiendra l’Histoire ? Que veut dire réussir aujourd'hui ? Et que restera-t-il de chacun, si tant est que l’Histoire elle-même ne soit pas réécrite ? Si en lisant ma critique vous ressentez une impression de déjà-vu… ne tardez pas : lisez ce livre

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rosytta

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 semaine

L'histoire de l'ascension sociale de Georges Duroy, fils de paysan débarqué à Paris. Malgré son ignorance du monde et du journalisme, avec l'aide de ses différentes maîtresse il va gravir les échelons. Relecture de ce grand classique de la littérature française, j'avoue que mon impression reste la même qu'au lycée, Georges est un fin stratège qui part son charisme, son élégance réussit à faire flancher les femmes qui l'entoure ainsi que leur mari. Un roman très bien écrit, la plume de Maupassant reste extrêmement agréable mais je trouve que cette histoire est trop longue, peu de suspens et de rebondissement pour finalement suivre le parcours d'un homme qui ne pense qu'à lui. A noter que j'ai adoré le décor de ce Paris du 19e siècle.

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jage

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 semaine

Bel-Ami trafique et manipule les femmes pour manipuler les influences et sa place dans le monde. Plusieurs femmes accompagnent son développement : Madeleine Forestier (intelligente, éducatrice, c’est elle qui l’élève dans le monde), Clotilde de Marelle (sa maîtresse et connaisseuse de ce monde bourgeois), Laurine sa fille (qui lui crée son surnom et le légitimite alors), Mme Walter (la victime, sacrifiée, humiliée), et enfin sa dernière femme Suzanne Walter (l’oie blanche qui le sacre). Sacrée satire de la bourgeoisie de l’époque. Moins naïve que Balzac avec ses Illusions perdues, car Bel-Ami est une consécration de l’homme et on le quitte au début de son apogée.

lisadjr_

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 semaine

Geo, Georges Duroy, Georges du Roy, Georges du Roy de Cantel... Bel-Ami... Comment te nomme-t-on ? Après ses nombreuses nouvelles, Maupassant propose un roman écrit dans leur style : celui qui se lit net, tant les phrases sont claires et les actions rapides. Si certains lui reprochent cette facilité d'écriture qu'un Hugo ou qu'un Balzac n'auraient pas eue, il reste que l'auteur de Bel-Ami a eu une habileté scientifique à décrire et construire un roman de la réalité, un roman naturaliste tiré de la force d'Emile Zola. Les environnements urbains comme provinciaux, bourgeois comme prolétaires, et les personnages féminins comme masculins sont décrits d'une telle manière qu'à la lecture, c'est une étude sociale, une impression picturale, une immersion dans le XIXe siècle. Le lecteur n'est jamais perdu : il participe à l'action des protagonistes, il voit tout, entend tout et pourtant - grâce au narrateur - juge par lui-même les faits et les méfaits. Par ailleurs, Maupassant connaît fort bien la question du Maghreb, et son roman ne se refuse pas la réponse. L'auteur a voyagé en Algérie et a publié de nombreux articles à ce sujet dans la presse ou encore s'est affairé d'une affaire tunisienne de 1881, qu'il a suivie rigoureusement, développant dans un nouvel article les méandres de l'aventure colonialiste... Il critique, de même part, vigoureusement la Ille République en Afrique du Nord. Ceci-dit, Maupassant présente dans Bel-Ami le soupir des journaux, devenus de simples instruments au service des politiques et des financiers, pour asseoir leur pouvoir et manipuler l'opinion. Les allusions à certains personnages ont fait jaser la presse de l'époque, tant certains étaient finement dessinés. Autant dire que ce style, paraît-il simpliste, en réalité grave de lourds sujets qui portent l'auteur personnellement : un choix éclairé puisqu'il encourage le lecteur à prendre part à la discussion qui s'ouvre. Maupassant, qui à cette folie des rues parisiennes, trouvent le moyen de décrire à la fois sa réalité mais aussi l'avenir funeste qui l'attend. Duroy est un Maupassant, un eros lumineux qui implose, un thanatos en puissance... Le pessimisme de Maupassant à l'égard du quatrième pouvoir s'exprime à travers la réussite éclatante de Duroy. L'auteur le détruit de l'intérieur : il le montre moqueur, manipulateur, insultant, avare, orgueilleux, menteur, etc. Le personnage principal connaît une ascension sociale vertigineuse. Pourtant, ce n'est pas celle d'un grimpeur des Alpes glacées où le paysage y est agréable, mais celle d'un colossal tas de fumier, d'un puits boueux et puant, d'une abysse humaine : cela exige davantage de souffle, d'application, de persévérance à s'en sortir ; en somme, de technique. À la différence d'Eugène de Rastignac chez Balzac, dont le cynisme est le prix des candeurs flouées, Bel-Ami n'a, lui, jamais eu d'illusions - car pour perdre ses illusions, encore faut-il en avoir. Son ascension n'est pas le fruit d'un idéal trahi, mais celui du hasard de ses déambulations, qu'il transforme en stratégie. C'est là toute sa technique, et c'est en cela qu'il ressort vainqueur. Georges n'apparaît pas comme immaculé. Il est saisi à vif par le narrateur, embarqué dans le train d'une énième errance parisienne, perdu dans un labyrinthe de mondes, dans les artères des rues pleines de cabarets. Ce qui frappe, c'est que le lecteur quitte le personnage à la dernière page comme il l'a rencontré à la première : à vif. Il assiste à la formation d'un être dans la vie mondaine qu'il avait fantasmée : il a chuchoté au sol pour que le Ciel l'entende monter. Il s'agit d'une métamorphose du moi pour Georges Duroy. Bel-Ami est un prosélyte des bourgeois, des journalistes, des politiques, mais surtout un guignol des femmes : sa moustache est le motif récurrent de son charme jusqu'à une érotisation de celle-ci - on l'embrasse, on l'enroule entre les doigts, on l'admire, on la touche, on la remarque. Il la porte comme il porte son orgueil, son triomphe, sa réputation savamment construite. Il est dans le monde comme dans un état d'enfance que la douceur féminine poursuit - mais qui se rompt par la brutalité politique, dès le début. Il ne connaît qu'une transformation sociale et politique qui le gonfle jusqu'à l'explosion : coléreux contre ses confrères, violent contre ses amantes. Georges Duroy ne serait pas Bel-Ami sans les femmes qui l'ont accompagné, et Maupassant possède ce don rare de peindre des portraits féminins d'une grande variété, si riches et contrastés qu'il serait impossible de ne pas les évoquer. Madame Forestier, Madame de Marelle et Madame Walter sont les femmes les plus marquantes, chacunes lui ont appris/ transmis/ donner. Si l'ascension de Duroy fut ardue, elle le fut moins grâce au soutien qu'elles ont représenté pour lui. Il a toujours une tension entre le mariage et l'amour qui provoquera des douleurs à chacuns, mais l'aisance de Maupassant dans ses personnages lui permet de ne pas être redondant. Tous ont une perception différente et un avenir constraté des autres. C'est un roman magnifiquement sinistre qui se lit d'un seul coup tant l'écriture et les aventures sont bonnes. Un roman critique de la colonisation en Algérie-Tunisie-Maroc et du quatrième pouvoir habilement écrit. Deuxième partie, chapitre X, Mme de Marelle à Bel-Ami : « Tu trompes tout le monde, tu exploites tout le monde, tu prends du plaisir et de l'argent partout, et tu veux que je te traite en honnête homme ? »

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782266225205
  • Collection ou Série
  • Format
    Livre numérique
  • DRM
    Filigrame numérique

L'auteur

Guy de Maupassant

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2,99 € Numérique 302 pages