Bel-Ami : Le livre de Guy de Maupassant

[masquer]Wahou. Quel beau portrait d'ordure...il n y a rien à sauver chez ce Bel ami. Rien. Sujet actuel... malheureusement intemporel. Dès le début (à quelques exceptions près), le personnage est détestable, et ca ne va que crescendo. Le "parvenu" arrivé en écrasant tout le monde, ça a beaucoup été écrit, surtout au 19e, mais ce manque d'originalité n empeche pas que l ecriture est belle et nous envoûte. Par contre, c'est déprimant. "Courant litteraire réaliste"... tu m'etonnes, comme dirait l'autre. (Naturaliste aussi, me dit-on dans l'oreillette). J avais lu "Une vie" au lycée et j'avais deja trouvé ça... pas très joyeux, pour rester polie. Ici c'est magnifique, magnifiquement écrit, mais disons que ça n'aide pas à avoir foi en l'etre humain. Que de bassesse et hypocrisie humaine. On parle beaucoup d'amour dans ce livre, mais il n y a aucun amour, aucun. Ce n est que desir et ambition. Passion, a la limite. Et je ne suis pas de celle qui pensent que la passion est forcément négative. Je pense qu'il peut y avoir passion ET amour. Mais ici, il n y a que passion. Destructrice, autodestructrice. J'ai quand même trouvé ce livre plutôt féministe pour son siècle: Mme Forestier prévient bien qu elle refuse d etre une épouse soumise, la description de la mère du "héros" (qui ne merite pas ce terme) indique bien qu elle se tape presque tout le boulot pendant que papa s amuse avec ses potes. Je ne pense pas que la violence qui s exerce sur Mme de Marelles à la fin est glorifiée, mais ca montre bien que parfois malgré cela certaines femmes battues pardonnent, reviennent, ce qui n'est en aucun cas un jugement, mais un simple fait. Il y a des phrases du genre "les femmes ceci cela" mais il ya les mêmes sur les hommes. On montre bien que derrière articles et discours de génie, ce sont souvent des femmes qui soufflent les mots et les solutions Le racisme et l antisémitisme des personnages est présent, mais j'ai l'impression (peut être à tort) que c'était pour le dénoncer et les ridiculiser. Bien d'autres choses à dire, mais on va s'arrêter là. [/masquer]

J'ai toujours eu envie de lire Maupassant car c'est un classique que je ne connaissait pas. Et quelle bonne idée! J'ai adoré ce livre. D'abord séduit par le personnage, j'ai appris à détester celui-ci au fur et à mesure du déroulement de l'histoire. Quel mécanisme machiavélique que ce récit qui nous séduit, nous énerve, nous fait haïr le personnage, nous révolte et pour finir nous emmène jusque dans j'ignominie jubilatoire de l'ambition. Je dois avouer que ce roman m'a bien fait vibrer. Jamais un classique ne m'a semblé si actuel et pourtant on est bien dans l'ambiance de la troisième république. Vraiment magistral.

Georges Duroy, dit Bel-Ami, est un séducteur dans l’âme. Pratiquement fauché et errant dans les rues de Paris, il recroise Forestier, un ami qui va lui permettre de s’élever dans la société. Comment ? En l’embauchant en tant que journaliste à la Vie française. Avec un brin de malice et de charme, il parvient à camoufler son ignorance. De la presse à la politique, il n’y a qu’un pas et notre héros est prêt à tout pour le franchir. Ce roman est le récit de son ascension sociale – autrement dit de sa réussite grâce au journalisme et aux femmes. Bel-Ami est la preuve qu’avec de l’ambition, on arrive à tout. Fils de paysans de la campagne normande, ce jeune homme excelle dans la manipulation. Il fomente des plans pour conquérir des femmes et lui assurer la réussite espérée. Évidemment, il ne les choisit pas au hasard. Elles ont toutes ce petit quelque chose qui les rend attirantes et disons-le franchement : utiles. Clothilde de Marelle est une petite bourgeoise bohème avec qui il partage complicité et informations sur la société parisienne. Madeleine Forestier possède une intelligence alerte, c’est une femme libre et une associée redoutable. Virginie Walter est terriblement influente dans son métier. Quant à Suzanne, c’est une frêle poupée de luxe qu’il séduit stratégiquement afin de devenir l’une des plus grosses fortunes parisiennes. Ce roman a été mal accueilli à sa sortie, tant il décrit de manière virulente le Paris des années 1870-1880. Scandales et corruption politique semblent décrire cette société du XIXe. Il y est beaucoup question d’argent, d’ambition et de faux semblants. Finalement, Maupassant avouera que Bel-Ami c’est lui, celui qui souhaite tout convoiter sans jouir de rien. Et pourtant, plus d’une fois au cours du récit, il se pose des questions existentielles et bouleversantes. Il est fripon, amoral mais ô combien opportuniste et malin. On se rend compte que le monde qu’il côtoie peut sembler irrité par ses manœuvres mais il est finalement assez semblable. S’il est vrai que je n’aimerais jamais croiser un Bel-Ami être dans la vraie vie – personne ne peut appeler ça un ami !- j’ai bien aimé ce personnage qui parvient à ses fins avec tellement d’habileté. Il m’a un peu fait penser à Eugène Rougon qui est lui doué pour les discours quand Bel-Ami l’est pour les récits. Un chef d’œuvre à découvrir !

[masquer]Assez Drôle, intemporel quoique un peu léger à mon goût… un incontournable qui s’oublie pourtant bien vite… Deux points marquants selon moi : * ce bel ami est à l’exemple de Julien Sorel, un sale opportuniste qui n’hésite pas à agresser des dames (La conquête de Madame Walter est très clairement une agression ) *L’idée omniprésente du déclin, de la mort. Guy de Maupassant nous esquisse les failles d’une société arriviste, cruelle ou seuls l’argent et le pouvoir constituent des instruments de survie ( une sorte de contre pouvoir face à l’industrialisation grandissante) Le tableau de la déchéance humaine, le tableau d’un pervers narcissique [/masquer]