Beloved : Le livre de Toni Morrison

J'ai découvert cette autrice nord américaine par ce livre qui m'a vraiment bluffé dans sa narration, sa construction et sa finesse des sentiments...même si parfois j'étais un peu perdue entre rêve et réalité, la vie des esclaves (affranchis aussi) narrée dans l'écriture d'une femme noire est passionnante

This book is... I don't have the right words... Powerful, human, so beautifully written. Heartbreaking. Perfect.

Lorsque j’aborde un livre qui a une grande réputation, mes attentes augmentent en conséquence. Dans ce cas-ci elles ont été comblées par certains côtés, mais d’autres aspects m’ont agacé. Ce témoignage, de l’intérieur, par ceux et celles qui en ont été les victimes, sur l’esclavage aux États-Unis est fort, révélateur, dérangeant, pénible à digérer d’autant plus qu’on sait très bien qu’il est véridique. On se demande par quelles contorsions l’esprit humain arrive à de tels sommets de cruauté en toute bonne conscience, appuyée en cela autant par la structure sociale que par des intérêts politiques et économiques.. Pourtant, ce livre n’est pas un plaidoyer#8201;; ce serait inutile, car les faits parlent par eux-mêmes#8201;! La forme n’est pas aisée. Il y a peu de repères temporels, les souvenirs, rêves et hallucinations se côtoient et s’emmêlent parfois, les évènements sont présentés pêle-mêle, des personnages surgissent à l’improviste. Il y a aussi cet aspect de réalisme magique qui pimente le récit et tempère quelque peu la dureté des souvenirs des narrateurs. L’écriture est juste, précise, sensible. Les thèmes abondent dans ce texte et portent à réflexion. En somme, un livre dur, pas facile d’accès, mais par ailleurs incontournable et mémorable.

Je viens de refermer "Beloved" de Toni Morrison. Le choc est total. Ce n'est pas une lecture, c'est une épreuve. Un roman bouleversant, violent, poignant. Une vérité qui vous lacère l'âme et vous fait monter les larmes. Ce livre est un incontournable absolu. Toni Morrison ne raconte pas seulement l'esclavage, elle le fait revivre dans la psyché de ses personnages. L'horreur est là, omniprésente, mais elle n'est jamais frontale. Elle est suggérée, ressentie. Ses mots sont bruts, oui, mais ils sont aussi incroyablement imagés et poétiques. J'ai adoré cette façon d'écrire. Elle oblige à ressentir plutôt qu'à simplement contempler. La construction du roman est déconstruite. C'est le coup de génie de Morrison. Elle rejette le récit linéaire pour épouser la logique du souvenir brisé. Au début, cela demande une "gymnastique". On passe d'un événement à l'autre, d'un personnage à l'autre, sans transition claire. Mais c'est ainsi que le trauma fonctionne : les faits sont distillés au fur et à mesure, comme les réminiscences douloureuses. C'est le seul moyen de restituer l'âme brisée par l'esclavage. La peine, la folie et la colère de Sethe sont palpables à chaque page. "Beloved" est hanté, littéralement, par le fantôme de l'enfant de Sethe. Ce fantôme est l'allégorie de l'indicible trauma de l'histoire. Le passé refuse de disparaître ; il revient dans la chair pour dévorer le présent et la capacité d'aimer. C'est aussi une réflexion brutale sur la maternité sous l'esclavage – jusqu'où va l'amour d'une mère pour éviter la déshumanisation de ses enfants. Même si le roman "date", l'œuvre de Toni Morrison est d'une puissance qui traverse les décennies. Elle a su m'embarquer et me captiver malgré la difficulté. Une chose est sûre : je ne m'arrêterai pas là, et je compte bien collectionner ses romans. Je dis un grand NON à la censure de ce type d'œuvre essentielle ! C'est le genre de lecture vraie et brutale qui forge l'esprit et l'empathie. Lisez Toni Morrison.